Menée par Élise Lucet, « Cash Investigation » a imposé dans le paysage médiatique son sens acharné de l'enquête télé. Un texte par Emre Sari.
Il faut tâtonner sur l’interphone pour débloquer l’ouverture de la porte, parcourir une large coursive sombre, gravir deux étages dans une cage d’escalier silencieuse. Une fois introduit, l’ambiance change radicalement. Dans le brouhaha, on découvre une équipe d’une quinzaine de personnes : monteurs, secrétaires, stagiaires, graphistes...
Un grand moment pour tous les réalisateurs de « Cash », car chaque épisode nécessite un an d’enquête. Un an durant lequel les journalistes se déconnectent du flux d’informations perpétuel, n’interagissent pas avec le public, ne diffusent rien, tout en se tenant, bien évidemment, au courant de tout. Il faut compter deux ou trois mois de préenquête (prise de contact, documentation, premières interviews), deux mois de tournage, trois mois de montage, le reste en postproduction. Tout doit être prêt un mois et demi avant la diffusion pour que France 2, qui finance à 100 %, valide les images.
Depuis sa création en 2012, l’émission frappe large et vise juste pour révéler des scandales : pesticides, évasion fiscale, corruption d’élus, favoritisme, lobbyisme, normes bafouées, conflits d’intérêts, pédophilie dans l’Église... « On cherche les histoires particulières qui permettent de témoigner de tout un système, clame Emmanuel Gagnier, tirant parfois sur sa vapoteuse pour se donner le temps de penser au mot juste. Par exemple…, le sujet sur les nitrites [un additif fortement suspecté d’être cancérigène et qui donne sa couleur rose au jambon industriel, NDR] raconte plus largement la très grande puissance de lobbying de l’industrie agroalimentaire. »
La journaliste, ayant acheté des actions de la firme pour avoir le droit d’entrer et de poser une question, a brandi un sac de pesticide Folpel, omniprésent dans l’air en France, et demandé au PDG s’il aimerait que ses propres enfants en respirent. « S’il faut aller à la confrontation, on y va, mais pas dans le but de choquer : on veut juste des réponses à nos questions. » « Cash », c’est aussi un format qui intègre de l’humour, des jeux de mots, un ton léger, parfois même une séquence en dessin animé comme dans l’épisode du 22 mars 2016, pour expliquer les règles de circulation des poids lourds étrangers en France.
« Les blagues, c’est une manière pour le téléspectateur de se marrer un coup, de respirer, quand on fait des dossiers très techniques, comme les quotas carbone, le travail détaché, les sociétés off-shore », argumente Emmanuel Gagnier. L’ADN de l’émission est là : le mélange d’un style incisif, mordant, didactique, et plaisant à regarder.
À l’occasion de l’émission du 7 septembre 2015 sur les signatures de contrats à l’étranger par les hommes politiques français, dans un extrait où Élise Lucet tente d’interroger Rachida Dati sur des possibles conflits d’intérêts entre elle et GDF-Suez, l’ancienne garde des Sceaux s’énerve et se moque de la carrière « pathétique » de la journaliste.
« Aujourd’hui on se souvient de ça et malheureusement moins de la passionnante enquête de Laurent Richard sur le Kazakhgate », regrette Emmanuel Gagnier. Côté réseaux sociaux, chaque émission suscite environ 50 000 tweets. Au fil de la soirée, l’équipe envoie une cinquantaine de messages du compte d’Élise Lucet (99 000 abonnés) et de celui de « Cash » (85 000 abonnés).
Christian Estrosi, maire de Nice, l’a appris à ses dépens. Au cours de l’émission du 18 octobre 2016, en voulant se dédouaner des accusations de dépenses excessives pour le stade de sa ville, il a tweeté 35 fois en 12 minutes. Il a obtenu plus de mentions que la présentatrice elle-même… mais les retweets se moquaient de sa prétendue innocence en utilisant ses propres messages.
Pour ce sujet du 28 février 2017, l’émission a obtenu le prix Pulitzer 2017, à titre collectif avec l’ICIJ, un consortium mondial de 190 journalistes de 65 pays, à l’origine des révélations. L’occasion pour le sous-marin « Cash Investigation » de prendre part à la plus grande enquête en commun jamais menée.
À VOIR
youtube.com/user/cashinvestigationf2
À SUIVRE
twitter.com/CashInvestigati
twitter.com/EliseLucet
À LIRE
Fabrice Arfi, Paul Moreira, Informer n’est pas un délit, Calmann-Lévy, 2015.
Cet article est paru dans la revue 11 de L’ADN : Connexion – Déconnexion – Reconnexion. A commander ici.
La dernière émission était un peu longue, le rythme moins soutenu, et moins transgressive qu' avant, Elise Lucet et son équipe constituent pour les citoyens un immense espoir, que les vérités éclatent,que la corruption soit révélée,
Que ce qui nous étouffe,nous scandalise
Nous fragilise soit enfin dit, nous nous sentons impuissant face à l impunité,
Votre courage nous honnore',nous redonne une fierté, et des forces nouvelles,
Un immense merci' et continuez avec la même détermination du début, l urgence est là,
Vous nous informez,vous nous eclairez, nous relayons, c est un excellent vrai travail;
Merci, n abandonnez pas
Ne nous abandonnez pas,
Quelques critiques arrivent, normal,!! vous bousculez vous derangez, vous débusquez,!!!
Un courageuse démarche d investigation,
En grande estime'et admiration,
joelle
La dernière émission était un peu longue, le rythme moins soutenu, et moins transgressive qu' avant, Elise Lucet et son équipe constituent pour les citoyens un immense espoir, que les vérités éclatent,que la corruption soit révélée,
Que ce qui nous étouffe,nous scandalise
Nous fragilise soit enfin dit, nous nous sentons impuissant face à l impunité,
Votre courage nous honnore',nous redonne une fierté, et des forces nouvelles,
Un immense merci' et continuez avec la même détermination du début, l urgence est là,
Vous nous informez,vous nous eclairez, nous relayons, c est un excellent vrai travail;
Merci, n abandonnez pas
Ne nous abandonnez pas,
Quelques critiques arrivent, normal,!! vous bousculez vous derangez, vous débusquez,!!!
Un courageuse démarche d investigation,
En grande estime'et admiration,
joelle
Elyse ..un seul mot BRAVO !!
Elyse ..un seul mot BRAVO !!
Du: Portugal
Pour: «Cash»
C´est du Service public. BRAVO
Du: Portugal
Pour: «Cash»
C´est du Service public. BRAVO