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Déconnexion : pourquoi on n’y arrive pas ?

Joignable H24, checkant nos e-mails au coucher comme au réveil, attentifs à la moindre notification, la notion d’heures de travail est devenue floue, et extensible. Plus d’un an après la création d’un droit à la déconnexion, ça coince toujours.

La majorité des cadres continuent de travailler pendant leur temps libre. Ce constat, dressé d’après une enquête réalisée pour le syndicat Ugict-CGT et le cabinet Sécafi, est le signe que la majorité des collaborateurs en France ne déconnecte pas, même une fois sorti du cadre professionnel stricto sensu. Le danger est pourtant connu. Le fait d’avoir un outil numérique à sa disposition est un facteur de stress pour les salariés. Ainsi, ils ne sont que 25 % à réellement déconnecter pendant les week-ends et les vacances.

C’est pourquoi 57% des cadres interrogés disent souhaiter bénéficier d'un réel droit à la déconnexion indique cette même étude. Et pourtant un tel droit existe déjà.

En janvier 2017, la loi Travail un droit à la déconnexion, permettait de se couper de tout matériel informatique durant ses heures de repos. Dans les faits, rien n’a réellement évolué. Les outils de communication et de partage de projets font que chacun reste connecté, de peur de rater une information ou d’être en retard dans son travail.

Pourtant, la loi entrée en vigueur oblige les entreprises de plus de 50 salariés de trouver un terrain d’entente avec les organismes sociaux (syndicats, représentants ou délégués du personnel). L’objectif est alors la mise en place de « dispositifs de régulation de l’utilisation des outils numériques, en vue d’assurer le respect des temps de repos et de congé, ainsi que de la vie personnelle et familiale ».

Malgré l’existence de ce droit, les attentes des salariés ne sont toujours pas entendues. Résultat, près de 70% des personnes interrogées souhaitent que l’équilibre entre vie privée et professionnelle soit à l’avantage du temps personnel (71% des femmes, 66% des hommes). Un souhait, pour le moment non-exaucé.

La Corée du Sud éteint les ordinateurs à 19h

Pour que les collaborateurs « décrochent » de leurs outils informatiques quotidiens, certaines entreprises décident de leur forcer la main. En Corée du Sud, les fonctionnaires de Séoul ne seront prochainement plus en mesure d’utiliser leurs ordinateurs après vendredi 19h. Tout simplement parce que ces derniers seront éteints. Tout le monde pourra ainsi partir du bureau avant 20h… tout du moins en principe.

La mesure n’a pas été bien reçue. Plus de 67% des fonctionnaires concernés ont d’ores et déjà formulé une demande visant à être exempté de cette véritable extinction générale des feux. Mais l’administration a été ferme, aucune exception ne sera accordée. Toutefois, la mesure sera implémentée en 3 temps. L’extinction se fera en premier lieu à 20h, puis à 19h30 le mois suivant et enfin à 19h le mois d’après.

L’objectif est ainsi de réduire la durée maximale d’heures de travail hebdomadaire à 52, contre 68 actuellement. La mesure demeure stricte et d’autres solutions, plus douces, ont été mises en place en France.

En France on a des solutions mais pas de sanctions

Sur nos terres, plusieurs expérimentations ont été mises sur pied afin de donner plus de libertés aux collaborateurs. Au sein d’Orange par exemple, il n’est sujet que d’une incitation à ne pas se connecter aux boites professionnelles. Une initiative louable mais dont l’efficacité reste à démontrer.

En Allemagne, la firme Volkswagen met en veille les serveurs reliant sa flotte de smartphone à 18 h 15 jusqu’à 7 heures le lendemain. La manœuvre est radicale mais a le mérite d’être efficace. En France, les syndicats regrettent le manque d’encadrement réel de ce droit à la déconnexion. C’est pourquoi l'UGICT-CGT (représentant les ingénieurs, cadres et techniciens) nous rappelle que le texte de loi souffrait de manques, dès sa conception. Sa porte-parole précise :   « Nous sommes sur une question de santé publique sur la question du temps de repos. Il manque en France des mesures fortes capables d’encadrer réellement ce droit à la déconnexion ».

Le droit à la déconnexion n’est, pour le moment, qu’une vague obligation. Pourtant, les conséquences de cette hyper-connexion peuvent être graves et conduire au burn-out, au stress chronique ou à des arrêts-maladie.

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commentaires

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  1. Avatar HL dit :

    juste pour vous signaler le thème du colloque annuel de l ICF société de coaching sur le thème: comment conserver la qualité des relations dans un monde hyper connecté?Je ne sais pas comment sera traité le sujet mais je le trouve bien posé. Il pourrait être dit que c'est aussi dans l'intervalle de connexion et déconnexion que peut exister l'espace aux liens durables. l’alternance, c'est une forme de rythme et le rythme c'est la vie!

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