Le bitcoin ou l’ether peuvent rapporter gros, mais investir demeure complexe - en témoigne la récente chute de valeur de ces monnaies. Vous souhaitez vous lancer ? Laurent Leloup, PDG et fondateur de Chaineum vous livre les précautions à prendre.
Les crypto-monnaies sont certes promises à un bel avenir. Mais si vous avez raté la première vague d’investissement, inutile d’imaginer gagner des milliards en quelques heures. C’est le constat de Laurent Leloup, fondateur de la société Chaineum, spécialisée dans le conseil en crypto-monnaies.
Recommandez-vous au public d’investir dans les crypto-monnaies ?
Cela fait 10 ans que les premières crypto-monnaies tournent. La période pendant laquelle il était possible d’acheter 100 000 bitcoins pour 1 euro est révolue. Les personnes qui ont misé à l’époque seront richissimes lorsqu’elles parviendront à revendre leurs bitcoins mais cela ne concerne qu’une poignée d’individu. Face à ce phénomène, il faut donc rester raisonnable, même quand les cours s’affolent. Les arbres ne montent jamais jusqu’au ciel.
Est-il tout de même possible de faire confiance à ces monnaies, sans pour autant investir ?
C’est pourquoi il est important de rappeler que ces monnaies sont des vecteurs de disruption car elles portent des valeurs de vertu, de transparence et de partage.
"Dans moins de 10 ans, les crypto-monnaies seront devenues aussi courantes que le Web."
Dans ce cas, cela devrait modifier la perception même de l’argent ?
Vous vous projetez donc dans un véritable changement du modèle de société ?
Pour éviter l’avènement d’une société du contrôle, la prise de conscience se fera-t-elle par le citoyen ?
Il est pour autant imaginable de demander l’avis de la population. La banque britannique l’a fait en 2017 en questionnant ses citoyens sur l’apport que pouvait leur procurer les crypto-monnaies. La conclusion était évidente : le public est déjà mature sur le sujet. Il est prêt à utiliser ces technologies dans son quotidien dans la mesure où les services liés vont permettre de gagner du temps, de l’argent, de simplifier les relations aux autres…
La crypto a été créée dans un esprit libertaire, dans les méandres de la crise économique de 2008. A l’époque, il n’y avait aucun objectif spéculatif mais seulement une volonté de mettre un terme à la perversité du système bancaire. Aujourd’hui, cette vision me semble bien lointaine.
L’esprit des pères fondateurs n’est plus. Les Etats sont à présent conscients de la portée des crypto-monnaies. Vont-ils siffler la fin de la partie ?
Au contraire, d’autres pays vont s’ouvrir à elles. Je pense par exemple à l’Estonie ou la Lituanie, déjà en pointe sur de nombreux sujets relatifs au numérique, qui travaillent à la mise en place de systèmes coopératifs.
En France, l’Autorité des marchés financiers (AMF) reste certes vigilante et prudente mais conserve une démarche d’ouverture. Notre pays fait partie de ceux qui ont une approche plutôt bienveillante, à l’image du Canada ou de la Suisse : la France laisse la porte ouverte au public et surtout aux professionnels. Ce signal est très positif pour nous et est un signe d’encouragement pour le futur.
Laurent Leloup est le PDG et fondateur de la société Chaineum, entreprise spécialisée dans le conseil aux professionnels qui désirent réaliser une ICO (Initial Coin Offering). Il s'agit d'une méthode de levée de fonds en échangeant des actifs d'une société contre des crypto-monnaies. Il est également auteur de l'ouvrage "Blockchain: la révolution de la confiance" publié aux éditions Eyrolles. Le responsable décrit de manière didactique le fonctionnement d'une blockchain et ses perspectives. Il porte un diagnostic sur les opportunités liées à la blockchain dans chaque secteur.
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