
Toujours plus d’appareils connectés, plus de données collectées et plus d’applis énergivores... En marge de la Cop21, le constat est alarmant : les smartphones demeurent plus énergivores que nos réfrigérateurs ! Une tribune de Tapptic.
L’éco-conception pourrait bien s’imposer comme l’arme ultime face au syndrome de « l’obésité logicielle ».
Le smartphone plus glouton qu’un frigo !
La conclusion du physicien américain Mark Mills, PDG du bureau de conseil en énergie et technologie Digital Power Group -relayée par le magazine Time- résonne comme un tambour dans le contexte de la Conférence sur le climat (COP21). Un « téléphone intelligent » (smartphone) consomme en moyenne plus d’énergie qu’un réfrigérateur classique. On croit rêver et pourtant...
Un iPhone consommerait effectivement 361 kWh par an, contre 322 kWh pour un réfrigérateur classique.
En prenant de la hauteur, les TIC (technologies de la communication et information) consommeraient dans leur globalité environ 1.500 TWh par an, soit 10% de la consommation électrique mondiale ! Ou encore l’équivalent de l’électricité produite par l’Allemagne et le Japon chaque année.
Les smartphones et autres objets connectés consomment beaucoup d’énergie lorsqu’ils sont utilisés au maximum de leurs capacités, que ce soit lors de la charge de la batterie, d’échanges de données sans fil ou lors de l’utilisation d’applications.
Or, toutes ces applications installées consomment des ressources de calcul et de stockage. Même une application non utilisée peut être programmée pour envoyer des notifications à des serveurs distants et partant de là générer une consommation énergétique importante.
Eco-conception, la réponse pour réduire notre empreinte écologique !
Malheureusement, les marges de manœuvre conduisant à la réduction de la consommation énergétique des terminaux connectés sont très réduites, car ces appareils fonctionnent de manière continue. Par ailleurs, les constructeurs imaginent des modèles constamment plus puissants et recourant à des technologies toujours plus variées (NFC, Beacon, 4G, Bluetooth 4.2) et gloutonnes en énergie.
Et comme le soulignent opportunément les spécialistes, « plus nous utilisons de technologies sans fil, plus nous avons besoin d’électricité ».
A cet égard, nous utilisons déjà « 50% d’énergie de plus pour faire circuler des octets que pour déplacer tous les avions du monde ».
Comment répondre dès lors efficacement à la demande croissante d’énergie dans le secteur des objets connectés ?
On peut envisager plusieurs techniques pour réduire l’impact des applications. Certaines relèvent de bonnes pratiques, notamment en étant plus attentif à l’usage des connexions sans fil et à la configuration des applications en activant le mode économie d’énergie.
D’autres s’inscrivent plutôt dans ce qu’il est convenu d’appeler le génie logiciel et l’éco-conception logicielle.
L’éco-conception des logiciels consiste à optimiser leur empreinte écologique dans le but d’atteindre de réels gains en énergie. Et ça marche ! Pour faire simple, le principe repose sur l’utilisation d’algorithmes plus efficaces pour réduire leur demande d’énergie.
La démarche vise également à réduire les temps d’exécution et donc d’utilisation des processeurs.
Les développeurs ont déjà pris conscience de l’ampleur du phénomène et intègrent de plus en plus souvent des cahiers des charges destinés à éliminer les fonctionnalités inutiles tout en cherchant à optimiser les volumes de données générés.
A titre d’exemple, une modification des codes de la version mobile d’un site ou d’une appli peut réduire jusqu’à 30% l’énergie nécessaire au téléchargement ou à l’affichage des pages.
Certaines voix se font d’ailleurs entendre pour revenir à ces « anciennes pratiques » où l’on optimisait les codes en raison du coût élevé des ressources technologiques disponibles sur le marché (mémoire vive, processeur).
Bref, l’heure est à la prise de conscience ; car on sait aujourd’hui que des logiciels n’ayant pas bénéficié d’une démarche « éco-conceptuelle » entraînent une consommation énergétique élevée et conduisent in fine à un renouvellement de matériel prématuré... Dont l’impact négatif sur l’environnement n’est plus à démontrer !
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