Une capture de jeu Minecraft avec un personnage

Bingo ! Une IA vient de créer sa propre civilisation dans Minecraft

Une équipe de chercheurs a laissé faire 1 000 agents IA autonomes sur Minecraft. Très vite, ils ont appris à collaborer et ont créé une nouvelle civilisation avec leur propre économie, culture, religion et démocratie.

Minecraft est un vrai terrain de jeu. Même pour les scientifiques en quête de sensations fortes. Pour rappel, Minecraft c’est ce jeu de construction avec des cubes, sur lequel toute une génération de joueurs a pu exprimer sa créativité. Quoi de mieux que ce jeu de bac à sable pour tester grandeur nature une intelligence artificielle ? C’est ainsi qu’est né le “Projet Sid”, lancé par un groupe de chercheurs de la startup californienne Altera, avec à sa tête Robert Yang, ancien professeur du MIT. Ils ont lâché 1 000 personnages non-joueurs (PNJ) alimentés par une IA en autonomie dans le monde ouvert du jeu pour observer leur évolution. Et à leur grande surprise, ils ont développé leur propre civilisation.

De la corruption, mais aussi un sens du bien commun

Pour réaliser cette expérience, ils ont testé différentes simulations sur plusieurs serveurs pour comprendre comment évolue l’intelligence artificielle collective en autonomie. Dans l’une des simulations, les agents d'IA se sont organisés pour mettre en place une économie de marché, où ils ont convenu d'utiliser des gemmes de diamant (principalement obtenues dans le jeu par le minage du minerai de diamant) comme monnaie commune pour échanger des objets, établissant ainsi leur propre économie. Et le plus étonnant, explique Altera, ce n'étaient pas les marchands qui échangeaient le plus de gemmes, mais un prêtre corrompu qui a commencé à soudoyer les villageois pour qu'ils se convertissent à sa religion. 

Autre histoire surprenante observée, sur un serveur, un agent d'IA responsable de l’agriculture, fournissait la nourriture, jusqu'à ce que les récits de l'exploratrice du village lui donnent envie de tout abandonner pour vivre son propre voyage. Cependant, les villageois l'ont suppliée de rester pour maintenir la récolte, ce qui l’a amené à raisonner, pour finalement revenir sur sa décision, privilégiant le bien commun plutôt que son “rêve” hédoniste. Et enfin, ils ont créé leur propre démocratie en rédigeant ensemble leur constitution sur… un Google doc. « Notre objectif est de créer des êtres humains numériques. »

« Notre objectif est de créer des êtres humains numériques »

« Nos agents sont des individus sociaux et évoluent au fil du temps, ils sont influencés par les dynamiques de groupe, mais ils utilisent aussi leur pouvoir individuel pour faire évoluer le système », expliquent les chercheurs d’Altera. Leur autonomie a de quoi surprendre. Quand ils ont constaté que l’un des leurs avait disparu, ils ont décidé de modifier leurs objectifs, face à cette nouvelle situation, pour mettre en place une opération de sauvetage.

Sur son site web, l’entreprise met à disposition une variété de profils de PNJ alimentés par l’intelligence artificielle avec lesquels il est possible de jouer. Ils ont des personnalités différentes mais la majorité sont des assistants qui vont réaliser des tâches pour aider le joueur. De là à imaginer un robot assistant, il n'y a qu'un pas. Robert Yang a de la suite dans les idées. Il s’est donné l’objectif « de créer des êtres humains numériques qui vivent avec nous. » D’abord avec des compagnons de jeu, mais il envisage de donner prochainement une forme IRL (in real life) à ses agents. Voilà que l’on se rapproche des Real humans, de la série d’ARTE. 

Créée il y a tout juste quelques mois, on comprend mieux pourquoi la startup Altera compte déjà parmi ses investisseurs Marc Andreessen et Eric Schmidt, deux figures de la Silicon Valley proche du mouvement transhumaniste.

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