Comment adapter le commerce à la nouvelle donne climatique ?

Comment adapter le commerce à la nouvelle donne climatique ?

© Viktor Bystrov

C’est une vérité désormais partagée : les entreprises doivent prendre leur part pour relever le défi du siècle, la lutte contre le changement climatique. Comment le commerce, et les centres commerciaux, peuvent contribuer au développement d'une économie plus durable ? Entretien avec Marie Cheval, PDG de la société immobilière Carmila et présidente de la Fédération des Acteurs du Commerce dans les Territoires (FACT).

Allier impératifs climatiques et économie n’est pas une mince affaire. Il existe cependant quelques pistes à creuser pour une économie future plus durable. Cette thématique clé de l’avenir du retail sera abordée lors du Siec 2023, le Salon International des Espaces Commerciaux.

Décarboner les lieux de commerce

Décarboner les lieux de commerce, c’est avant tout mettre en place une stratégie viable sur le long terme. « Aujourd’hui, la question de contribuer à la décarbonation et à l’économie verte est ancrée dans la stratégie de toutes les entreprises », assure Marie Cheval, PDG de Carmila (société qui gère les centres commerciaux attenants aux hypermarchés Carrefour) et présidente de la FACT. « Les centres commerciaux Carmila travaillent depuis plusieurs années déjà à la réduction de leur trajectoire carbone. Nous avons pour objectif d’être neutre en carbone à l’horizon 2030 sur les scopes 1 et 2 ».

Cet objectif est attendu aussi bien par les clients que par les commerçants et les partenaires. « Pour y parvenir, de nombreux projets sont en cours : gestion de l’éclairage, du chauffage, de la climatisation, remplacement des équipements les plus énergivores, mise en place de technologies plus innovantes (climatisation adiabatique par exemple). Nous utilisons également l’intelligence artificielle pour gérer nos datas et améliorer les systèmes déjà mis en place », reprend la PDG. 

Certains commerces utilisent déjà des sources d'énergie verte pour alimenter leurs opérations. Des actions pouvant inclure l'installation de panneaux solaires sur les toits des magasins, l'achat d'énergie éolienne ou hydraulique, ou la participation à des programmes d'achat d'énergie verte. « En parallèle, nous nous sommes associés à la start up TerraTerre pour compenser nos émissions de CO2. TerraTerre nous a mis en relation avec des exploitations agricoles proches de nos centres pour que nous puissions les accompagner dans leur transition agro-écologique », explique la PDG de Carmila. Par ailleurs, des ombrières photovoltaïques ont déjà été installées sur les parkings de 14 centres commerciaux avant même l’adoption du projet de loi Energies renouvelables. Ces ombrières ont une double vocation : protéger les usagers de la pluie et du soleil tout en permettant aux hypermarchés de réduire leur dépendance vis-à-vis du réseau national d'électricité et des fluctuations du prix de l'énergie en utilisant leur propre production d’électricité.

Encourager les pratiques d'achat responsables

« Ce qu’il est intéressant d’étudier, c’est l’intégralité de la chaîne de valeur des centres commerciaux. Plusieurs enseignes – donc des commerces – sont centralisées dans un seul et même lieu, ce qui favorise les usages durables en limitant les déplacements pour effectuer plusieurs achats », explique Marie Cheval. Les magasins peuvent également sensibiliser leurs clients aux pratiques d'achats responsables, telles que l'utilisation de sacs réutilisables, l'achat en vrac pour réduire les emballages, etc. « Il y a quelques semaines, nous avons adhéré à la Fédération de la mode circulaire pour faire venir dans nos centres des enseignes déjà bien engagées dans cette voie », reprend Marie Cheval. 

Les centres commerciaux peuvent en effet jouer un rôle clé dans la promotion de produits durables, en favorisant notamment la vente de produits locaux et issus du commerce équitable, ainsi que des produits à empreinte carbone réduite. En effet, selon une étude d’Ecommercemag réalisée en 2021 auprès de 14 000 consommateurs dans une vingtaine de pays, les Français prennent davantage en compte des critères de développement durable dans leurs achats (61 %) que ceux des autres pays développés. Avec des préoccupations prioritairement environnementales citées à plus de 80 %, cet engagement en faveur du développement durable est particulièrement notoire auprès des jeunes générations, plus susceptibles d'éviter d'acheter des produits issus de marques ne répondant pas à leurs attentes. En mettant en avant ces options et en fournissant des informations transparentes sur l'impact environnemental des produits, les commerces peuvent donc aider les consommateurs à faire des choix plus durables.

Repenser le maillage territorial

De leurs côtés, les commerces de proximité peuvent encourager les modes de déplacement respectueux de l'environnement en offrant des facilités pour les vélos, les trottinettes électriques, les piétons et des trajets en voiture réduits. Cela peut inclure l'installation de supports à vélos, la participation à des programmes de partage de vélos ou la création de partenariats avec des services de livraison. 

« Les centres commerciaux Carmila sont principalement implantés dans les villes moyennes, une façon d’offrir un service adapté à l’échelle d’un territoire. Notre offre est donc relative mais suffisante pour éviter de pousser les consommateurs à la sur-consommation. Un Français sur trois est à moins de 20 min d’un centre, pour favoriser la proximité », conclut Marie Cheval. 

De la stratégie de décarbonisation à l’influence des consommateurs vers des pratiques durables, les commerces et centres commerciaux ont un rôle fondamental à jouer dans la lutte contre le changement climatique – et prennent leur part du travail à accomplir.

Le Siec se tiendra les 19 et 20 septembre 2023 à Paris Expo, Porte de Versailles.


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