
L’alcool et sa consommation excessive sont nettement mis en cause dans le rapport sur les violences sexuelles en milieu universitaire présenté par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.
67 000 étudiants ont répondu à un questionnaire du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, envoyé à toutes les universités du pays. Et le constat est sans appel : une étudiante sur quatre a subi au moins une tentative de violence sexuelle depuis son arrivée en études supérieures. Une proportion qui monte à un tiers concernant les personnes transgenres, non binaires et queer.
L’alcool, le plus gros facteur de risque
Plus que tout autre psychotrope, l’alcool est montré du doigt : 54 % des auteurs d’agression sexuelle en avaient consommé. Parmi les victimes aussi, les personnes alcoolisées sont surreprésentées. Si cela n’implique en aucun cas une quelconque responsabilité de leur part, la causalité peut être expliquée : les auteurs savent que les capacités de jugement et d’autodéfense de leur cible sont alors altérées. Il n’est toutefois pas rare que ce soit l’auteur lui-même qui ait cherché à modifier l’état de conscience de la victime en la faisant boire – cela concerne presque un quart des viols.
Le comportement des témoins est aussi affecté par la consommation d’alcool, puisque celle-ci réduit nettement les chances d’intervention de leur part. L’étude souligne d’ailleurs que près de la moitié des agressions sexuelles relevées ont eu lieu en présence d’au moins une personne tierce. En milieu universitaire, l’alcool est encore plus systématiquement impliqué. En fait, la consommation moyenne d’alcool sur un campus prédit assez efficacement la proportion de personnes ayant subi des violences sexuelles.
Des violences sexuelles, mais aussi sexistes
Les étudiantes sont 3 à 4 fois plus susceptibles d’être victimes de VSS que les étudiants. Les hommes représentent en revanche jusqu’à 95 % des auteurs de telles violences. Le rapport interpelle également sur un point : à l’université, les femmes ont bien plus de chances d’être victimes d’agression sexuelle lorsqu’elles étudient dans une filière perçue comme leur étant moins destinée – l’informatique, la mécanique ou la physique. Une nouvelle démonstration, s’il en fallait, que les violences sexuelles sont aussi des violences sexistes.
Après les faits, des victimes souvent esseulées
Dans une écrasante majorité des cas, aucune procédure n‘a été initiée par la victime, que ce soit dans son université ou auprès de la police. Par manque de confiance en les autorités, probablement, et par honte, peut-être. Le sentiment de culpabilité augmente en effet avec la gravité des actes subis. La victime est davantage susceptible d’être en proie à un stress post-traumatique si elle avait bu avant d’être prise pour cible.
Mieux prévenir
Les chercheurs appellent à une meilleure prise en compte du facteur alcool lors du travail de prévention, en se concentrant sur les hommes ayant une consommation régulière, surreprésentés parmi les coupables. Selon leurs recommandations, davantage d’outils devraient être donnés aux femmes pour analyser les stratégies des agresseurs, et se défendre face à eux de manière aussi bien verbale que physique. Les résultats des premiers programmes de prévention adoptant de telles stratégies sont concluants. Mais la route est encore longue.
Hello l'ADN
D'habitude j'adore vos articles, mais celui-là me pose problème
Dans les universités et les grandes écoles ce n'est pas "l'alcool qui gâche la fête" : c'est la culture du viol, le fait que les étudiants se sentent tout permis, l'impunité totale, le fait que les écoles ferment complètement les yeux là-dessus...
Pour m'être beaucoup battue sur le sujet, je trouve qu'accuser l'alcool c'est un peu facile, ça évite aux étudiants et aux écoles de prendre leurs responsabilités.
Bonjour,
L'article repose sur une étude menée par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) publie les résultats de l’enquête scientifique « Violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur en France : un focus sur l’alcool et le cannabis », conduite en partenariat avec le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (MESR).
L'alccol est dénoncé comme étant un facteur aggravant, je ne pense pas que cela dédouane d'une approche plus systémique de ce problème de société - vous pouvez consulter l'enquête ici : https://www.drogues.gouv.fr/publication-dune-etude-scientifique-montrant-que-lalcool-est-un-facteur-determinant-des-violences
Cordialement,
Béatrice SUTTER