
Les e-RP sont-ils des RP comme les autres ? Pas si l'on en croit les témoignages des intéressés : gérer une relation avec des influenceurs ou des journalistes, ce n'est pas tout à fait la même chose... Explications.
Respirez.
Avant de vous demander si vous devez en recruter, commençons par poser les bases.
La différence entre RP et e-RP : "il faut payer ! "
Anne-Marie Gibert, Directrice des Relations Presse de DDB regrette l’appellation – qui crée une confusion. « Pour moi, e-RP, ça devrait vouloir dire RP digitales, or ce n'est pas le cas ». Quand on la questionne sur la notion d’influence, elle est catégorique. « On parle d’influence pour à peu près tout et n’importe quoi. Les instagrammeurs, les youtubeurs ou les blogueurs n’en sont pas les seuls détenteurs : les journalistes aussi sont influents ! » Selon elle, il faudrait réinjecter la notion de communauté dans le métier de e-RP. « C’est toujours important d’activer des gens dont la communauté est en adéquation avec les valeurs de la marque. Mais je trouve que la dénomination n’est pas juste car il y a plusieurs différences fondamentales. Je fais un métier de fond – le e-RP fait un métier d’image ». Elle précise : « travailler avec un journaliste, c’est faire preuve d’intelligence. Travailler avec un influenceur, c’est avoir un kit sympa, un bon listing, et une enveloppe de quelques milliers d'euros ».
Amandine Fornot, fondatrice du bureau d’influence Revolvr confie que certain.e.s monnaient le post Instagram jusqu’à 10 000 euros. Quelque chose que celle dont le métier est de créer des expériences de marques sur-mesure pour ces nouveaux relais d’influence trouve normal s'il y a un vrai travail créatif derrière. « Il y a de vrais talents prescripteurs dans ce milieu. Nous accompagnons les marques à l’année avec un budget dédié : élaborer un programme d’influence, le décliner sous formes d’activations, auprès d’ambassadeurs… C’est notre quotidien ». Et dans l’équation, les influenceurs et influenceuses concerné.e.s reçoivent leur part du gâteau. « C’est différent pour chaque contrat, pour chaque pays ». En Allemagne par exemple, un influenceur voudra chiffrer chaque post, chaque venue à un événement, et contractualiser le tout. En Espagne, ça fonctionne plus à l’affect. Mais le fait de les rémunérer n’occulte pas l’aspect relationnel du travail d’Amandine Fornot et de ses équipes : « il faut arrêter de les considérer comme des panneaux publicitaires qui ne vont médiatiser les opérations que de manière transactionnelle ». Elle explique ainsi que le lien entre l’agence et les communautés auxquelles elle fait appel est très fort. « Je crée un historique, j’ai un passif avec eux. Je les emmène dans de supers endroits pour créer du lien, et par la suite je les fais bosser toute l’année. Le résultat, c’est qu’ils ne me facturent pas au "one shot", et qu’on a de belles retombées ».
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Au-delà des divergences de points de vue, ce qu’Anne-Marie, Mélanie et Amandine prônent c’est que la seule chose vraiment importante, c’est le lien que l’on crée avec ses interlocuteurs et interlocutrices. « C’est une question de personnalité au-delà des frontières entre les deux métiers », conclut Mélanie Colléou. « Il faut être curieux, créatif et avoir du bon sens. De la même manière qu’il faut trouver un angle en RP, il faut trouver un angle adapté aux e-RP » , avec la nuance des codes qui ne sont pas forcément les mêmes. « Là où ils sont connus et se renouvellent peu en RP, en e-RP tout se réforme en permanence : de nouveaux profils apparaissent, de nouveaux usages se créent… » Et pour les comprendre, mieux vaut s’adresser à des structures qui sont en mesure de les comprendre. « Certains ont du mal à comprendre que les influenceurs sont un véritable levier de communication, crédible et légitime. Les marques ne savent pas toujours les appréhender », explique Amandine Fornot. Pour y parvenir, un rapprochement avec le social media est indispensable. « De fait, le métier est étroitement lié aux évolutions du social media. L’arrivée d’un nouveau réseau ouvre le champ des possibles, un nouvel usage va faire émerger un nouveau talent, etc. » Anne-Marie Gibert conclut. « Ce qui compte avant tout, pour faire passer un message, c’est la relation avec l’autre – quel que soit le support, le relai, la personnalité ».
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