La campagne Ben&Jerry's en faveur du climat : quand c'est fondu, c'est foutu

Ben&Jerry’s veut faire changer la constitution. Rien que ça !

Vous ne le savez peut-être pas, mais Macron veut réviser la Constitution. L’occasion pour les associations de se faire entendre. Et pour Ben&Jerry’s de s’imposer comme justicier du climat.

Depuis 2015, Ben&Jerry’s martèle son engagement climatique. A coups de nouveaux parfums de crème glacée, d’opés, et de slogans bien pensés ( « Quand c’est fondu, c’est foutu !  » ), la marque médiatise le message tous azimuts.

En 2018, l'entreprise revient sur le terrain et en profite pour apporter son soutien à deux associations : CliMates et Place to B. L’objectif : inscrire la protection de l’environnement dans l’article 1 de la Constitution.

Vaste ambition !

Pour rappel, l’article 1 est celui qui définit la République française. Indivisible, laïque, démocratique, sociale… et bientôt solidaire et écologique ? « Nous voulons intégrer deux principes à cette définition », nous explique Jason Dozier, Vice-Président de CliMates. « Celui de limites planétaires, et celui de non-régression ». Le premier fait référence aux ressources environnementales qui s’épuisent bien trop vite, et le second imposerait de ne pas revenir en arrière lorsqu’une loi est votée. « Plus tôt cette année, les députés ont acté que les repas à la cantine devaient être constitués au moins à 20% de produits bio. En commission, le "bio" s'est transformé en "local"… »

Et puisque sur le sujet, Emmanuel Macron joue les fanfarons, pas question de se priver. « Il a clairement décidé de se positionner sur l’enjeu climatique. À nous d’en tirer profit… »

Pour soutenir ce projet, Ben&Jerry’s met des moyens de com’ inédits à la disposition des associations. « Nous ne sommes pas à l’origine de la campagne », précise Sandra de Lassus, Responsable marque France de Ben&Jerry’s. « Nous choisissons les associations que nous voulons soutenir, et nous servons de caisse de résonance auprès du grand public ». En témoigne la présence de la marque aux Solidays, en compagnie des associations. « Les gens en ont marre qu’on leur parle des ours polaires et de la banquise qui fond avec un discours anxiogène. Nous avons imaginé sur place un dispositif qui ancre les enjeux climatiques dans leur quotidien ». Et on n’hésite pas à faire vibrer la corde sensible des Français en brandissant des arguments chocs : si on ne fait rien pour stopper le dérèglement climatique, ce sont nos vignobles qui risquent de disparaître ! « Évidemment, plus on parle de sujets qui sont proches des gens, plus ils se sentent concernés ».

En parallèle des dispositifs de communication, une pétition est disponible en ligne.

Le soutien d’une marque aide-t-il vraiment les associations à mener leur combat ?

Ben, le fondateur de Ben&Jerry’s, a toujours affirmé que les entreprises ont la responsabilité de rendre à la communauté. « On a tendance à avoir une vision très tranchée : les associations sont engagées, les marques font du greenwashing. Mais il faut comprendre qu’il y a des entreprises – dont la nôtre – qui se sont construites sur ce principe d’engagement », rappelle Sandra de Lassus.  « Nous employons des réfugiés, des anciens prisonniers ou sans-abris. Nous nous engageons en faveur du mariage pour tous. Et nous avons une force de frappe que les associations n’ont pas ». Cette force de frappe se caractérise en ligne, notamment avec des communautés très mobilisées sur les réseaux sociaux, mais aussi dans la vraie vie, avec notamment une belle présence à l’esprit : « 10% des Français déclarent nous acheter au moins une fois par an ». Un atout non-négligeable quand on est une jeune association, comme le confie Jason Dozier. « Nous sommes une association jeunesse. Et c’est difficile de s’affirmer sur ce sujet : on nous renvoie parfois le sentiment que les jeunes ne sont pas légitimes pour s’exprimer sur le climat. Alors que nous sommes nés dans ce contexte d’urgence environnementale… » Dans cette configuration, la caution marque internationale permet d’apporter une certaine crédibilité. Sans compter que l’audience de CliMates est un public déjà éduqué. « C’est difficile d’élargir ce cercle sans une aide extérieure ». Il précise toutefois que l’aide ne doit pas venir de n’importe où : l’avantage avec Ben&Jerry’s, c’est que les codes de la marque se rapprochent de ceux de l’association. « Notre slogan, c’est 'Sexify the climate'. On retrouve ce ton fun de Ben&Jerry’s. C'est important que les messages transmis au grand public nous ressemblent ».

 

Pour découvrir la proposition de loi dans son intégralité, c’est par ici !

Mélanie Roosen

Mélanie Roosen est rédactrice en chef web pour L'ADN. Ses sujets de prédilection ? L'innovation et l'engagement des entreprises, qu'il s'agisse de problématiques RH, RSE, de leurs missions, leur organisation, leur stratégie ou leur modèle économique.
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