Réutilisation des eaux usées : comment Montpellier étudie de nouveaux usages

Réutilisation des eaux usées : comment Montpellier étudie de nouveaux usages

© Ivan Bandura

Cap sur la métropole de Montpellier, où la réutilisation des eaux usées traitées fait l’objet de nombreuses expérimentations.

Un peu moins d'1 % des eaux usées traitées sont réutilisées en France. La réutilisation des eaux usées traitées (ou REUT pour les intimes) est pourtant une solution prometteuse pour économiser les ressources en eau. À Montpellier, on se penche sérieusement sur la question depuis quelques années déjà. Depuis 2016 exactement, année au cours de laquelle la métropole héraultaise a commencé à expérimenter sur le sujet et à explorer de nouveaux usages possibles. Décryptage.

L’ADN s’associe à l’opération Éco d’Eau, initiée par Veolia, et vous propose de partir à Montpellier, où de nombreuses expérimentations sont menées sur la réutilisation des eaux usées.

La station d’épuration de Murviel lès Montpellier, où est expérimentée le maraîchage avec de l’eau usée traitée.⎪©Christophe Ruiz – Ville et Métropole de Montpellier

Quand la REUT peut venir en aide à l'agriculture

Autour de Montpellier, les vignes ne manquent pas. Il y a quelques années, celles-ci n'avaient pas besoin d'arrosage, se contentant des pluies. Mais le réchauffement climatique est passé par là. Et si les eaux usées traitées servaient à irriguer la viticulture ? C'est ce à quoi le laboratoire de recherche installé à la station d'épuration de Murviel-lès-Montpellier s'attèle. 

Sous une serre de recherche, des cultures en bacs hors sols arrosées avec des eaux usées prélevées à plusieurs étapes du traitement de la station permettent d'analyser les risques de contamination des sols ou des végétaux. Un peu plus loin, c'est une parcelle agricole sur laquelle pousse des vignes qui est irriguée à l'aide d'un système de goutte-à-goutte par les eaux usées traitées provenant de la station d’épuration. 

« À Murviel-lès-Montpellier, on travaille sur des sujets essentiels pour la REUT à usage agricole : les risques sanitaires et environnementaux, les rendements agricoles ou encore le développement de biofilms lié au caractère très nutritif des eaux usées… », explique Anne-Bénédicte Wommelsdorf, de la Régie des eaux de Montpellier.

Bois et biodiversité

À quelques kilomètres de là, la station d'épuration de Saint-Drézéry expérimente d'autres usages de la REUT. La station irrigue en effet déjà deux parcelles.

La première vise à développer la biodiversité : des haies d'espèces locales ont été plantées et une prairie ensemencée d'espèces rudérales. « Seules les haies ont été arrosées les premières années car le sol est sec », précise Anne-Bénédicte Wommelsdorf. Ajoutant : « Au bout de deux ans d'expérimentation, même si les haies étaient encore petites, on a pu dénombrer une biodiversité plus importante, plus d'espèces végétales présentes dans la prairie et plus d'insectes et d'oiseaux. »

La deuxième parcelle de Saint-Drézéry est plantée de saules buissonnants, des arbres à croissance rapide mais qui nécessitent un arrosage pour s’enraciner dans la région de Montpellier. L'objectif de cette parcelle ? « Nous voulions planter des saules pour qu'ils produisent rapidement du bois. Bois que nous pourrons ensuite valoriser dans les chaudières urbaines de la métropole. »

La station de traitement des eaux usées de Maera à Lattes (34). Des travaux de rénovation ont lieu depuis juillet 2023 (et pour 4 ans), elle produira à terme une quantité d’eaux usées traitées destinées aux besoins du site, à l’arrosage des espaces verts et des jardins en toiture. Maera pourra valoriser annuellement jusqu’à 1,3 Mm3 d’eau recyclée.⎪©Christophe Ruiz – Ville et Métropole de Montpellier

La REUT ou comment adapter la qualité de l'eau aux usages

La Régie des Eaux de Montpellier travaille avec la Métropole, l'Institut européen des membranes (laboratoire de recherche montpelliérain) et le bureau d'études DV2E sur un projet européen : « ReWa » (pour Recycled Water) for LIFE qui ambitionne d'aller à la conquête des nouveaux usages de la réutilisation des eaux usées traitées.

Anne-Bénédicte Wommelsdorf coordonne le projet : « La REUT coûte relativement cher à faire dès lors qu'il faut retraiter l'eau après la station d'épuration. On s'est alors posé la question : est-ce qu'on ne peut pas essayer de mutualiser les moyens ? Et c’est là qu’a été imaginé une unité de traitement mobile. »

Autre point essentiel du projet : il sera possible de moduler le traitement selon la qualité souhaitée. « Nous pourrons produire quatre qualités d'eau différentes, chaque qualité correspondant à un panel d'usages ». Ainsi, la meilleure qualité, correspondant à un A+ européen, sera destinée aux usages où il y a un risque sanitaire lié aux aérosols (nettoyage des voiries, lutte contre les incendies, usages internes à la station d'épuration de nettoyage sur lesquels il va y avoir des projections). La qualité numéro 2 permettra l'hydrocurage des réseaux d'eau usée et d'eau pluviale, l'arrosage des espaces verts et de cultures maraîchères ; la qualité numéro 3 le nettoyage de process capotés à l'intérieur de la station d'épuration ; la qualité numéro 4 l'irrigation agricole.

L'objectif de production dans le cadre du projet ? 110 m3 / an avec une capacité de production de 25 m3 / heure. L'engin itinérant devrait desservir le territoire à partir de fin 2024.

Une station d'épuration en rénovation qui inclut la REUT dans son fonctionnement

Située à Lattes, la station d'épuration Maera traite une grosse partie des eaux usées de la métropole de Montpellier. Sa rénovation en cours (les travaux devraient prendre fin en 2027) prévoit d'intégrer une unité de production d'eaux usées traitées réutilisables à des fins agricoles. Ces eaux usées traitées pourront être utilisées à l'intérieur de la station mais également mises à la disposition des agriculteurs locaux. 


Éco d’Eau est une initiative qui permet à tous –collectivités, entreprises, associations, citoyens– de s’engager pour préserver la ressource en eau. Pour rejoindre le mouvement, c’est par ici !

Discutez en temps réel, anonymement et en privé, avec une autre personne inspirée par cet article.

Viens on en parle !
Podacast : En immersion
commentaires

Participer à la conversation

Laisser un commentaire