une femme à moitié effacées dans une cuisine

Sur le Web, les femmes sont invisibles ou enfermées dans la cuisine

© DJR via Dream Studio

Le Haut Conseil à l’Égalité Entre les Femmes et les Hommes vient de sortir un rapport accablant sur la place de la femme dans les espaces numériques.

Quelques jours après la colère des militantes féministes quant à l’absence quasi systématique des femmes dans les vidéos de divertissement sur YouTube, un rapport du Haut Conseil à l’Égalité Entre les Femmes et les Hommes confirme cette impression. Intitulée « La femme invisible dans le numérique », cette étude trace un parallèle évident entre le YouTube ou le TikTok d’aujourd’hui et la télévision d’il y a 10 ans. En se reposant sur l’analyse des 100 contenus les plus vus sur YouTube, TikTok et Instagram, le rapport montre que les femmes sont systématiquement sous-représentées, invisibilisées, caricaturées voire agressées. 

Où sont les femmes ?

Sur YouTube, il est question d’un véritable monopole masculin avec seulement 8 % des vidéos conçues uniquement par des femmes et 52 % de vidéos mixtes. On compte en tout 3 vidéos sans aucun homme contre 45 vidéos faites sans aucune femme. Quand les femmes sont invitées, ces dernières ne représentent que 17 % des personnages principaux. Autrement dit, elles sont constamment reléguées à des rôles secondaires. 

Sur TikTok, la situation n’est guère mieux. Sur 100 contenus analysés, 31 semblent être gérés par des femmes ou cogérés par un couple hétérosexuel. Au sein de ce nombre réduit, seuls 11 comptes sont totalement gérés par des femmes. En termes de représentation, les femmes ne sont que 36 % à jouer un rôle contre 64 % des hommes. Ces derniers s‘octroient aussi en majorité les premiers rôles et les rôles secondaires, notamment dans les vidéos de danses ou de pranks.

On pourrait croire que la situation est différente sur Instagram, tant le réseau est identifié comme étant féminin. En premier lieu, il y a de quoi espérer avec une présence plus importante de femmes, mais qui reste minoritaire, à 44 % des rôles principaux. Cependant, l’étude note que ces dernières sont sous-représentées dans des rôles professionnels ou dans l’espace public. À l’inverse, elles sont majoritairement représentées au sein du foyer ou au milieu de leur famille.

Clichés sexistes

Au-delà de leur invisibilisation, les femmes sont généralement cantonnées à des stéréotypes de genre sur l’ensemble des plateformes. Sur Instagram, la femme est majoritairement une maman dont les émotions et le physique sont mis en avant. 63 % des contenus font la promotion de physiques stéréotypés comme une forte poitrine ou des lèvres pulpeuses. À l’inverse, les hommes endossent soit le rôle de l’amuseur soit celui de la figure ultra-virile qui protège. Les femmes ne sont généralement là que pour accompagner ces derniers. Sur TikTok, la femme est au choix réservée ou hystérique. Enfin 24 % des contenus de YouTube présentent des éléments de violence verbale (48 %) et physique (39 %). 

David-Julien Rahmil

David-Julien Rahmil

Squatteur de la rubrique Médias Mutants et Monde Créatif, j'explore les tréfonds du web et vous explique comment Internet nous rend toujours plus zinzin. Promis, demain, j'arrête Twitter.

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