3 femmes serviettes sur la tête et lunettes sur le enz lisent des magazines féminins

La presse féminine se veut plus féministe, mais y parvient-elle ?

© Antoni Shkraba

Critiqués à maintes reprises pour leur manque de féminisme, les magazines féminins ont commencé à se réinventer en publiant des articles plus inclusifs, mais aussi en traitant des violences sexistes et sexuelles. Ce virage fait-il vraiment la différence ?

Un vent féministe semble souffler sur les sites de magazines féminins. À côté des sempiternels articles sur les « barrières cutanées agressées » et les potins mondains de la famille royale britannique, on trouve des sujets bien plus féministes. Chez Marie Claire, par exemple, on nous explique en quoi consiste la tendance du microféminisme sur TikTok. Et ce n’est pas le seul à adopter cette ligne. Chez Madmoizelle, on s’intéresse aux violences sexuelles dans la littérature pour jeunes adultes, ou on aborde les viols et agressions sexuelles dans le domaine du cinéma. De son côté, Femme Actuelle publie un article sur Ève Gilles, Miss France 2024, qui « s’affirme face aux critiques sur sa morphologie » , ainsi qu’un état des lieux de la France sept ans après l’explosion du mouvement #MeToo.

Les pages société ne sont pas les seules à connaître cette mise à jour. Dans les pages beauté et mode, on retrouve des articles plus inclusifs, apportant des conseils pour trouver de beaux vêtements grande taille, mais aussi des sujets sur le cheveu afro, symbole d’affirmation de soi dans le sport féminin, ou encore sur les sneakers, le nouvel outil de pouvoir des femmes dirigeantes.

Simple tendance ou conviction réelle ?

S’il est difficile de quantifier l’ajout d’articles féministes dans ces magazines, le changement de ton est indéniable…, et plutôt nécessaire. Face à la montée du féminisme en ligne et aux grandes enquêtes des médias d’investigation comme Mediapart (qui a notamment travaillé sur les affaires PPDA ou Gérard Depardieu), la presse féminine a bien dû se réinventer.

Pour certains médias, ce virage éditorial est plutôt récent. C’est notamment le cas du magazine ELLE qui, après avoir été le premier à révéler l’affaire Gérard Miller, a affirmé en février dernier avoir revu sa copie et surtout ses angles. « On s’est rendu compte que, souvent, ces sujets liés aux femmes et au féminisme étaient mis au dernier plan », explique Ava Djamshidi, la rédactrice en chef du magazine, en poste depuis 2023. « On s’est dit : “stop”. On ne peut pas être leader de la presse féminine si on n’écrit pas sur la question des violences sexuelles et sexistes. C’était très bien de faire des papiers en rebondissant sur les infos de Mediapart et de Libération, mais il fallait qu’on ait la possibilité de produire nos propres enquêtes ». Depuis, la rédaction a embauché une journaliste spécialisée dans les sujets police et justice, et a étoffé sa proposition d’articles sur les violences sexistes et sexuelles avec des enquêtes exclusives sur les viols de Mazan ou sur l’affaire Godrèche.

La publicité vaut-elle le prix du changement ?

Si l’implantation de cette sensibilité féministe est une excellente nouvelle, la partie n’est pas pour autant gagnée. On peut toujours retrouver des articles qui présentent mille et une façons de perdre du poids, avec des titres comme « déconfiner ses kilos », ou « combien de calories faut-il brûler par jour pour perdre un kilo ». Il semble donc évident que l’insertion de sujets féministes se présente comme un « effort » de la part de ces publications, et non pas comme un changement révolutionnaire. Le contraste est d’autant plus marqué au niveau de la publicité. Toujours bien présents dans les féminins (comptez entre 30 et 40 pages pour un magazine d’environ 130 pages, sans compter les publireportages), les encarts affichent le cliché de la femme filiforme, sans défaut, très maquillée, retouchée et « parfaite » selon les carcans de la société. Une vision qui va bien à l’encontre des pages féministes, mais dont les féminins ne peuvent se défaire à cause des revenus que cette publicité engendre, revenus qui couvrent souvent le coût de fabrication du magazine avant même sa mise en vente.

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commentaires

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  1. Avatar Anonyme dit :

    Même si bien évidemment il ne faut en aucun cas se moquer d'une personne en surpoids, ou la discriminer, tout simplement parce que c'est mal de se moquer des gens pour quelque raison que ce soit ou de les discriminer en raison de leur apparence physique, je maintiens que ce n'est pas rendre service aux jeunes gens filles ou garçons en surpoids de leur dire qu'elles ou ils sont très bien comme ça. Parce que l'obésité est mauvaise pour leur santé. Il faut les encourager à maigrir et les y aider.

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