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Biocoop : la pomme de discorde

Fin septembre, la justice condamne Biocoop à 30 000 euros d’amende. Objet du délit ? La mise en scène d'une pomme bourrée de pesticides accusée de dénigrer une filière au profit d’une autre. Aujourd'hui, la marque récidive : elle garde le fond, pas la forme. Explications...

En 2014, le réseau de magasins bio en France dévoilait une campagne signée Fred & Farid mettant en scène une pomme verte et ce slogan : « N’achetez pas de pommes. (Traitées chimiquement) ». A l’intérieur de la pomme : une industrie fumante… Allez comprendre : pour votre santé, éviter les fruits et légumes bourrés de pesticides. Un message qui a du mal à passer auprès des acteurs traditionnels du marché des fruits et légumes. Difficile d’être agriculteur aujourd’hui… d’autant plus avec l’avènement du bio.

Interfel (Interprofession des fruits et légumes frais), l’ANPP (Association Nationale Pommes Poires) et la FNPF (Fédération Nationale des Producteurs de Fruits) ont par conséquent déposé un recours en justice. Le Tribunal de Grande Instance de Paris a rendu son jugement : il condamne la société Biocoop pour dénigrement et appel au boycott des pommes non-bio.

« Au sein d’Interfel, nous avons un département bio très actif. Il ne s’agit donc pas de débattre sur le bio ou le non-bio, les combats sont à mener ailleurs. Le métier des fruits et légumes en France souffre de compétitivité : en ce sens, on ne doit pas prendre position sur une chaîne de production plutôt qu’une autre et jeter le trouble dans l’esprit du consommateur. Les prises de position extrêmes ne sont jamais payantes et ce n’est pas porteur d’une bonne image des fruits et légumes français. », précise Bruno Dupont, Président d’Interfel.

Selon les juges « Il est établi que cette campagne publicitaire repose non pas sur la valorisation des pommes issues de l’agriculture biologique, mais au contraire sur le dénigrement de celles des autres filières, aux fins de dissuader les consommateurs d’acheter ces fruits. »

Dès lors on peut se demander s’il est possible aujourd’hui en France de critiquer l’utilisation des pesticides chimiques dans l’agriculture. Réponse de Patrick Marguerie, directeur de la communication de Biocoop :

« On a le droit de s’opposer à l’utilisation des pesticides chimiques. Le débat existe bien au-delà de ce que Biocoop peut faire. La fond de la campagne n’a d’ailleurs pas été disputé, je pense qu’Interfel n’a pas pensé à vous le signaler : le fait de dénoncer qu’il y a 28 pesticides sur une pomme -  et c’est cet élément là qu’on trouvait important d’apporter à la connaissance du public – est indiscutable, notre source est l’INRA. Interfel a attaqué d’abord le fond de la campagne en référé et le juge a considéré que comme le fond était juste, il n’y avait pas lieu d’arrêter la campagne. Ce faisant, Interfel avec l’ANPP et la FNPF, ont entamé une procédure sur la forme et c’est cette procédure qu’ils ont gagné : ils ont considéré notre campagne comme dénigrante envers un système qui est le leur. Ça on ne le discute pas, notre combat n’est pas là. Cette condamnation nous permet d'ailleurs aujourd’hui de réaffirmer qu’il y a bien 28 pesticides sur une pomme. »

En effet, Biocoop, dans sa volonté de démocratiser l’accès à une alimentation saine et de respecter l’environnement, affiche clairement son soutien au projet « Tribunal Monsanto ». Ce tribunal exemplaire s’est déroulé ce weekend (14 au 16 octobre) à La Haye (Pays-Bas) en présence d’un collectif international de juristes, et avec le soutien de plusieurs mouvements citoyens, ONG et personnalités engagées dans la défense de l’environnement, la sûreté de la planète et les conditions de vie des hommes.

« Il est urgent qu’une prise de conscience individuelle et collective fasse bouger les choses, nous ne pouvons pas éternellement laisser le lobbying des multinationales détruire impunément la Terre, nourricière de l’Humanité », déclare Claude Gruffat, Président de Biocoop. La société Monsanto sera jugée par le Tribunal du même nom pour la fabrication, la commercialisation de produits contenant des pesticides destinés à la culture alimentaire et les conséquences de leur utilisation. Une étude de l’Inserm de 2013 a révélé que certaines molécules des produits Monsanto pouvaient perturber le système endocrinien et augmenter le risque de maladie de Parkinson, de cancer de la prostate et de lymphome.

Pour soutenir cet engagement, Biocoop a révélé trois films qui valorisent avec humour une alimentation saine. Trois films, dont un qui met clairement en scène la fameuse pomme, objet du délit de forme. Certains risquent d'apprécier... D'où l'importance de considérer le fond et la forme...

Tribunal Monsanto Biocoop
Tribunal Monsanto Biocoop
Tribunal Monsanto Biocoop
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