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Peut-on épouser son robot ?

IRL, mademoiselle X aime son robot, et veut l'épouser.... On le sait, nous sommes au Jurassique de la robotique. Et pourtant, des questions nouvelles commencent à se poser.

Il y a quelques jours, un fait divers a défrayé la chronique sur les réseaux sociaux : une jeune femme a déclaré son intention d’épouser le robot qu’elle avait créé, photos à l’appui.

Cette déclaration a déchaîné des commentaires haineux. Si l’on peut se poser la question sur les motivations réelles de la jeune femme, il est étonnant que les internautes greffés à leur iPhone soit heurté à ce point. Où est le point de rupture ?

Cette jeune femme, que nous appellerons mademoiselle X (pour ne pas l’accabler plus), dit ne pas avoir d’attirance pour le contact avec la chair humaine et assume parfaitement le sentiment amoureux qui la lie à son robot. Un robot qu’elle a elle-même fabriqué dans un Fablab de la région Bourgogne-Franche-Comté en passant par InMoov, une plate-forme qui permet d’imprimer à domicile un robot humanoïde open-source.

Une fois son robot assemblé, mademoiselle X s’est empressée de capturer des images de leur bonheur, câlins et baisers à l’appui, et de les poster sur les réseaux sociaux. Elle a même dévoilé ses fiançailles en présence de ses parents. La malheureuse ne s’attendait certainement pas à un tel déferlement d'insultes... elle a dû, depuis, fermer son compte Twitter.

Nous avons contacté Gaël Langevin, sculpteur designer, à l’origine d’InMoove. Pourquoi tant de réactions haineuses à cette période marquée par l’avènement des IoT et des addictions que ceux-ci engendrent ? S’il souligne que son robot humanoïde a été créé essentiellement dans un but éducatif ou de prototypage de prothèse, il ne voit rien de mal à l’adopter comme compagnon de vie.

« Nous entretenons déjà un rapport amoureux avec notre smartphone, alors pourquoi pas un robot ? D’autant plus à une époque où les séries et les films se passionnent pour les rapports hommes-machines. Les humanoïdes sont désormais omniprésents dans l’imaginaire collectif », explique t’il.

« Je pense que l’erreur de mademoiselle X, c’est la manière dont elle a raconté son histoire. Elle aurait dû privilégier des photos plus esthétiques, mieux préparer son discours, lui donner une dimension plus enchanteresse… c’est ce que les gens attendent de ce genre d’histoires. »

Gaël Langevin souligne, néanmoins, une forme d’hypocrisie : il affirme que sur la plate-forme InMoov, il reçoit très régulièrement des demandes d’hommes pour que son robot soit moins androgyne : ils veulent un visage plus féminin, une poitrine… le transfert a déjà commencé d’autant plus que le robot InMoov grâce son intelligence artificielle intégrée sait communiquer, parler, reconnaître votre visage, le mémoriser, apprendre….

« Quelque chose va se démocratiser d’ici 2050. Nous n’avons pas la même culture que les japonais : les robots font partie de leur quotidien, ils vivent avec. Avec un humanoïde comme InMoov, en Europe, beaucoup trouvent leurs limites : l’humain, trop humain. Cette limite se définit par la Vallée de l’étrange, ce mystérieux phénomène qui décrit l’inquiétude que nous éprouvons à la vue de robots à l’apparence trop humaine… »

Pour Serge Tisseron, auteur de Le Jour où mon robot m'aimera, nous avons à craindre de notre propre désir pour les machines autonomes : « En réalité, ce n’est pas les robots qui nous feraient peur, c’est notre désir pour eux. Pour vivre en paix avec les robots, nous devons accepter l’idée que l’être humain a toujours désiré que ses objets deviennent autonomes, et qu’il l’a toujours craint tout autant. ». Au sujet de Menchi, il est plus cynique : ce fait divers est soit une grosse opération de communication, soit la conséquence d’un délire.  Aujourd’hui, les robots ne sont pas encore assez humanisé pour nous faire basculer…

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