Les clones de Tom Hanks et Robin Wright par Metaphysic

Urgence AI self : doit-on créer notre double numérique avant que d’autres ne le fassent ?

© Metaphysic

La startup Metaphysic AI propose aux célébrités de créer, gérer et monétiser leur clone virtuel. Et selon eux, on devrait tous faire de même.

« Copyright your AI self ! » Voilà comment les Britanniques de Metaphysic AI résument leur produit. La startup propose aux célébrités de créer, gérer, protéger, et monétiser leur clone numérique – avant que d’autres ne le fassent à leur place. Les acteurs Tom Hanks ou Anne Hathaway, l’influenceuse Paris Hilton, ou encore la tenniswoman Maria Sharapova ont déjà créé le leur. À l’heure où Trump publie des deepfakes de Taylor Swift soutenant sa campagne américaine malgré elle où que de petits malins utilisent des clones d’Élise Lucet pour fourguer des cryptos, on voit que les personnalités publiques sont plus que jamais exposées à l’usurpation d’identité. Selon Metaphysic AI, il devient donc urgent pour eux – comme pour nous tous – de prendre les devants.

En chair et en IA

« Aujourd’hui, on cède déjà beaucoup de nos données, nos cookies, nos données de tracking, à de grosses compagnies. Et ces données leur appartiennent à partir du moment où on utilise leurs services. Nous voulons faire en sorte que cela n’arrive pas pour nos visages, notre voix, et qui nous sommes en tant que personne », expliquait récemment Tom Graham, CEO de Metaphysic AI. Et la startup s’y connaît en clones numériques, puisqu’elle est à l’origine spécialisée dans l’utilisation d’effets visuels en IA pour le cinéma ou le show-business. Ils ont bossé sur le film Mad Max Furiosa, sur le rajeunissement de Tom Hanks dans son nouveau film Here, ou sur celui d’Eminem dans son clip évènement Houdini. La startup a aussi ramené Elvis Presley d’entre les morts pour faire participer son clone à l’émission America’s Got Talent – en chair et en IA. Mais alors, comment fonctionne ce copyrighting d’identité numérique, qui vous permettra d’éviter qu’un clone ne fasse n’importe quoi de vous sur Internet ?

Activisme juridique & « personal IP »

Légalement, on est dans une zone grise, puisque personne n’a eu à appliquer un copyright sur soi-même – Tom Graham est le premier à avoir essayé et lancé le mouvement aux US. En gros, Metaphysic AI propose de copyrighter un portfolio de données qui peuvent être utilisées pour créer des clones IA de vous, et la startup propose même d’en créer de très bonne qualité afin de copyrighter vos données biométriques précises. Cela permet notamment de faire supprimer un contenu plus rapidement par une plateforme, en cas d’usurpation d’identité numérique. « C’est une forme d’activisme juridique, car nous repoussons les limites de ce qui est possible en termes de cadres juridiques conventionnels », explique Tom Graham, qui tente en ce moment de faire évoluer la loi américaine sur le copyright, et voudrait à terme créer une marketplace mettant en lien des producteurs avec les actifs numériques des célébrités. En gros, une plateforme de location d’identité. Mais d’après Tom Graham, Metaphysic ne s’intéresse pas qu’au business. « Nous voulons un avenir où les gens ordinaires ont le contrôle sur qui ils sont (...) Nous travaillons principalement avec des célébrités aujourd’hui, mais à un moment, cette technologie s’étendra et affectera chacun d’entre nous », prévient-il. Si l'on va devoir mieux protéger nos identités numériques à l’avenir, voire se créer une « personal IP » (une propriété intellectuelle personnelle), on va aussi devoir se protéger contre les deepfakes d’autrui, ou prouver qu’on n’est pas un clone IA créé par d’autres.

World ID & identité décentralisée

Nous faudra-t-il bientôt avoir une sorte de carte d’identité d’Internet, prouvant qu’on est humain ? C’est ce que propose le fondateur d’OpenAI Sam Altman avec son projet World ID, qui nous invite à nous faire scanner l'œil par son appareil de numérisation d’iris appelé «Orb » – en échange de jetons de sa crypto WLD. Avec son système de « Proof of Personhood », Sam Altman veut donc apporter la solution au problème qu’il a en partie créé avec OpenAI, mettant sur pied un grand réseau mondial d’identité vérifiée et enregistré sur la blockchain – Altman promet que le projet sera de plus en plus décentralisé, on se permet d’en douter. 15 millions de personnes ont en tout cas déjà une de ces World ID d’après Tools for Humanity, la société qui chapeaute le projet. Son CEO Alex Blania s’inquiétait récemment dans une interview vidéo que, « dans les années à venir, plus de 90 % de tout ce avec quoi on interagit ou que l’on voit (sur le Net), sera créé ou amélioré par IA. C’est un problème. Enfin pas un problème pour tout… », se reprend-il toutefois, avant de nous présenter tous les bénéfices de l’IA. Le boss de Tools for Humanity ne voudrait quand même pas se faire taper sur les doigts par son tech gourou d’associé. Alors qu’on entend parler d’un nouveau réseau social décentralisé baptisé lui aussi Orb – rien à voir avec Altman –, qui promet de redonner aux utilisateurs le contrôle et la propriété de leurs données, on se dit que les dangers de l’IA pourraient initier un mouvement de reprise de contrôle sur nos données en ligne, qui irait bien au-delà de l’IA. Une idée qui fait écho au projet artistique de l’espagnol Manuel Beltran qui avait créé en 2018 le premier syndicat des travailleurs de la donnée. À suivre donc.

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