L’hérésie, c’est l’incarnation du choix, souvent peu dogmatique, toujours différent. Rencontre avec Andrea Stillacci, Luc Wise et Pierre Callegari, les trois « elastic minds » à la tête d’Herezie.
Si Herezie a investi les locaux de l’ancienne maternité du 16ème arrondissement de Paris, ce n’est pas par hasard. « Ici, on accouche les idées », explique Andrea Stillacci, Président et Directeur de la création. Lorsqu’il crée l’agence il y a 5 ans avec Luc Wise, Directeur Général en charge des stratégies et Pierre Callegari, co-fondateur, c’est avec l’ambition de raconter une nouvelle histoire de la communication. « C’était hérétique de lancer une startup, en 2010, après la crise ». Plutôt que de conjuguer leurs initiales, les fondateurs choisissent un nom qui traduit l’envie de faire les choses différemment, et qui rend hommage à certaines figures hérétiques. « Copernic, Darwin… Ils étaient tout sauf dogmatiques, ils ont su observer pour forger des convictions très fortes : c’est ce qu’on essaye de faire à l’agence » ajoute Luc Wise. « Il s’agit avant tout d’écouter le consommateur, le regarder, puis d’avancer. On n’a pas d’a priori ». Le choix, « hairetikos » en grec, est une notion importante pour les équipes : pas de réponse unique dans la communication. « Il y en a plusieurs, il faut choisir la bonne pour que l’annonceur soit à son tour choisi par le consommateur ».
« Lorsque nous avons lancé l’agence, nous n’avions pas de clients fondateurs, mais nous avions la foi, le feu sacré », confie Luc Wise. Après des expériences au sein de gros réseaux, Andrea, Pierre et Luc ont envie de mobilité. « Nous nous sommes mis dans la peau des annonceurs : qu’est-ce qui fait la valeur ajouté d’une agence aujourd’hui ? » Pour eux, il s’agit avant tout de pouvoir être réactif sans compromis sur la qualité, quel que soit le budget. Ils insistent également sur la culture multiple insufflée par les équipes et les clients. « Nous sommes une agence internationale basée à Paris ». Pour Pierre Callegari, « c’est assez différent de ce que l’on peut voir au sein des agences locales indépendantes : aucun de nous n’est franco-français et notre président est un créatif ; il ne sert pas à faire la vitrine comme c’est parfois le cas ailleurs ».
« Nous sommes tout-terrain ». Une position nécessaire, aujourd’hui, quand on sait que la publicité suit les évolutions de l’économie et que les frontières sont de plus en plus poreuses. « Nos esprits s’adaptent, nous avons des ‘’elastic minds’’ qui nous permettent de nous projeter, de comprendre ce qu’attend l’autre, d’avoir une empathie pour le client et le consommateur ». Il faut savoir réfléchir global, et local. « Nous évitons les idées ‘’météorites’’ : nous préférons penser des planètes, construire des galaxies ».
L’aventure suit l’aspiration d’entrepreneuriat des fondateurs. « Être entrepreneur, c’est avoir son destin en main ». Pour Luc Wise, la publicité depuis 60 ans s’est consolidée autour de grands groupes, qui ont notamment verrouillé l’actionnariat. « Ça donne envie de faire les choses par soi-même, de ne pas être dépendant des autres et de construire des choses, des campagnes, des lieux, des liens ».
Pour Pierre Callegari, la publicité n’est pas faite pour le monde du salariat. « Le métier est né avec des affichistes, des auteurs, des cinéastes ! ». Selon lui, les bonnes campagnes viennent avant tout d’individus, « on ne gagne pas à faire du taylorisme ». Luc Wise ajoute qu’il n’est plus nécessaire d’avoir des bureaux sur chaque continent pour distribuer une campagne au niveau mondial. « Le digital a permis beaucoup de choses : la distribution est facile aujourd’hui, et international ne veut plus dire réseau ». Si les gros groupes peuvent répartir les risques, le fondement du métier ne nécessite pas d’industrialisation, « c’est pour cela que les agences indépendantes fleurissent : les deux systèmes peuvent cohabiter, mais la nature du métier ne change pas. On fabrique des produits artisanaux, des prototypes : ce n’est pas compatible avec l’industrie ». Pour Andrea Stillacci, les grandes agences ont surtout vocation à répondre en miroir aux organisations de certains annonceurs, tout en répondant aux exigences des analystes financiers et des actionnaires.
« Aujourd’hui, nous sommes dans une phase de développement ». Le marché est dynamique en France, « ce n’est pas du tout le même scénario qu’il y a 7 ou 8 ans, il y a une véritable densité et élasticité des talents ». Et pour Herezie, c’est ainsi qu’il faut fonctionner : « quand on a la vitesse et la densité, le succès n’est pas un hasard ».
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