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Electric Eric

Eric Judor, star de la saga Electric d’EDF, revient pour nous sur sa relation aux marques et à la publicité, mais aussi sur son parcours et ses ambitions. Interview.

Comment définiriez-vous votre rapport aux marques et à la publicité ?

Eric Judor : J’avais déjà fait de la publicité pour Quick, au début de ma carrière. Ce qui était super c’est qu’on avait déjà à l’époque pu ramener notre univers propre avec Ramzy. C’était important de faire ça sans trop se travestir, en essayant d’être nous-mêmes. L’idée était que tout le monde soit content : nous, la marque, l’agence… Notre truc c’était de faire des vannes, il ne fallait surtout pas que ça trahisse notre personnalité.

 

A partir du moment où l’on respecte votre univers, vous pourriez travailler avec n’importe quelle marque ?

E. J. : Non, il faut que la marque me parle un peu. Je ne me vois pas faire de la pub pour des tampons… On pourrait faire un truc drôle, mais je n’y connais rien et ça ne me parle pas ! Il y a des personnes plus représentatives que moi sur certains sujets. A une époque, j’avais fait une campagne pour la BNP Paribas. C’était avant que les banques n’aient une image désastreuse. On s’adressait aux jeunes dans un style imposé, en ayant tout écrit et réalisé. Depuis 2008, je ne suis pas sûr que je puisse retourner dans cet univers-là.

 

Comment s’est passée la collaboration avec EDF ?

E. J. : Quand Havas Paris m’a proposé de représenter EDF et d’intégrer mon univers de Platane à celui de la marque, j’ai été d’accord. Je ne voulais pas me trahir, et puis j’aime bien EDF ! C’est vrai qu’il y a beaucoup de sujets sensibles autour de l’énergie, mais quand on la compare à d’autres, c’est plutôt une belle entreprise. Le contact avec les gens d’EDF a été très honnête. La marque voulait renouveler son image, apporter quelque chose de moderne. On s’est mis d’accord sur un certain nombre de garanties artistiques, et j’y suis allé. La collaboration a été complètement libre : je n’ai eu aucune censure. Tout ce que j’ai proposé en écriture a été accepté, à quelques virgules près. Le fond n’a jamais été changé, les seules demandes étaient cosmétiques. J’aimerais continuer avec cette marque, j’y suis très bien. Ils m’apportent beaucoup dans cette logique de renvoi à Platane, c’est une super carte de visite.

 

Et avec Havas Paris ?

E. J. : Les créatifs d’Havas Paris qui travaillaient sur le projet avaient bien aimé Platane. Christophe Coffre a trouvé intéressante l’idée de mélanger les univers. Le rôle de l’agence a été primordial. Au départ, avant qu’il n’y ait les premiers retours positifs de la campagne, ils ont été en lien direct avec le client. Ils me faisaient confiance. A mon avis, ils ont dû lutter, retourner et insister pour réussir à faire passer les écritures des spots. Ils ont été un réel pont entre EDF et moi, au moins au début. Cette collaboration n’avait rien d’évident ! Il a fallu faire découvrir un univers, et je sais qu'Havas Paris a été super pour ça. Par ailleurs, dans tous les spots qu’on a présentés, il y avait toujours une version plus poussée, qui allait plus loin. L’agence était là pour rappeler que ça allait passer en TV, qu’on représentait EDF. C’était une vraie démarche d’accompagnement, pas du tout dans la censure. Ils nous a aidés à avoir une responsabilité dans le ton et les situations qu’on a choisis.

 

Quelles auraient pu être les contraintes de cette collaboration ?

E. J. : Il y avait en parallèle du lancement une campagne avec un autre humoriste, qui ne se passait pas très bien… C’est toujours un risque de représenter une marque ! Je savais que j’étais attendu avec un fusil, aussi bien par mon public que par la presse. Je voulais absolument avoir les mains libres pour écrire et réaliser la saga comme je l’entendais. Et j’ai eu toutes les garanties nécessaires. Il s’agissait aussi d’un grand écart pour la marque : avec ce partenariat, c’était quitte ou double pour EDF ! Je n’allais évidemment pas mettre la marque en péril, mais j’ai trouvé ça très osé de leur part de me ramener moi, qui ne suis pas particulièrement mainstream. Je ne suis pas forcément très grand public, je fais des choses un peu particulières. Catherine Gros, directrice de la communication d’EDF, a pris un risque. Je trouve ça classe de sa part, j’étais très flatté. EDF, pour moi, c’est la France dans son ensemble. C’est aussi bien un agriculteur dans le Bas-Rhin qu’un mec de Marseille, c’est toutes les classes sociales. EDF s’adresse à la France, et je n’ai pas l’impression que ce soit le cas de mon humour. En me choisissant, ils ont choisi une couleur vive, du fluo.

 

Quelles sont les principales différences entre le tournage d’une série et celui d’une publicité ?

E. J. : Il y a évidemment un aspect qui touche à la rémunération. Quand on fait de la pub, ce n’est pas juste pour le plaisir de l’art… Ici, j’ai eu l’opportunité de vraiment mélanger des univers. Platane, c’est un succès plutôt confidentiel : la série passe sur Canal +, il faut être abonné… On parle de niche. EDF m’a offert la possibilité de toucher toute la France avec ce style d’humour, et de renvoyer les gens vers la série. C’est un peu ce qui s’est passé : depuis la diffusion des publicités, il y a eu un regain d’engouement. C’est une aide mutuelle entre la marque et moi. Je ressens vraiment un frémissement auprès du public. Je le sens dans la rue.

 

Pouvez-vous nous dire un mot sur votre parcours et vos évolutions ?

E. J. : On a connu un pic de popularité au moment de La Tour Montparnasse Infernale, H… On s’adressait à un public jeune. On était à la mode à ce moment-là. Après, à force de travailler dans la vanne, on essaye de faire de la recherche humoristique. J’essaye d’aller vers des choses un peu moins simples, moins faciles d’accès. La comédie, c’est comme la musique : quand tu as l’oreille exercée, tu vas écouter des morceaux plus compliqués, pointus. C’est pareil avec l’humour : le burlesque te fait rire, puis tu vas chercher le verbe, un mélange des deux, de l’absurde… A une période, c’est vrai que j’étais dans l’idée de satisfaire un large public et moins dans la recherche. C’était super, et je l’assume complètement. Mais à un moment, tu prends de l’âge et l’envie te vient de découvrir d’autres trucs, de creuser. Sinon on finit par s’endormir… Je suis très heureux d’être passé à de nouveaux projets. Vraiment, j’en suis très fier, je marche la tête haute dans la rue avec ces spots et ma série.

 

Mélanie Roosen

Mélanie Roosen est rédactrice en chef web pour L'ADN. Ses sujets de prédilection ? L'innovation et l'engagement des entreprises, qu'il s'agisse de problématiques RH, RSE, de leurs missions, leur organisation, leur stratégie ou leur modèle économique.

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