« Nous souffrons tous d’une course à la compétition entre agences », selon Jean-Baptiste Danet, Directeur Général de Dragon Rouge. Portrait.
Jean-Baptiste Danet a partagé sa carrière entre les annonceurs et les agences. « J’ai commencé chez Philips, parcouru les métiers du commercial au marketing puis travaillé sur des problématiques internationales, avant de quitter la marque pour un groupe anglais. Je voulais comprendre les metiers de la distribution et du B2B ». A l’époque, il voyage beaucoup entre Lyon, la Suisse et l’Angleterre. « Il a fallu que j’arrête de voyager et que je rentre à Paris. J’étais pressé, j’ai fini par dire à un chasseur de têtes que je prendrai le premier job disponible ». C’est ainsi qu’il rencontre un métier qui n’était, à l’origine, pas le sien au sein du groupe Havas. « Je suis arrivé pour repositionner une agence, Euro RSCG Design, un univers nouveau ». Puis il rencontre Gérard Barrau, Président Fondateur du groupe Architral, alors que ce-dernier pense à rejoindre un grand groupe. « Je pensais qu’il n’y serait pas heureux et que cela abimerait sa créativité. Je me méfiais des acquisitions dans ce domaine, qui conduisaient souvent à des déceptions. Les chocs de culture peuvent être fatal ». Finalement, Jean-Baptiste Danet prendra une participation dans l’entreprise de Gérard Barrau. « C’était la rencontre entre ce que je savais faire et le métier d’entrepreneur ». Se pose la question du devenir du Groupe : c’est en rencontrant les équipes d’Interbrand qu’il lui donne une nouvelle dimension. « Nous avons vendu Architral pour créer ce qui allait devenir Interbrand Paris ». Il en est le patron avant de devenir Président pour l’Europe. « L’agence s’était construite sur un modèle atypique, j’avais du céder mes actions et j’ai voulu tenter autre chose ». C’est ainsi qu’il rejoint Dragon Rouge en 2011, aux côtés des deux fondateurs, Pierre Cazaux et Patrick Veyssière « Le projet est magnifique, l’ambition aussi, et la culture entrepreneuriale qui infuse me correspond bien ».
« Je ne voyais pas d’intérêt à me retrouver dans une agence franco-française ». Ce qui motive Jean-Baptiste Danet, c’est de construire des choses qui ont plus d’ampleur. « L’ADN du réseau Dragon Rouge, c’est la créativité. Nous baignons dans un environnement où chaque journée apporte son lot de nouvelles problématiques, de nouveaux clients, de nouveaux modèles, de nouveaux talents ». En cela, une présence internationale est un atout. « Mais il faut veiller à respecter la culture locale : notre rôle, c’est de nous adapter sans calquer les modèles ». Il faut savoir définir sa géographie, « par rapport à son ambition de marque, bien sûr, mais c’est la condition du succès : cela a un impact sur les investissements, le positionnement et les talents ».
Pour lui, les agences devraient plutôt se préoccuper de leur posture et de leur métier que de la concurrence. « Notre environnement ultra concurrentiel exige de prendre du recul et nous devrions plutôt concentrer nos efforts à expliquer notre métier et nos points de vue selon les pays. Nous battre pour la qualité des idées et du travail réalisé ». Les leaders sont des piliers bénéfiques sur les marchés : « ils permettent de comprendre et de qualifier notre rôle essentiel à la vie des marques ». La diversité des agences est telle qu’il est difficile de définir le métier. « Nos métiers existent sans exister, restent complexes à définir. Autant de spécialisations, d’expertises pointues, et pas de modèle unique ». Les innovations et les challengers doivent permettre de réinventer les métiers. « Le digital et l’environnement qu’il crée permet de générer plus d’idées ». Pas forcément meilleures, mais dans cette complexité il faut être plus exigeant pour émerger. « Ce qui compte, c’est l’autrement. Imaginer des modèles différents et différenciants, c’est le réel rôle d’une agence de conseil et de création ».
« C’est compliqué, voire inutile de vouloir s’en tenir à expliquer exactement ce que l’on fait, comment nous sommes positionnés ». Les agences ont de tout temps travaillé pour des marques et des produits. « C’est encore plus complexe, notre seul produit, c’est ce que nous produisons dans nos têtes pour être choisis ». Son combat aujourd’hui, c’est de continuer à faire de Dragon Rouge « une marque différente et mondiale sur le design et l’innovation ».
Jean-Baptiste Danet constate un retour vertueux de la créativité depuis quelques temps. « Je ne parle pas que de la créativité du graphisme, mais de l’idée, de la façon de s’exprimer, et de l’audace ». Le seul point de différence aujourd’hui, c’est le talent. « Combiné à l’ambition et l’énergie, c’est le talent qui permet d’avancer. Le reste, ce n’est que le travail au quotidien ». La vie de l’entreprise est mouvante, il faut donc « anticiper si possible ; réagir, c’est obligatoire ; et gérer, c’est indispensable. Avoir peur ? Craindre ? Regretter ? Jamais de la vie ». Selon Jean-Baptiste Danet, il ne faut pas accepter de ne pas savoir. « L’inquiétude tire en arrière ». A son arrivée chez Dragon Rouge, il a voulu résumer 30 ans de l’agence en 2 mots : Create Generously. « La créativité, c’est notre métier, la générosité c’est l’avenir des marques que nous conseillons ». Il faut savoir trouver sa place…
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