
ChatGPT est-il plus énergivore que Mistral ? Comment bien écrire un prompt pour avoir le moins d’impact possible sur l’environnement ? Une nouvelle étude de Razorfish et Green IT donne des éléments de réponse.
C’est le secret le mieux gardé de la Silicon Valley : combien les IA génératives consomment-elles d’énergie ? Pour tenter d’apporter des éléments de réponse à cette question, Razorfish, une agence de marketing digital de chez Publicis, et Green IT, un collectif spécialisé dans la sobriété numérique, se sont intéressés à l’impact environnemental de l’intelligence artificielle dans son « baromètre de l'écoconception digitale ».
Concrètement, 12 IA génératives, 6 textuelles – ChatGPT, Claude (Anthropic), Copilot (Microsoft), Gemini (Google), Mistral AI et Perplexity – et 6 créatives – Civitai, Dall-e, Firefly (Adobe), Leonardo AI, MidJourney et Pixlr – ont été évaluées par l’algorithme EcoIndex, développé par Green IT. Cet indicateur positionne chacune des IA sur une échelle de la performance environnementale allant de A à G sur la base d’une note sur 100.
Impossible d’évaluer l’impact global
« Quand une URL est soumise à l’EcoIndex, trois indicateurs techniques sont pris en compte pour calculer les impacts environnementaux associés », décrit Frédéric Bordage, fondateur du collectif Green IT. « La complexité de la page, la quantité de données échangées sur le réseau et enfin le nombre de requêtes HTTP, c’est-à-dire le nombre d’aller-retour entre le navigateur de l’internaute et les serveurs. » Cet outil permet d'évaluer « la partie émergée de l’iceberg » de l’impact environnemental des IA. « Pour évaluer les impacts globaux, il nous faudrait la liste des équipements utilisés par les IA, les serveurs, le stockage etc., poursuit Frédéric Bordage. Or, les acteurs de l’IA ne divulguent cette liste à personne, ni aux États-Unis, ni en France. »
Rien qu’en analysant la partie émergée, sans surprise, les 12 IA observées ont des mauvais scores avec une moyenne de 55/100 pour les textuelles et 40/100 pour les IA créatives au moment du chargement des interfaces. Il semblerait que l’écoconception ne soit pas une priorité des développeurs d’intelligence artificielle, alors voici quatre bonnes pratiques que, nous, internautes, pouvons mettre en place pour réduire notre impact environnemental quand on utilise les IA.
Choisir la bonne IA pour répondre à nos besoins
On n’utilisera pas la même application si on a besoin de générer du texte, de répondre à une question ou de créer un motion design. Alors attention à ne pas formuler vos prompts dans les mauvais outils.
En septembre dernier, Sasha Luccioni, chercheuse spécialisée dans l'impact environnemental de l'intelligence artificielle, indiquait qu’une IA générative utilise « 30 fois plus d'énergie » qu'un moteur de recherche classique. Avant d’utiliser une IA, toujours se demander si on en a réellement besoin. Est-ce qu’un moteur de recherche standard ne suffirait pas pour répondre à cette question ?
Rédiger un premier prompt complexe plutôt que cinq prompts simples
Au moment du chargement des interfaces, les IA textuelles évaluées par Razorfish et Green IT ont un score moyen de C. Ce n’est pas terrible, mais c’est loin d’être honteux : à titre de comparaison, la homepage de Kiabi obtient, elle, un score de 15/100 et la note de F.
Le problème avec les IA, c’est que ce score de départ pas trop mauvais s’effondre à mesure que le nombre de prompts formulés augmente. « Un prompt complexe est moins coûteux pour l’environnement que 5 prompts successifs à l’échelle de l’interface, décrit Green IT et Razorfish. Cela permet en effet de gagner jusqu’à 31 points d’EcoIndex soit une économie qui équivaut à 1 644 249 litres d’eau et 109 616 kg eq. CO2. »
Quand c’est possible, utiliser plutôt des IA assistants que des IA search
Pour une même requête, les IA assistants, comme ChatGPT ou Mistral seront moins énergivores que les IA search, comme Gemini. « Les search sont plus serviciels, détaille Charlotte Dollot, directrice générale de Razorfish France. C’est-à-dire que si vous demandez à Gemini quel est le vol le moins cher entre Paris et Marrakech, il vous indiquera les résultats et vous proposera des achats. Ce type d’IA veut que vous alliez jusqu’au bout du parcours utilisateur. Là où un IA assistant comme ChatGPT ou Mistral répondra simplement à la question sans proposer de passer à l’action. »
Préférer Mistral à ChatGPT
Après 5 prompts, l’EcoIndex de Mistral maintient son score à 45/100 quand celui de ChatGPT passe, lui, à 38. « Si les 5% de Français qui utilisent très souvent l’IA préférait Mistral, 141 440 kg eq. CO2 émissions seraient évitées soit l’équivalent de 2 946 667 trajets en métro. 2 121 600 litres d’eau seraient économisés, soit 62 941 pintes de bière. » Et ça, c’est quand même motivant !
Participer à la conversation