
Les marques sont prises en étau entre la gestion du temps long et celle du temps court. Une question qui touche particulièrement les industries de la communication et à laquelle l'édition des Napoléons sera consacrée. ITW des fondateurs Mondher Abdennadher et Olivier Moulierac.
Les Napoléons ont un an et Val d’Isère sera la troisième édition de vos rencontres. Comment les présenteriez-vous ?
Mondher Abdennadher : Les Napoléons sont au carrefour de plusieurs envies. Notre premier enjeu est d’être un accélérateur de la croissance et de l’innovation. En France, nous n’avons pas de problèmes d’idées, mais nous devons rectifier notre posture en favorisant le travail collaboratif, le « désilotage », l’hybridation… Nous ne sommes pas assez performants sur ces sujets et nous restons trop souvent consanguins et verticaux. Cela freine la création de valeur. Mais si nous devons changer sur certains points, nous n’avons pas nécessairement besoin de répliquer des modèles existants. Au contraire, nous croyons que nous avons une singularité française à définir, et à faire émerger. Certes, l’innovation doit être moins techno centrée, plus liée aux usages et mieux marketée mais elle doit aussi s’adapter à notre culture et laisser à l’humain sa place centrale. Au nom de quoi innove-t-on ? La question mérite d’être posée. Nous voulons attacher notre projet à une certaine définition du progrès. L’innovation a une dimension politique et sociale et elle participe à redéfinir notre destin commun. Elle ne peut pas se résumer à de la création de capital.
Le champ de l’innovation est très large. A qui vous adressez-vous ?
Olivier Moulierac : Aux acteurs de l’industrie des communications : la création, la production, les media, l’architecture, le design, la culture... C’est une communauté très riche, très diversifiée et que nous envisageons très ouverte mais toujours liée par la même promesse : développer de la valeur en créant des liens avec des publics.
Plus concrètement, que proposent les Napoléons ?
M. A. : Si nous devions résumer notre métier, je dirais que nous sommes un petit LinkedIn et un petit Davos : nous proposons à la fois un réseau social, le premier réseau social BtoB en Europe sur la communauté des communicants, et des rencontres deux fois par an : Val d’Isère en janvier et Arles en juillet. Nous avons voulu être nativement hybrides - numérique et physique - parce que nous sommes convaincus que pour fonctionner un réseau doit embrasser ces deux dimensions.
Pour les rencontres de Val d’Isère, vous avez choisi la thématique du temps. Pourquoi ?
O. M. : En échangeant avec notre communauté, les startups, les financiers, les grandes entreprises comme les prestataires qui les conseillent… on constate que tous ont un questionnement sur le temps. Que ce soit dans leur modèle d’affaires ou dans leurs innovations, il est toujours question de l’augmenter ou de le suspendre, de l’accélérer, ou de l’organiser… Uber comme Orange, tous promettent de rendre du temps aux gens. C’est une notion centrale et qui est particulièrement bouleversée par le numérique.
Comment seront structurés les échanges ?
M. A. : Les matinées seront dédiées aux rencontres entre participants et les après-midi aux workshops. La première journée est intitulée « fast and furious » et présente les accélérations induites par l’innovation, la seconde « slow and curious » envisage le temps dans sa durée.
Nos workshops abordent des sujets très concrets : comment la programmatique peut bouleverser nos business, les achats, la manière de structurer la data dans le marketing et la communication pour adresser les gens de manière beaucoup plus spécifique, plus temps réel… comment aujourd’hui les startups gèrent la pression du temps imposée par les marchés… Est-ce que cela produit ou détruit de la valeur ? Tout le monde est très conscient des enjeux que la rapidité induit. Le second jour soulignera comment l’entreprise doit s’intéresser au temps plus long de ses collaborateurs et de ses publics, comment le temps de la création, celui des marques à héritage, de la politiques des villes… s’inscrivent plus légitimement dans la durée. Opinion way dressera un état des lieux de la perception du temps par les Français.
En soirée, les keynotes permettront d’ouvrir le champ de nos réflexions. Stéphane Richard, CEO d’Orange, nous expliquera comment une entreprise peut accompagner cette transformation du temps en terme d’offres et de services, Dirk Ahlborn nous parlera du projet Hyperloop, un transport hyper rapide qui devrait relier Los Angeles et San Francisco en moins de 30 minutes… Il y aura aussi des séquences un peu plus décalées pour donner un éclairage plus sociologique avec l’auteure Malene Rydahl ou le philosophe Hartmut Rosa. Le sujet est passionnant et complexe. On comprendra, j’espère, qu’on peut défendre un point de vue et son contraire, et que tout est intimement relié.
Les Napoléons ont toujours un haut niveau d’exigence en matière d’organisation. Comment allez-vous nous surprendre ?
O. M. : C’est une grosse pression pour nous mais nous pensons que cela fait partie de la singularité que nous souhaitons défendre. Les participants qui viennent d’Espagne, d’Israël, des Etats-Unis, des Pays-Bas… trouvent aux Napoléons ce qu’ils attendent de la France. Cela fait partie de la proposition de valeur que nous voulons incarner. C’est déterminant, et pour nous ce n’est pas une figure de style. Il s’agit moins de luxe que de bienveillance, et du souci constant de mettre l’humain encore une fois au centre. Nous souhaitons surtout que les personnes présentes soient dans les meilleures conditions pour échanger, partager, apprendre, avoir des idées et trouver des opportunités de business.
Pour la première fois, vous proposez un trophée récompensant la personne la plus innovante de l’année. Vous avez présenté les nominés en deux catégories : homme et femme. Pourquoi ce choix ?
M. A. : Dans l’univers technologique, nous avons un souci majeur : on trouve moins de 12% de femmes. Si on n’orchestre pas le choix, mécaniquement, il n’y aura pas d’égalité en termes de nomination et d’émergence. Nous voulions faire émerger la parité sur cette question.
Les Napoléons - Val d'Isère 2016 se déroule du 13 au 16 janvier.
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