
Rumble, le YouTube ultraconservateur et complotiste américain, tente d’attirer un nouveau public jeune avec une émission de divertissement ultra-violente.
Vous êtes un gamin de 14 ans, vous aimez l’humour débile et edgy et vous vous gavez de vidéos violentes sur Internet… Le « power slap » est forcément pour vous. Depuis 2020, cette « discipline » de combat qui consiste à se coller des baffes jusqu’à ce que l’adversaire ne puisse plus se relever gagne en visibilité sur les réseaux et notamment ceux de l'alt-right, l’extrême droite américaine. Très populaires sur TikTok, ces vidéos servent en fait d’appât pour attirer un public jeune vers des plateformes bien plus dangereuses.
Un sport dont personne ne veut, sauf les fachos
Après avoir démarré dans les recoins sombres du web russe, les concours de claques ont gagné les États-Unis vers 2017. Avec la pandémie, les vidéos de ce type de concours explosent et l’organisation américaine d'Ultimate Fighting Championship lance une ligue officielle, accompagnée d’une émission télé intitulée Power Slap: Road to the Title diffusée sur TBS (une chaîne de Warner Bros). Le show va réunir plus de 400 000 téléspectateurs lors de ses deux premières diffusions, un succès relatif comparativement aux matchs de catch. Mais ce sont surtout les neurologues qui vont tirer la sonnette d’alarme en indiquant qu’une claque qui met un individu au tapis est assez puissante pour causer des blessures graves au cerveau. Après une saison, l’émission est annulée à la télévision tout en étant récupérée par une plateforme vidéo web obscure : Rumble.
Créée au Canada en 2013, Rumble est une copie alternative de YouTube qui a connu son quart d’heure de gloire en 2021 après l’insurrection des partisans de Trump au Congrès américain. C’est elle qui a récupéré les créateurs de contenu d’extrême droite et conspirationnistes, après le grand ménage effectué par Twitter et YouTube. D’après une étude de Media Matters for America, le site compte jusqu’à 44 % de créateurs liés à QAnon. Même si ses audiences et ses recettes publicitaires augmentent et que de grands investisseurs comme Peter Thiel y ont injecté de l’argent, la plateforme n’est toujours pas rentable. Elle a donc signé des contrats avec tout un tas d’autres créateurs et de networks compatibles avec ses idées (ou pas trop regardants). À présent, on y trouve des streameurs de jeux vidéo, des commentateurs d’actualité, des fans de sport ou de musiques ou des vidéastes qui font des canulars en caméras cachées. De quoi rapporter 58 millions d’utilisateurs actifs au dernier trimestre 2023. C’est justement dans ce créneau du divertissement que vient s’inscrire le Power Slap.
Attirer du sang neuf
Comme l’explique bien Justin Horowitz dans une vidéo sur YouTube, les jeunes internautes sont très attirés par ce type de sport ultra-violent. Une semaine après sa première diffusion en septembre 2022, le concours de baffe avait réuni plus d’un million de personnes. À présent, Rumble propose en plus des évènements, une émission d’une heure consacrée à récapituler les différentes compétitions. Le tout sera glissé entre une vidéo de Sneako, un influenceur misogyne et antisémite et des vlogs sur la Terre plate. À quelques mois de la présidentielle américaine qui aura lieu en novembre prochain, l'extrême droite américaine s'arrange pour attirer toujours plus de potentiels électeurs.
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