macron devant la pyramide du Louvre

Ces startups qui font gagner les candidats

On l'aura compris les campagnes électorales ont pris un bon coup de numérique. Présentation de 3 startups françaises qui font gagner les candidats.

Les outils du numérique ouvrent de nouvelles opportunités : pour aller à la rencontre des électeurs sur le terrain, administrer toutes les actions d’un candidat, ou écouter pour mieux interagir avec ceux qui veulent causer politique sur les réseaux…

LIEGEY MULLER PONS - Piloter des opérations de porte-à-porte

Les trois cofondateurs de LMP ont pu le constater in situ lors de la campagne de Barack Obama en 2008 : non, le numérique n’a pas tué la nécessité des rencontres physiques, et les actions de terrain restent essentielles pour les candidats. Leur outil Cinquante Plus Un cartographie, à l’échelle des bureaux de vote, tous les résultats électoraux obtenus depuis 2007, abstentions comprises, en plus de données démographiques, économiques, sociologiques... Force ensuite aux candidats et à leurs militants de se répartir le terrain en ciblant plus précisément leurs opérations, en se constituant, au passage, leur propre base de données de contacts. Et la formule fonctionne : pour résorber le taux d’abstention, mais aussi pour faire basculer des indécis. Une opération de porte-à-porte permettrait de faire baisser le taux d’abstention de 2 à 5 points, et faire changer l’avis d’un électeur sur quatorze, là où une opération de distribution de tracts ne ferait bouger qu’un électeur sur 100 000. « L’accueil est généralement très favorable. Pour beaucoup de citoyens, la politique est un monde abstrait, et voir des militants politiques leur arrive peu souvent, c’est particulièrement le cas dans les quartiers populaires. Et quand de vrais gens parlent avec de vrais gens, finalement, cela a plus d’impact que d’envoyer des e-mails », explique Guillaume Liegey. Emmanuel Macron a adapté la recette en l’appliquant en amont de sa campagne. Avant de lancer En Marche !, il a ainsi mobilisé 6 000 volontaires et frappé à 200 000 portes. Objectif : prendre la température, à partir d’un échantillon représentatif, sur les attentes des Français : « Quelle est votre plus grande source d’espoir ? Quelle initiative locale devrait selon vous être développée ?... » Une invitation que ne cesse de répéter Guillaume Liegey : « Nous sommes convaincus que les hommes politiques doivent passer plus de temps sur le terrain…, et pas seulement en période électorale. »

LIEGEY MULLER PONS a été utilisé dans 340 campagnes électorales, a accompagné 87 000 militants sur le terrain, dans 14 pays européens.

DIGITABLOX - Une plate-forme pour gérer toutes ses actions numériques

Un seul outil pour gérer toutes les actions numériques d’un candidat mais surtout mettre au centre ce qui est la seule véritable ressource : la base de données. Car là est le sujet. Les candidats ont la puissance de devenir leur propre média, de toucher en un push plus de monde et plus vite qu’une matinale à la radio. Mais comment peuvent-ils le faire si leur audience est éclatée façon puzzle entre les différents canaux, et tous les outils qui leur sont nécessaires pour les gérer ?

Tout le monde connaît le problème : conquérir le Web repose sur la maîtrise d’un arsenal d’outils : des outils pour gérer ses publications, pour analyser celles qui fonctionnent et celles qui ne fonctionnent pas, pour écouter ce qui se dit sur les réseaux, pour assurer la modération des commentaires, et puis des outils encore pour envoyer des e-mailings, des SMS, pour organiser des événements… Pour faire tourner l’ensemble, il faut former des collaborateurs, et ouvrir autant de lignes budgétaires. « Mais le pire n’est ni le temps passé, ni l’argent dépensé, le pire reste qu’en procédant de cette façon, on reste dans le non-data », explique le cofondateur Vincent Moncenis, « là où Digitalbox permet de réunir tous ces contacts qualifiés dans une seule base pour les administrer le temps de la campagne, et évidemment bien au-delà ». Digitalbox est utilisé par environ 2 000 élus, des conseils municipaux, départementaux, des parlementaires…, un certain nombre de candidats à la présidentielle, et décline son offre aux entreprises.

BLOOM - Analyse des émotions primaires, et des jeux d’influences sur les réseaux sociaux

Selon les huit émotions primaires (joie, peur, dégoût, colère, tristesse, surprise, confiance et anticipation), l’outil permet de quantifier et qualifier assez finement la réalité des échanges sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, Instagram essentiellement) à partir d’un sujet donné. Quel est le niveau d’échanges que suscite tel candidat, que dit-on de lui, à quel propos, et surtout sur quel registre émotionnel... Autant d’informations précieuses pour évaluer son impact, mais également piloter ses prises de parole, et engager le dialogue. « Dans le social media, il est impensable de convaincre par un simple message militant. Les internautes sont très sensibles au respect qu’on leur témoigne », déclare Bruno Breton, cofondateur. Bloom permet surtout de distinguer différentes communautés : celles des convaincus comme celles des plus septiques. Parmi elles, deux catégories sont particulièrement intéressantes à identifier : les « influenceurs », qui entretiennent des liens forts avec les candidats, et dont les posts sont relayés efficacement ; et les « connecteurs », qui entretiennent des liens faibles avec le candidat, mais qui ont la précieuse capacité de servir de passerelle entre différents réseaux. Les seconds permettent d’augmenter notablement l’influence d’un candidat sur des populations qui ne le connaissent pas. Bloom a été lancée en septembre dernier, et a déjà accompagné l’équipe digitale de François Fillon notamment lors des primaires, ainsi que plusieurs grandes entreprises.


Cet article est paru dans la revue 10 de L’ADN : Pouvoir et contre-pouvoirs / Jeux d’influence. A commander ici.


Crédits photo :  @ STRINGER / AFP TV / AFP
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