Avec la rentrée scolaire, difficile d’échapper à la traditionnelle liste de fournitures qui va avec. Rencontre avec Christophe Le Boulicaut, DG de Stabilo.
Vous avez l’impression que crayons, stylos, et autres surligneurs n’ont pas changé depuis votre enfance ? Détrompez-vous : l’innovation est au cœur de la stratégie du groupe Stabilo, qui, à l’aide d’experts, s’assure de proposer des produits toujours à la pointe. « Notre objectif est d’être au plus proche de nos clients, de leurs usages, et des besoins des consommateurs », explique Christophe Le Boulicaut, Directeur Général de Stabilo et Président de l’AIPB (Association des Industriels de la Papeterie et du Bureau).
Au départ simple fabrique de crayons graphite, Stabilo s’est donné les moyens de ses ambitions. A grands coups de R&D, de chimie, et d’études, la marque a su diversifier ses produits… Et les faire évoluer.
Une encre qui ne sèche pas, un stylo qui ne perd pas son capuchon…
L’histoire de Stabilo est rythmée de dates phares. En 1925, la marque est la première à inventer le crayon de couleur. En 1971, le fameux Stabilo Boss fait son apparition, en réponse aux habitudes des Américains qui surlignent, à l’époque, leurs documents à l’aide de simples feutres. S’il est la star du Groupe en France, en Allemagne c’est le.88, son feutre d’écriture « fin et fonctionnel » lancé en 1977 qui conquiert les cœurs. En 2003, Stabilo lance Easy Original, un stylo destiné aux jeunes enfants avec des préhensions spécifiques aux gauchers et aux droitiers, afin de faciliter l’apprentissage de l’écriture. « L’idée est d’aider les élèves à mieux tenir leur stylo, pour rendre le processus de l’écriture fluide, naturel. De cette façon, ils peuvent se concentrer sur autre chose et avoir l’esprit plus libre ».
A la liste des innovations produits viennent s’ajouter une encre qui ne sèche pas, des capuchons qui ne se perdent pas, des feutres avec amortisseurs pour éviter que l’enfant n’écrase la pointe…
En clair, les équipes mettent le doigt sur des usages ou des problématiques consommateurs afin de proposer des produits capables d’y répondre. Le sujet de l’apprentissage scolaire est évidemment clef, à tel point qu’en Allemagne, un institut est dédié à la motricité.
Créer un lien émotionnel avec un feutre ? Un pari réussi
En plus du côté « fonctionnel » des produits, les équipes tiennent à tisser un lien émotionnel fort avec les consommateurs. Cela se traduit par des produits plus « fun » (à l’instar du Stabilo Néon, en forme de tube de peinture), mais aussi par une stratégie pointue sur les réseaux sociaux.
« Les réseaux sociaux visuels à l’instar d’Instagram sont parfaits pour mettre en scène nos produits, mais aussi nos consommateurs » - qui n’utilisent pas les produits Stabilo que pour travailler ou faire leurs devoirs, mais aussi pour créer de véritables œuvres d’art. « C’est un excellent levier pour identifier les usages détournés, comme le coloriage pour adultes il y a quelques années. Nous avons pu mettre en place des concours, partager les plus belles réalisations… ». Stabilo a par ailleurs organisé un festival artistique avec la Mairie de Paris.
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Environnement et société : des préoccupations bien ancrées
« Nous sommes une entreprise allemande », rappelle Christophe Le Boulicaut. « L’environnement est un sujet qui tient à cœur aux dirigeants, mais pas seulement : tous les employés sont concernés ». Les 3 usines du Groupe (Allemagne, République Tchèque, Malaisie) sont toutes labellisées : autoalimentées à l’énergie renouvelable, elles recyclent l’ensemble des déchets produits.
« La proximité managériale joue un rôle prépondérant : le fait d’être une entreprise familiale a permis de créer un groupe où chaque individu compte ». Une charte sociétale est par ailleurs appliquée aux 5 000 employés, et déclinée au niveau des filiales.
« Nous avons la chance d’avoir un vrai savoir-faire : celui de l’encre. Et avec la couleur comme méga trend, notre équipe de R&D a de quoi faire ». Si pour l’instant le développement d’une innovation produit demande 2 à 3 ans, les équipes s’évertuent d’accélérer les procédés, d’être plus réactifs, tout en respectant les spécificités de chaque pays : la stratégie globale se décline selon les marchés. Ainsi, l’Asie reste un territoire très particulier où l’émotionnel a peu de place. « Les consommateurs sont très réceptifs aux données techniques pures : ils peuvent tout à fait lire 5 pages de description tech pour un produit, et payer plus 20 fois plus pour un produit ‘’premium’’. »
En France, c’est différent : si le prix reste un critère de choix sur les fournitures, les parents laissent globalement les enfants choisir ce qu’ils considèrent comme un « achat plaisir ». Ainsi, 60% des clients considèrent les courses de rentrée comme un moment de complicité et de partage avec leurs enfants…
Mélanie Roosen est rédactrice en chef web pour L'ADN. Ses sujets de prédilection ? L'innovation et l'engagement des entreprises, qu'il s'agisse de problématiques RH, RSE, de leurs missions, leur organisation, leur stratégie ou leur modèle économique.
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