« Brander son contenu ne prend plus si la démarche n’est pas sincère. Et si nous partions vraiment du contenu ? », interroge Amandine Lepoutre, Présidente de La Société Anonyme. Portrait d’un nouveau modèle d’agence.
Amandine Lepoutre commence à travailler chez Euro RSCG. Rapidement, elle décide de partir au Vénézuela dans le secteur du micro-crédit, avec l’envie de travailler avec des « changemakers », des acteurs qui font bouger le système. Elle s’envole ensuite à Hong Kong pour le French May, un festival qui présente les arts français en Chine. « Cela m’a permis de rencontrer la scène culturelle française depuis l’étranger : les artistes, designers, chorégraphes,…». Elle aime leur sincérité, la richesse de leurs créations et leur exigence. « Tout est mesuré, calculé… ». A son retour en France, Amandine intègre TBWA. « J’ai adoré. J’ai appris énormément ». A la croisée des métiers, elle s’occupe de stratégie et de développement. « C’est un très beau groupe. Après cela, j’ai voulu me rapprocher des gens qui font le contenu, qui ont des projets de création, de recherche, d’innovation. C’est avec cette idée-là que j’ai créé La Société Anonyme », afin de connecter les marques, leur stratégie avec des personnalités créatives et des acteurs qui inventent les modèles de demain.
Avec La Société Anonyme, Amandine souhaite valoriser les marques dans leur démarche d’innovation et de création. « Brander son contenu aujourd’hui ne prend plus vraiment, si la démarche ne répond pas à des enjeux sociétaux, économiques ou culturels quand on est une marque corporate. Ou aux enjeux business quand on est une startup. Pour les maisons de luxe, il faut s’imprégner des aspirations de ses publics. Faire du contenu, c’est s’engager, se lancer dans une logique d’innovation, de révolution parfois ».
Pour ce faire, les équipes de l’agence sont composées de directeurs de projets et de coordinateurs qui pilotent des créateurs, des experts, des éditorialistes, et les mettent en lien avec les marques qui souhaitent avancer autrement. « Il s’agit de produire un vrai contenu pour inscrire les marques dans une logique de contenus, de programmes, et pas uniquement de communication ».
Amandine rapproche deux sphères, celle des créateurs et celle des « innovative players », grâce à deux réseaux qu’elle a créé : « AhAhAh ! », qui valorise les personnalités créatives au travers d’événements, de publications ou de collaborations avec les marques, et « Thinkers & Doers », qui rassemble dans des forums et dans des plateformes les « changemakers » sur des sujets sociaux, environnementaux, entrepreneuriaux, ou technologiques. Les deux réseaux, dont l’agence est propriétaire, ont réussi à fédérer les publics. « Nous avons plusieurs types de clients : startups, PME, grands groupes de communication, agences gouvernementales, institutions, groupes industriels, marques de luxe… Nous réfléchissons ensemble en allant chercher des experts, des créateurs pour générer une ligne éditoriale qui se traduit alors naturellement par des programmes, des images, des films, des événements, des plateformes digitales ».
En parallèle, l’agence a monté un accélérateur pour accompagner les jeunes entreprises dans leur développement via ces logiques de création de contenus. « Travailler avec ces startups nous permet de rester connectés à l’agilité, à la nécessité de toujours se remettre en cause ».
« C’est comme si on était un lab ! » explique Amandine Lepoutre quand on l’interroge sur la nature de son agence. « On essaye de créer des alchimies entre les sphères, entre les disciplines ». Et si elle insiste sur la nécessité de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, Amandine croit « à la force créative et entrepreneuriale » qui existe en France. « Ça grouille de bonnes idées, on communique trop sur la morosité française et l’incapacité à se bouger. Nous sommes très forts en R&D, nous avons les chercheurs les mieux formés du monde, nous avons une sphère de jeunes entrepreneurs, de créateurs hyper riche… La communication doit entrer dans ce magma de gens qui ont une énergie folle ».
Cela passe aussi par une ouverture à l’international, notamment avec la création d’un bureau aux Emirats : on ne peut plus rester franco-français. « Lors d’une conférence, j’ai rencontré une femme qui venait d’Afrique, et qui m’expliquait que partions de paradigmes différents. En Europe les jeunes générations se battent pour vivre au moins aussi bien que leurs parents, et donc conserver les privilèges acquis, alors que les jeunes des pays émergents se battent pour vivre mieux que leurs parents. Il faudrait inverser le mouvement ici, se dire qu’on vivra mieux si on accepte de changer ».
C’est dans cette optique de mouvement que l’agence incite ses collaborateurs à avoir un projet personnel en-dehors du travail. « Il faut pratiquer sa curiosité… et la partager. C’est important de se consacrer à autre chose ». Et ça fonctionne…
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