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Étude : les effets toxiques du porno sur la sexualité

© Mart production

Une récente enquête alerte sur les ravages de la pornographie sur l’imaginaire et le répertoire sexuel des Français, notamment chez les jeunes.

À l’occasion de la présentation à l’Assemblée du projet de loi numérique visant à fustiger les sites pornographiques ne contrôlant pas l’âge de leurs visiteurs, l’Ifop publie une enquête* qui montre en quoi la pornographie véhicule les scripts d’une « sexualité toxique » associant violence, non-consentement et domination masculine. À la suite de la publication d'un rapport sur les violences faites aux femmes dans l'industrie pornographique, l'étude analyse les effets de cette violence sur les consommateurs et son rôle dans la construction d’un imaginaire sexuel générateur de scripts ultra-sexistes.

Protéger les mineurs, une priorité

Selon l'enquête, le projet de loi visant à renforcer les pouvoirs de l’ARCOM contre les sites X et à empêcher l’accès des mineurs aux sites pornographiques fait consensus. Un débat d’autant plus légitime que le nombre de jeunes initiés à la pornographie en ligne avant l’âge de 15 ans a doublé au cours des dix dernières années, passant de 30 % il y a dix ans à 57 % aujourd'hui. Afin de protéger les mineurs, 91 % des Français seraient ainsi favorables à ce que l’autorité de régulation ait le pouvoir de bloquer les sites X et/ou les sanctionner financièrement lorsqu’ils n’empêchent pas réellement leur accès aux mineurs. Pour 89 % des sondés, la protection des mineurs est le sujet prioritaire, loin devant d’autres principes avancés par les opposants au projet, comme la liberté d’expression (53 %), ou la protection de l’anonymat des amateurs de pornographie en ligne (41 %). Mais comment protéger les mineurs ? Parmi les dispositifs les plus soutenus, le contrôle de l’âge via un « certificat de majorité anonyme » est plébiscité à 75 %, suivi par un contrôle par carte bancaire (55 %) et par analyse faciale (45 %).

La culture porn renforce la culture du viol

Le renforcement des conditions d’accès aux sites X apparaît d’autant plus nécessaire qu’au regard des résultats de l’étude, « la consommation de pornographie en ligne favoriserait les violences symboliques, psychologiques et physiques subies par les femmes dans leur vie intime. » L'enquête rapporte qu'en véhiculant des représentations de femmes-objets soumises à la domination masculine, la pornographie ne propage pas seulement des croyances sexuelles stéréotypées qui altèrent le rapport des consommateurs à la sexualité : elle contribue aussi chez beaucoup d’amateurs du genre à renforcer la « culture du viol » . L'étude montre ainsi que la disposition des hommes à la violence durant l’acte sexuel est d'autant plus forte que leur consommation est intense ou précoce. Ainsi, un tiers des amateurs très réguliers de porno admettent ne pas avoir toujours respecté le consentement de leurs partenaires à certaines pratiques sexuelles (contre seulement 10 % des hommes ne fréquentant jamais les sites X). Une réalité confirmée par les femmes : une sur deux rapporte qu’elle a été initiée contre son gré à des pratiques sexuelles typiques de la « culture porno » . À titre d'exemple, pour plus de quatre femmes sur dix, la première sodomie a été un acte qu’elles ont soit « été forcées de faire contre leur volonté », soit « qu’elles ont accepté de faire alors qu’elles ne le souhaitaient pas vraiment ».

Source : étude Ifop pour MonPetitVPN réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 15 au 18 septembre 2023 auprès d’un échantillon de 3 014 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

Peggy Baron

Chaque jour je m'installe à la terrasse de l'actu et je regarde le monde en effervescence. J'écris aussi bien sur les cafards cyborg que sur le monde du travail, sans oublier l'environnement et les tendances conso.

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