On retiendra de l'année 2020 que c'est celle où nous sommes tombés les deux pieds dans la matrice. Conséquence de l'explosion de nos usages numériques ? La naissance de l'économie des avatars...
L'économie des avatars... qu'est-ce encore que cette chose-là ? C'est très simple. Il s'agit d'un business entièrement numérique : je vends sur des interfaces numériques – des produits numériques – avec de la monnaie numérique. Vous voyez le e-commerce ? He bien c'est la même chose, mais un cran au-dessus. Au lieu de craquer pour ce fabuleux t-shirt que vous avez hâte d'arborer au bureau... vous allez désormais rêver offrir une combinaison numérique à votre avatar numérique.
2020 l’année, où nous sommes tombés dans la matrice…
L'économie des avatars, ce n'est pas nouveau... Mais à la faveur de la pandémie, de l'explosion de nos temps de connexion en ligne, et de la maturité des offres, elle tend à devenir courante. Lors de notre enquête sur les pratiques en ligne des internautes, nous avons constaté trois bouleversements qui expliquent cet engouement.
D'abord, la démocratisation d'une hyperconsommation d'Internet. On peut réviser toutes nos représentations du gamer enfermé dans sa chambre et qui serait forcément un homme, jeune et célibataire. Désormais, il n'existe plus de profil type et tout le monde est susceptible de basculer la majeure partie de son temps sur Internet.
Ensuite, il n'existe pas une seule matrice. L'univers numérique est incroyablement foisonnant (non, il n'y a pas qu'Instagram et TikTok sur la Toile) et chacun compose sa petite matrice personnelle.
Enfin, ces nouveaux usages provoquent de nouveaux comportements : les internautes sont de plus en plus enclins à basculer dans l'économie des avatars.
Le business des avatars est un business comme un autre...
Il peut paraître encore totalement baroque de dépenser du vrai argent pour acheter des objets totalement virtuels qui n'ont donc aucune existence dans le monde réel. Certes. Pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, cet acte d'achat numérique répond strictement aux mêmes mécanismes psychiques que nos actes d'achat IRL. C'est ce qu'explique le psychologue et psychanalyste Michael Stora. Mettre en avant la tenue de son avatar a la même valeur symbolique que l'achat des dernières baskets pour soi-même.
C'est ce que nous ont confirmé bon nombre d'internautes : il y a un plaisir certain et avéré à se faire plaisir dans les mondes virtuels.
Et l'accès à ce plaisir est de plus en plus facile. Le marché de l'économie des avatars est déjà très structuré : beaucoup de jeux vidéo ont développé des offres mais il existe du troc entre internautes, un marché noir alimenté par des hackers, et même des objets DIY...
La folie des NFT..., une autre expression de l'économie des avatars
C'est quoi, les NFT ? Imaginez pouvoir acheter, posséder, et même revendre, le GIF le plus célèbre du Web, NYAN CAT ? Hé bien, avec les NFT, la chose est désormais possible, et elle a même été réalisée. Prix de la vente ? 300 ethers (la seconde cryptomonnaie la plus célèbre après le bitcoin) soit près de 500 000 euros au moment de la vente.
Les NFT, c'est donc cela. Des jetons virtuels qui servent à certifier l’authenticité d'un objet numérique. Si je fais un dessin, je peux créer un NFT qui représente le certificat d'authenticité de mon dessin. Si quelqu’un possède ce NFT, il possède donc mon dessin.
Les NFT, encore un truc de geek ? Plus vraiment. Surtout depuis que le monde de l’art s’y frotte. Le 25 février, la célèbre maison de vente Christie’s annonçait mettre aux enchères une première création 100% numérique sous forme de NFT et achetable par cryptomonnaies. Une vraie consécration pour l’artiste 3D Beeple, qui n’a jamais eu l’intention de traîner dans les sphères de l’art contemporain, mais dont l'œuvre a été vendue à près de 70 millions de dollars sur la plateforme, le 11 mars 2021.
Est-ce que l'avenir du monde est dans la matrice ?
Imaginer des mondes entièrement numériques où nous pourrions vivre toute notre vie, et faire notre shopping... cela remonte au tout début d'Internet.
Plus que jamais, les grands noms de la Silicon Valley s'intéressent au concept dit des métavers. En 2019, Facebook avait annoncé en grande pompe l’arrivée d'Horyzon, son univers virtuel s’appuyant sur les casques de réalité virtuelle Oculus. Et les géants des jeux vidéo sont évidemment en première ligne. Les studios Epic Games ont d’ailleurs lancé en mai 2020, Party Royale Game, un monde virtuel dans lequel les joueurs de Fortnite ne peuvent pas se tuer mais où ils peuvent assister à des concerts ou des festivals... Tim Sweeney, le CEO d’Epic Games, a d’ailleurs déclaré récemment sur Twitter : « Fortnite est d'abord un jeu. Mais avec chaque mise à jour et les nouvelles créations de map, il se rapproche de plus en plus d'un endroit et d'une plateforme. 2021 sera une année très intéressante pour cela ! »
Pour en savoir plus, vous pouvez retrouver notre dossier "L'année où nous sommes tombés dans la matrice" dans le numéro 25 de la revue de L'ADN. Pour vous procurer votre numéro, cliquez ici.
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