Un univers futuriste avec des médias sur des écrans et des IA qui ressemblent à des humains

Tendances 2025 : bienvenue dans le « beyond » selon Amy Webb

© FB via Ideogram

La papesse des tendances tech a parlé ! 2025 marque le début d’un « supercycle technologique », selon Amy Webb. Au programme : une intelligence artificielle vivante, des bouleversements majeurs en biologie et une industrie médiatique contrainte de se réinventer.

Comme chaque année, Amy Webb anime la grande messe du festival South by Southwest pour y délivrer les grandes tendances de l’année. Pour 2025, la papesse des futurologues de la tech nous le promet : nous sommes passés dans le « beyond », ou l’au-delà en français. Dans une formidable accélération du temps qui nous donne collectivement l’impression qu’il se passe un siècle en l’espace d’un mois, Amy Webb estime que la convergence de l’intelligence artificielle, de la biotechnologie et des capteurs avancés a donné naissance à un « supercycle technologique ». Celui-ci va se traduire par une période de plusieurs décennies d’expansion économique, créant une vague de croissance suivie, tôt ou tard, d’un réajustement.

L'ère des robots vivants

Ce qui caractérise ce supercycle, c’est l’avènement de ce qu’elle nomme la « living intelligence », c’est-à-dire des systèmes composés d’agents générés par IA qui perçoivent, apprennent, s’adaptent et évoluent. Ils vont considérablement accélérer des domaines de la tech qui étaient en stagnation, comme le quantique ou la robotique. Pour cela, ces agents vont communiquer entre eux, sans intervention humaine, en utilisant un langage mathématique bien plus optimisé. Les IA ne vont plus seulement parler : elles vont agir de manière autonome, prendre des décisions à notre place et, bien évidemment, évoluer dans le monde physique. On pense immédiatement aux premiers robots humanoïdes qui arrivent sur le marché, mais notre futurologue évoque aussi un protocole de contexte modèle (Model Context Protocol), qui permet de connecter les données issues des capteurs posés dans le monde physique aux IA et de permettre aux algorithmes de comprendre de manière plus naturelle et fluide ce que cela fait d’évoluer dans un monde physique. Isaac Asimov a de quoi être fier !

Machine à molécules

L’IA ne va pas seulement nous faire vivre dans un monde de robots. Elle va aussi bouleverser les domaines de la biologie et des matériaux. Amy Webb explique comment des modèles comme AlphaFold 3 de Google DeepMind permettent de prédire la structure et les interactions de toutes les molécules composant les protéines biologiques, comme l’ADN. De quoi bouleverser les règles du domaine et permettre à n’importe quel chercheur d’obtenir des prédictions biologiques réalistes. La futurologue évoque ainsi la possibilité de faire pousser du riz composé de protéines de bœuf ou de développer des dents humaines dans des mâchoires de cochons pour de futures transplantations.

La fusion entre le vivant et l’informatique se renforce aussi avec les premiers ordinateurs organoïdes, comportant des puces de mini-cerveaux de 10 000 neurones attachés à des puces en silicone, réduisant ainsi les besoins en énergie pour les calculs.

Toujours plus d'énergie

Au-delà des scénarios amusants, comme les voitures en peau de rhinocéros ou les moteurs moléculaires pour spermatozoïdes, le rapport de 1 000 pages de FTSG (le cabinet d’Amy Webb) prévoit plusieurs externalités pour les années à venir. L’avènement du « beyond » devrait profondément modifier le paysage industriel de la tech et ses rapports de force. Les géants du secteur pourraient être forcés à collaborer avec d’anciens rivaux pour répondre aux besoins colossaux en calcul et en infrastructure, tandis que la résilience climatique devient un impératif stratégique, accélérant l’innovation dans les matériaux avancés, la biotechnologie et les modèles énergétiques durables. Le nucléaire, sous la forme des petits réacteurs modulaires financés par les mastodontes du numérique, est envisagé comme la solution clé pour soutenir la croissance énergétique. Ce bouleversement pose des questions sur la concentration du pouvoir, la sécurité des infrastructures et la gestion des ressources.

Et les médias dans tout ça ?

Ces changements vont aussi largement impacter l’écosystème des médias et de l’information. La prolifération de contenus synthétiques, que l’on connaît sous le nom de « slop », facilitée par l’IA générative, oblige les journalistes et éditeurs à se démarquer face à une information standardisée et souvent peu fiable. Dans ce paysage saturé, la confiance du public s’effrite, exacerbée par l’usage croissant de l’IA dans la production médiatique et la montée des manipulations informationnelles. L’évolution rapide et polarisée du paysage médiatique entraîne aussi des comportements contrastés : l’évitement des actualités pour préserver sa santé mentale et, à l’inverse, le doomscrolling, une consommation excessive et anxiogène d’informations.

Paradoxalement, on assiste à une redéfinition de l’expérience de recherche sur Internet. Les moteurs abandonnent progressivement l’approche traditionnelle des « 10 liens bleus » pour proposer des interactions plus intuitives et personnalisées. Les usagers utilisent de plus en plus la recherche vocale sur des modèles comme GPT-4o, capables de générer des conversations fluides et contextuelles, surpassant les assistants vocaux traditionnels. Inévitablement, les médias traditionnels voient leurs modèles économiques bouleversés : le financement publicitaire s’amenuise, alors qu’on leur demande de restaurer la confiance du public et de préserver l’intégrité de l’information. Pour faire face, les grandes rédactions sont incitées à explorer de nouvelles sources de revenus, qu’elles soient philanthropiques ou issues de partenariats avec les plateformes technologiques.

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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