Taylor Swift et la notification BeReal

BeReal accueille les marques et les people : la fin des posts moches et « authentiques » ?

Bien sûr que non, répondent les dirigeants. Permettez-nous de douter un peu. 

Les restes d’un déjeuner aux côtés d’un clavier d’ordinateur, un selfie par terrible à la salle de sport, un bout de plaid, de couette ou de plafond… Voilà grosso modo à quoi peut ressembler une session de scroll sur l'application BeReal : la vie banale et un peu moche de nous autres pauvres internautes. L’application qui se targue d’être authentique propose à ses 23 millions d’utilisateurs de poster chaque jour deux photos (l’une prise par la caméra principale, l’autre par la frontale) à une heure aléatoire. L’affaire doit être réglée en 2 minutes et aucun filtre beauté et autres effets n’est accessible. Bon, l’appli vous permet quand même de reprendre la photo ou de la publier plus tard, si vous jugez que votre activité du moment ne vaut pas le coup. Malgré tout, même si son côté brouillon n'est pas parfaitement authentique, il reste assez loin de l’esthétique fake d’Instagram ou survoltée de TikTok. Et c'était plutôt rafraîchissant. Mais BeReal, qui se vantait d’être garantie sans publicité, vient d’annoncer son ouverture aux marques et aux célébrités. 

Promis, les stars sont comme vous et moi

Les stars pouvaient déjà être sur BeReal, mais à partir du 6 février, leur entrée sur l’appli sera plus officielle. Leurs comptes seront vérifiés, comme cela est le cas sur Instagram ou TikTok notamment. Ils apparaîtront comme des “Real People” ou des “Real Brands”, précise Wired. Les utilisateurs « normaux » seront quant à eux invités à suivre ces comptes et devenir à ce titre des “Real fans”. Ils pourront taguer leurs personnalités préférées dans leurs posts, et espérer être republiée par ces comptes. Un petit peu comme… sur Instagram encore une fois. Au-delà de ces appellations, ces comptes spéciaux n’auront pas de privilèges particuliers. Eux-aussi recevront la notification « it’s time to Be Real » comme n’importe quel quidam. « Vous découvrirez ce que les plus grandes stars font de leurs vies au moment même où vous posterez », explique Romain Salzman, directeur des opérations de l’app, au média américain.

Cette homogénéité dans le traitement des comptes permettra à l’appli de conserver son caractère authentique et non prétentieux, estime-t-il. Et d’éviter que BeReal finisse par ressembler à X ou Instagram à savoir : un canal de diffusion produit par 1% de la population, et consommé par les 99 % d’autres. 

Synchroniser un lancement avec la notification BeReal, le début de la pub

Mais permettons-nous de douter. Les stories d’Instagram, qui était censée être de petits bouts de vie filmées à la va-vite, sont en fait très vite devenues des séquences bien réfléchies une fois que les marques et les influenceurs s’en sont emparés. Par ailleurs, l’arrivée des marques et des célébrités signent le potentiel développement d’un business model publicitaire sur BeReal. Ce que Romain Salzman n’a pas nié ni confirmé auprès de Wired

Lors de la sortie de l’album 1989 de Taylor Swift, l’appli a, comme par hasard, envoyé sa notification à l’exacte même heure que la sortie de l’album. « C’était magique parce que les Swifties se prenaient en photo en train de découvrir l’album (...) Bientôt les fans pourront taguer Taylor Swift dans ce genre de moment et être republié par son compte ». On pourrait imaginer que des partenariats de la sorte se produisent à l’avenir, permettant aux artistes et aux marques de synchroniser leurs lancements avec l’application.  

BeReal n’intéresse plus grand monde de toute façon 

Dans tous les cas, si BeReal devient un peu moins authentique, cela ne manquera pas à grand monde. L’engouement des débuts passé, BeReal a perdu de nombreux utilisateurs. En 2022, 21 % des 13-17 ans l’utilisaient aux États-Unis et l’appli avait été couronnée « app of the year » par Apple. Aujourd’hui, seulement 4 % de la Génération Z et 1 % de la population globale continuent de s’en servir selon les chiffres de Insider Intelligence. 

Marine Protais

À la rubrique "Tech à suivre" de L'ADN depuis 2019. J'écris sur notre rapport ambigu au numérique, les bizarreries produites par les intelligences artificielles et les biotechnologies.

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