Lancée en novembre 2016 sans publicité ni commerciaux en magasin, C’est qui le patron ? ! est la nouvelle marque la plus vendue de l’histoire de l’agroalimentaire. Nicolas Chabanne, emblématique antipatron de la marque, nous explique les clés de ce succès fulgurant.
En un an ce sont plus de 50 millions de litres de lait labellisés "C'est qui le patron ? !" qui se sont écoulés. La marque compte aujourd'hui une dizaine de nouveaux produits (oeufs, beurre, jus de pomme, steaks...) qui respectent le cahier des charges établi par les consommateurs sociétaires de La marque du consommateur. Leur dernier coup de force en date ? Obtenir que les briques de lait responsables du distributeur Monoprix respectent également ce cahier des charges strict, qui garantit une rémunération juste pour les producteurs. Face à la montée en puissance des consommateurs-citoyens, la marque qui restaure une dose d'équilibre et de justice sociale dans la grande distribution serait-elle en train de faire des émules ?
Comment arrive-t-on à mettre en place un modèle juste qui rapporte de l’argent ?
Pensez-vous que ce succès aurait été possible il y a quelques années ?
Après, il y a des éléments techniques : les réseaux sociaux ont permis aux gens de passer de consommateurs qui poussent un caddie, qui prennent un prix sans savoir ce qu’il y a derrière le produit, à des « consommacteurs » en capacité de comprendre et de participer à l’élaboration du cahier des charges.
Justement, selon quel procédé construisez-vous le cahier des charges de vos produits ?
N. C. : Pour la première fois dans l’histoire de l’agroalimentaire, un prix s’est construit au contact direct de celles et ceux qui allaient acheter le produit. L’idée forte du questionnaire en ligne créé par Laurent Pasquier c’est de simuler la formation du prix d’une brique de lait. On part du prix discount qui correspond à un cahier des charges réduit : 0,69 centime. Ensuite, on réfléchit point par point : est-ce que l’on améliore la rémunération du producteur ? Cela coûte 4 centimes. Est-ce que l’on veut le marquer sur la brique ? Là, c’est 8 centimes de plus. Est-ce que l’on enlève les OGM ? Cela coûte 5 centimes. Est-ce que j’achèterais cette brique à ce prix ? Si oui, on poursuit l’élaboration, en prenant en compte les fourrages locaux, etc. Pour la première fois, on veut les 5 centimes qui s’ajoutent au prix ! Les gens comprennent pourquoi la brique de lait est à 99 centimes et ils veulent l’acheter, puisque c’est la leur. Nous ne nous sommes pas arrêtés là puisque nous sommes allés contrôler ce cahier des charges. Nous avons réinvesti l’amont et l’aval.
Le seuil des 50 M de litres de lait équitable est franchi ! ? Merci à tous pour votre soutien #LePatronCestLeConso https://t.co/DAml3MIgRn… pic.twitter.com/uPIMoAHQkz
— C'est qui le Patron? (@C_qui_le_Patron) 4 mai 2018
Quel est le rôle de la coopérative La Société du consommateur ?
Comment pensez-vous entretenir la confiance des consommateurs à mesure que la marque se développe ?
N. C. : Nous avons mis en place un logiciel commun et collectif, comme une formule mathématique. Le principe fondateur reste intangible, le cahier des charges, lui, peut évoluer en fonction des besoins des consommateurs. Il suffit de conserver, en amont, cette vérité de consultation des consommateurs et, en aval, des contrôles stricts. Ce sont les consommateurs eux-mêmes, nos sociétaires, qui contrôlent. Ce contrôle positif et bienveillant permet d’autre part de recréer de la proximité avec les fabricants, les transformateurs. In fine, cela devient même un outil de communication : le fabricant est ravi de montrer qu’il fait les choses bien, et que ce soit les consommateurs eux-mêmes qui le disent à d’autres ! S’il le disait en faisant de la publicité le message ne serait pas compris de la même manière.
J'étais hier avec les sociétaires @Charlylevrai1 @Tatouuux @C_Sarafian, suivi par une équipe de @LaquotidienneF5, chez Jérôme un des éleveurs des poules qui font les œufs + équitables @C_qui_le_Patron ✅ Le cahier des charges est entièrement respecté. ? ? #SoutienAuxProducteurs pic.twitter.com/vGUnq9cKXb
— moicharlie (@moicharlie) 4 mai 2018
Le fait de manger est-il devenu un acte politique ?
N. C. : Manger c’est voter, manger c’est changer le monde ! Chaque bouchée est un petit coup de marteau sur le monde que l’on façonne. Voter tous les cinq ans, c’est frustrant, là c’est tous les jours : où va mon argent ? À quoi sert-il ? Quelle preuve ai-je de la qualité ?
Et il n’y a rien d’infantilisant. La logique c’est : je prends l’info, je maîtrise l’info, je relaie l’info et je décide. Cette force-là du consommateur-acteur est impossible à stopper.
Image de bannière : ©Getty Images
Ce papier est paru dans le hors-série "Benevolence" réalisé par L'ADN Studio en partenariat avec l'agence Change.
GENIAL
felicitations
JE NE VAIS PLUS ACHETER QUE DES PRODUITS
C'EST QUI LE PATRON
Alain ROUMAGNAC
Pourquoi 8 centimes pour marquer sur la brisure et seulement le moitié pour le producteur ???
Très bizarre !
Actuellement les producteurs qui ne sont pas dans la filière cqlp sont rémunérés 30cts . L'équitable paye un peu plus le producteur ( 9cts ) et le consommateur se donne bonne conscience et rapporte beaucoup à certains intermédiaire.
??????
bonjour
9 centime cela peut paraitre peu, mais c'est la différence entre un producteur qui agonise et un producteur qui peut, enfin, se verser un salaire décent.
Après, il faut être réaliste, le patron prend aussi sa part 😉
Tant qu'on reste dans le principe d'offre et de demande sans souci de l'idée de ce que coûte réellement un produit, quel qu'il soit, on sera toujours dans le faux.
Alors, ok, les producteurs sont mieux rémunérés et tant mieux, mais c'est toujours pas la solution idéale
Si justement c'est la bonne solution, on est bien sorti du système offre/demande. Le prix du litre acheté aux producteurs est garanti à un minima au dessus de leur coût de revient et le prix max à la vente est fixé à l'avance et inscrit sur la brique...
De plus, si ça fonctionne, ils pourront toujours proposer des laits encore plus sains et plus rémunérateurs pour les producteurs...
Quelles sont les enseignes où on trouve vos produits à Paris 10e
Nous habitons dansleVaucluse à Le Thor très exactement. Après un bon début il est devenu impossible de trouver des produits hors mis le beurre et le lait ( et encore pas toujours) dans toutes les enseignes du coin. J'ai fait plusieurs demandes sur le site dédié sans résultat. Je suis persuadée que d'un commun accord les enseignes ont décidé de boycotter la marque. Je trouve cela inadmissible !
Jojo
[…] Égérie : C’est qui le patron ? […]
Bonjour,
Une précision : les 39 centimes minimum que CQLP verse aux producteurs sont NETS : aucune marge n'est prise sur ces 39 centimes, qu'ils touchent en totalité.
C'est sur le prix global qu'une marge raisonnable pour le distributeur est incluse : si trop faible, personne ne distribuerait. Si trop forte, personne n'acheterait. C'est un juste milieu pour jn juste prix.
A quand une action soutenue pour favoriser sous cette marque les produits réellemnt bio ou en devenir bio ?