En juillet 2015 la BBC annonçait son projet Micro:Bit pour développer la culture code chez les jeunes. 8 mois plus tard, le projet est lancé en partenariat avec une dizaine d’entreprises et de stars internationales. Explications d'un phénomène qui doit exploser.
Une dizaine de sociétés, parmi lesquelles la BBC ou encore Samsung, se sont associées pour développer la culture code des jeunes Anglais. 1 million de micro cartes électroniques prêtes à être codées vont être distribuées aux écoles et leurs étudiants âgés de 11 à 12 ans.
L’interface microbit.co.uk a été conçue comme un outil pédagogique pour que professeurs et parents puissent l’enseigner aux jeunes collégiens. Quatre outils de code sont mis à disposition : Code Kingdoms JavaScript, Microsoft Block Editor, Microsoft Touch Develop et Python.
L’ensemble est relayé par la puissance médiatique de la BBC et l’influence de The Voice. Dans un partenariat, will.i.am, Paloma Faith, Ricky Wilson et Boy George vous incitent à coder votre micro:bit dans le cadre du show ou pour développer des applications ludiques comme une raquette de ping pong connectée, le code source nécessaire étant déjà rédigé en ligne.
Mais pourquoi ce besoin de développer le code ? Nous avons retenu deux raisons structurantes qui font du code un indispensable.
Recherche codeur désespérément
Selon une étude de l’institut Gartner, 98 % de la chaîne de valeur dans les pays occidentaux reposent sur un processus informatique. Notre problème ? Nous manquons de gens pour les produire. En France, nous aurions un déficit de 100 000 informaticiens. La situation est la même dans le reste de l’Europe et aux États-Unis. Cela signifie qu’il existe, ici, visible sous nos yeux, un fabuleux gisement d’emplois. La nouvelle pourrait réjouir : ce serait sans compter un autre chiffre, fourni par pôle emploi, qui relève que 60 000 ingénieurs en informatique sont au chômage.
Comment expliquer ce paradoxe ? Parce que notre système éducatif continue de former des ingénieurs à des métiers de chercheurs, de scientifiques qui ne correspondent plus aux besoins pourtant énormes des entreprises. De fait, le métier a beaucoup changé. De support, il est devenu un élément essentiel de la création de valeurs. L’informaticien nouvelle génération n’est plus là pour créer et gérer les outils du back office. L’armée bon teint des hommes en costumes sombres laisse la place à la tribu des geeks en T-shirts pluggée sur les nouvelles technologies et les nouveaux usages. Les sociétés du numérique les ont déjà placés au cœur de leur réacteur, en interaction directe avec les équipes et les utilisateurs pour développer leurs produits, et leurs services. On se représentait l’informaticien bourru et le geek asocial : il est désormais élu chaînon le plus actif, créatif, collaboratif de la chaîne de valeur.
Coder est le nouveau latin
« Ce n’est pas parce que l’on sait allumer une ampoule que l’on a compris les principes de l’électricité », comme le souligne Gérard Berry, professeur au collège de France à la chaire d’Algorithmes, machine et langage. Évidemment, il en va de même pour l’informatique et tous les spécialistes s’accordent à souligner l’urgence d’un apprentissage généralisé du code et de la culture computationnelle. Benoît Thieulin, président du Conseil national du numérique insiste : « Il ne faut pas imaginer que les “digital natives” vont penser la société numérique de façon spontanée. Ce que fabrique bien le numérique, ce sont des consommateurs passifs, pas des citoyens éclairés. L’enjeu est politique, culturel et économique. » En effet, la plupart des métiers d’aujourd’hui sont appelés à disparaître et ceux de demain seront exercés par ceux qui maîtrisent l’informatique.
Les gouvernements européens dégainent tous leurs politiques. En Angleterre, la Royal Academy a fait paraître en janvier 2012 un rapport au titre coup de poing : « Shut down or restart ? The way forward for computing in UK schools » (Arrêter ou redémarrer ? Amener l’informatique dans les écoles anglaises) et à la rentrée 2014, l’informatique a été rendue obligatoire dans les programmes scolaires. La France tergiverse mais tâche d’aller dans le même sens. François Hollande promet la création d’une « grande école du numérique » dont les contours restent encore flous. Lors de sa visite de la Silicon Valley en février 2014, il avait prévenu : « C’est un grand enjeu… Donc nous allons donner cette impulsion. Est-ce que ça va être généralisé tout de suite… vous connaissez l’Éducation nationale ? Donc, il va y avoir une expérimentation et on va mettre du codage dès le collège puis ensuite on va, le plus vite possible, former les enseignants. » En attendant que se précise le plan d’action, depuis 2012, quelques volontaires parmi les élèves de première scientifique peuvent choisir en terminale la spécialisation « Informatique et sciences du numérique ». C’est beaucoup trop peu mais c’est déjà ça. Les initiatives privées se multiplient et chacun peut prendre la décision de s’initier en ligne.
Pour tout savoir sur la culture code, vous pouvez commander notre dossier Datas Datas : Coder ou être codé. Pourquoi il est passionnant d’entrer dans la matrice. Extrait de la revue de L'ADN.
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