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Prynt, votre portable fait des Pola

Si les Polaroid ont fait la joie des 70s, la magie opère encore et vous pourrez bientôt la glisser dans votre portable… Le procédé fonctionne et suscite déjà l’enthousiasme sur la Toile, en France et au-delà. Rencontre avec Clément Perrot, l’un des cofondateurs.

Lancé via le site de crowdfunding, Prynt remporte déjà un tel succès que les 50 000$ demandés à la communauté de Kickstarter ont été rapidement atteints, voir explosés. Le projet a déjà récolté 308 000$ alors que la campagne prend fin le 3 mars 2015.

Pouvez-vous nous présenter le projet ?

Clément Perrot : J’ai monté Prynt avec David Zhang. Nous avons tous les deux fait Polytechnique, et nous avons vraiment commencé à travailler ensemble en arrivant à Berkeley pour notre double diplôme, au sein d’un programme d’entrepreneuriat. En collaborant sur d’autres projets, on a pu se rendre compte qu’on était très complémentaires, aussi bien en termes de compétences que d’ambitions. On a commencé à réfléchir à Prynt en partant du Polaroid. Qu’est-ce que ça représente ? Pourquoi la marque touche-t-elle encore les gens après tant d’années ? Quand on sait que les moins de 25 ans ne l’ont jamais connue, une image de marque aussi forte interpelle. Finalement, on s’est aperçu que si la digitalisation avait peut-être contribué à faire disparaître le produit, elle n’avait pas fait disparaître le besoin d’avoir des photos instantanées. Avec Polaroid, il y avait une expérience assez magique. Pourquoi ne pas la retrouver sur smartphone, qui est un outil incontournable de la photographie ?

Comment avez-vous procédé pour en arriver au produit en tant que tel ?

C. P. : Nous avons procédé de manière très scientifique. Nous avons comparé les offres qui existaient sur le marché, et trouvé la faille. Actuellement, il y a deux types de produits en compétition. D’un côté, il y a les évolutions des anciens appareils Polaroid qui se sont un peu « digitalisés », mais ça reste un outil à part entière en plus du smartphone. Pas forcément très pratique. Le deuxième type d’outil qui s’est développé s’assimile plutôt à des imprimantes miniatures. L’utilisation est plus facile, mais l’expérience n’est pas au rendez-vous. Il faut pairer l’outil avec le smartphone, brancher des câbles… On est loin de la photo imprimée en un clic. C’est ça qu’on a essayé de recréer, en prenant le meilleur des deux mondes. Avoir une coque de smartphone pour intermédiaire, c’était plus logique. On a toute l’intégration qui permet de transformer le téléphone en appareil Polaroid en proposant l’expérience la plus agréable et la plus magique possible.

Comment s’est passé la conception et le développement du produit ?

C. P. : Notre premier objectif a été de créer un produit physique, qu’on a développé en France. A Polytechnique, on a pu avoir accès aux laboratoires. En parallèle, on a été pris dans un incubateur, Agoranov. On a absolument voulu développer un premier prototype rapidement : il nous fallait des retours sur un produit physique. Même si ça n’était pas réaliste ou définitif en termes de design, il fallait un truc qu’on puisse manipuler. De janvier à avril 2014, on a pu travailler le développement, trouver des partenaires. Pour les premiers retours, nous sommes allés à la rencontre des utilisateurs, dans la rue. On prenait des photos avec eux, on écoutait leurs commentaires… On a eu un bon feeling avec les gens, il y a très vite eu le « wow effect » qu’on espérait. On a senti que ça prenait ! Ce qu’on ignorait encore, c’était quel prix proposer pour le produit, quelle proportion de la population serait prête à l’acheter, mais on captait déjà leur attention. A partir de là, les choses sont allées très vite. On a rejoint un accélérateur de start-up américain spécialisé dans le hardware. Ils sélectionnent 10 start-up par an, pour un programme de 4 mois qui se déroule à Shenzhen. Nous y sommes restés de juillet à fin octobre. L’idée était de prendre ce qu’on avait, de développer le projet, et trouver les bons partenaires pour faire d’un prototype un vrai produit. On a bien avancé en termes de développement. La Chine nous a permis d’avancer à un rythme différent. En 4 mois, on a dû faire 7 générations différentes de produits ! Les outils sont formidables et peu coûteux. Par exemple, on a pu changer de design toutes les deux semaines avec les imprimantes 3D. Ça nous a permis de voir comment les gens réagissaient avec l’appareil en main. Si je prends l’étape suivante, la SLA, qui est un procédé similaire à l’impression 3D mais plus précis et qui permet un rendu plus agréable : cela nous aurait coûté 350€ par pièce en France. En Chine, on pouvait le faire pour 70€ maximum. Suite au programme à Shenzhen, nous sommes arrivés aux Etats-Unis avec une partie de l’équipe pour présenter le projet devant des investisseurs et des journalistes. Aujourd’hui, les équipes techniques sont basées à Paris, et les équipes marketing aux Etats-Unis. C’est un message qui a du sens pour nous : nous sommes une entreprise globale, qui s’adresse à l’international.

Où en êtes-vous aujourd’hui en termes d’industrialisation ?

C. P. : Tout est possible. Tout est en place. On sait où on veut aller, avec quels partenaires. Avant de vraiment nous lancer, nous avons besoin de visibilité en termes de volume. C’est pour ça que nous avons lancé une campagne de précommande sur Kickstarter. Nous avons aussi besoin de fonds : aujourd’hui un programme de financement passe par du crowdfunding ou par une levée de fonds auprès d’investisseurs. On a décidé de faire les deux pour avancer le plus rapidement possible. Les premières livraisons sont prévues pour l’été. Quand on regarde les start-up françaises, beaucoup prennent du retard sur leurs commandes par manque d’intérêt aux procédés de fabrication. Par exemple, il faut savoir que pour le Nouvel An chinois les usines sont fermées pendant trois semaines ! Ce sont des détails, mais nous avons absolument tout pris en compte pour être sûrs de tenir notre calendrier.

 

Retrouvez Prynt : sur Facebook ou sur Kickstarter... et dans la revue n°2 de L'ADN - Notre rubrique L'Idée est consacrée ce trimestre à l'écosystème des start-up en France. ¨Pour commander votre exemplaire numéroté, cliquez ici.

Mélanie Roosen

Mélanie Roosen est rédactrice en chef web pour L'ADN. Ses sujets de prédilection ? L'innovation et l'engagement des entreprises, qu'il s'agisse de problématiques RH, RSE, de leurs missions, leur organisation, leur stratégie ou leur modèle économique.

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