La semaine dernière, L’ADN était partenaire du Siec, le Salon de l’Immobilier Commercial et du Retail. Au cœur de l’événement, Nicolas Rauber a créé le Siec’LAB. Interview.
Pouvez-vous vous présenter ?
Nicolas Rauber : Après avoir étudié au pôle Leonard de Vinci, j’ai fait plus de 10 ans en agences de communication. De Directeur Technique, je suis devenu Directeur Associé avant de terminer Directeur de l’Innovation chez Saatchi & Saatchi. J’ai monté très tôt des startups. Aujourd’hui, je m’intéresse plus aux processus d’innovation dans tous les secteurs, y compris l’immobilier commercial.
Vous avez mis en place le Siec’LAB. Pouvez-vous nous présenter cette initiative ?
N. R. : J’ai proposé au CNCC, qui organise le Siec, de mettre en place le 1er hackaton de l’immobilier commercial. L’année dernière, nous avions un format qui ne réunissait que les professionnels qui travaillaient directement sur le salon. Cette année a été différente : l’espace était divisé en 2. D’un côté, nous avons eu 4 startups qui proposaient leur offre aux acteurs du retail, et de l’autre des étudiants de l’IIM qui présentaient des projets pour répondre aux problématiques des centres commerciaux aujourd’hui. Comment faire venir, accueillir les visiteurs, amplifier la visibilité, fidéliser les clients, digitaliser le point de vente, simplifier l’acte d’achat, créer une expérience shopping, accueillir les enfants et les seniors ou visiter le centre commercial… Autant de questions auxquelles ont répondu les étudiants. Parmi tous les projets soumis, nous en avons sélectionné 8. Des experts ont aidé les élèves à concrétiser leurs idées avec des maquettes, des prototypes et des démonstrateurs. Nous voulions que les visiteurs soient interpellés. Et ça a vraiment été le cas : ils ont apprécié la démarche. L’année prochaine, nous aimerions faire évoluer le format. Nous réfléchissons avec l’IIM et d’autres acteurs afin de fédérer encore plus de monde.
Diriez-vous que le secteur de l’immobilier commercial soit particulièrement réceptif à l’innovation ?
N. R. : Comme tous les secteurs aujourd’hui ! Dans leurs bilans de fin d’année, toutes les entreprises parlent de l’innovation. Tout le monde est intéressé. Dans le retail, certains acteurs comme Unibail sont déjà dotés d’entités internes dédiées. Ce que le secteur a de particulier, c’est que l'e-commerce est vu comme un concurrent. Mais avec l’omnicanal, c’est également un partenaire, un confrère. Il y a une véritable attention à ce sujet. Notre but aujourd’hui, c’est de montrer qu’entre l’idée et les prototypes, il peut se passer très peu de temps : ce n’est pas compliqué d’être innovant si l’on s’en donne les moyens.
Justement, les acteurs du retail se donnent-ils les moyens d’être innovants ?
N. R. : La problématique du retour sur investissement est constante. Aujourd’hui, c’est la donnée et la fidélisation qui permettront d’avoir un commerce rentable. A partir du moment où l’innovation peut faire augmenter un panier moyen, les marchands mettront en œuvre le nécessaire. Ils sont très pragmatiques à ce niveau. Après, il faut différencier le « stunt » de l’innovation. Tout n’est pas bon à prendre, mais il faut garder à l’esprit qu’il faut augmenter l’expérience pour vendre plus. Et il y a énormément de potentiel : il y a beaucoup de choses à faire dans l’agençage. La réalité virtuelle permet aujourd’hui d’explorer des points de vente qui n’existent pas encore : nous avons notamment réalisé avec Malherbe une visite virtuelle d’un Carrefour au Qatar, alors qu'il n'existait pas.
Quel est votre regard sur l’état de la France par rapport à l’international ?
N. R. : Je ne dirais pas que la France est en retard. Mais il faut plutôt se concentrer sur les initiatives locales que faire des comparaisons entre la France et les Etats-Unis ou l’Asie. A chaque fois, les innovations sont adaptées aux usages du marché. Si l’on prend l’exemple de la Corée, qui avait permis aux consommateurs de faire leurs courses dans le métro avec un QR Code, on voit bien que d’autres marchés ont copié l’initiative des années plus tard car ils n’étaient pas suffisamment mûrs à l’époque. Le commerce est très ancré dans les usages, la culture.
Et sur la place du luxe dans l’innovation ?
N. R. : C’est plus facile d’innover quand on est une marque premium. C’est le principe même du luxe : quand on parle de n’importe quelle Maison de luxe, l’innovation est clé. Les moyens et les hautes marges permettent d’injecter des ressources dans le marketing et l’innovation.
Quels sont les premiers enseignements que vous pouvez tirer de l’événement ?
N. R. : Les professionnels ont aimé découvrir les projets présentés. Pour les étudiants et les startups, le Siec’LAB crée de réelles opportunités professionnelles et permet de rencontrer des acteurs importants du retail. Nous avons déjà eu des questions sur la prochaine édition : l’énergie a été très positive, du côté des innovateurs et des consommateurs de l’innovation. Nous verrons comment cela évolue l’année prochaine…
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