Une femme avec gros pulle et grosses chaussettes tient un mug de thé brûlant pour se réchauffer

Précarité énergétique : 30 ans d'action contre l'exclusion

Avec EDF
© Production SPV

La précarité énergétique concerne plus de 12 millions de personnes en France, soit 5,6 millions de ménages. Un fléau non seulement persistant mais en phase de nette aggravation depuis la crise énergétique de 2022. Premier énergéticien de France et gestionnaire d'un portefeuille de 23 millions de clients particuliers en électricité dans le résidentiel, le groupe EDF joue un rôle central dans la lutte contre la précarité énergétique. Cet engagement est d'ailleurs directement inscrit au sein de sa Responsabilité Sociétale d'Entreprise (RSE). On en parle avec Cécile Venel, Directrice Partenariats Relations Externes et Consommateurs chez EDF.

La précarité énergétique a gagné beaucoup de terrain ces dernières années en France. Selon le médiateur de l'énergie, 30 % des ménages déclarent souffrir du froid dans leur logement en 2023 contre 19 % en 2022 et 14 % en 2020. Comment expliquer cette explosion de la précarité énergétique ?

Cécile Venel : L'élément le plus déterminant est celui de la facture. La précarité est d'abord due à la difficulté croissante des ménages à payer leur électricité. D'après l'étude du médiateur de l'énergie, les factures énergétiques sont un point de préoccupation pour 85 % des consommateurs. 28 % des personnes interrogées expriment même une difficulté à payer leurs factures. Sur certaines catégories de la population, comme les moins de 35 ans, on atteint plus de 50 %, c'est considérable. Nous subissons encore le contrecoup de la crise de l'énergie et de la hausse des prix. Le tarif réglementé de vente a augmenté de près de 45 % depuis 2022, même si les boucliers tarifaires mis en place par les pouvoirs publics ont permis de contenir cette hausse. Depuis, ces mesures temporaires ont été levées, notamment avec la non-reconduction du chèque énergie exceptionnel. Résultat : les personnes en difficulté sont de plus en plus nombreuses, ce qui contribue à une augmentation des impayés.

En parallèle de cette hausse des prix de l'électricité, existe-t-il d'autres circonstances aggravantes pour les ménages ?

C. V. : Le deuxième facteur est bien connu, c'est l'état du logement. Là, on évoque en réalité la nécessaire rénovation énergétique d'ampleur qui doit advenir dans les foyers français. D'ailleurs, quand on parle des ménages qui souffrent du froid, ce sont aussi des ménages qui peuvent souffrir de la chaleur en été. C'est ce que l'on appelle la précarité d'été et c'est un sujet de plus en plus préoccupant avec l’aggravation du réchauffement climatique. Il existe aujourd'hui des dispositifs favorisant la rénovation énergétique, comme par exemple MaPrimeRenov' ou encore les Certificats d'Économie d'Énergie, les CEE, mis en œuvre par les obligés, dont EDF, qui est le premier obligé de France. Dans ce cadre, EDF finance des travaux de rénovation énergétique, au travers de Primes Energie en fonction des travaux faits par les ménages ou de programmes avec des partenaires. 

Quels sont les programmes CEE soutenus par EDF dans le cadre de la lutte contre la précarité énergétique ?

C. V. : Nous avons un engagement historique avec un programme CEE porté par la Fondation Abbé Pierre dont nous sommes partenaires depuis son lancement en 2012. Il s'agit de « Toits d'abord », un dispositif dédié à la rénovation de foyers de ménages très précaires. Depuis le début du programme, plus de 6000 logements ont ainsi pu être rénovés de manière à être énergétiquement performants et plus de 13000 personnes ont pu être relogées dignement. Ensuite, nous sommes partenaires du programme TZEE pour Territoire Zero Exclusion Énergétique. Ce programme est porté par le collectif Stop à l'exclusion énergétique en partenariat avec de nombreux acteurs de la lutte contre la précarité énergétique. Il a été créé en septembre 2023 avec l'objectif de lever les obstacles à la rénovation de l'habitat des personnes en situation de grande précarité énergétique.

Il y a un autre chiffre qui ne cesse de monter, c'est celui des factures d’électricité impayées, dont le nombre s’élevait à plus de 910 000 en 2023. Comment accompagner ces foyers en difficulté ? En accédant par exemple à la demande de la Fondation Abbé Pierre, soutenue par le médiateur de l'énergie, qui réclame l'abolition des coupures d'électricité ?

C. V. : Cela fait maintenant deux ans qu’EDF a répondu à l'appel de la Fondation. Depuis fin 2021, nous avons cessé de procéder à des coupures pour impayés. Nous procédons à la place, quand la mise en œuvre est possible, à des réductions de puissance à 1 kVA (1000 W). 1 kVA, c'est loin d'être confortable mais cela permet de maintenir les gens dans un degré de dignité et d'intégration sociale. Avec cette puissance, le foyer peut continuer à s'éclairer, regarder la télévision, brancher un ordinateur ou recharger un téléphone portable. L'idée étant que cela puisse couvrir les besoins sociaux minimaux de base et ne vienne pas renforcer l'exclusion sociale.. C'est aussi bien moins traumatisant qu'une coupure totale. Cette mesure forte fait d'EDF un énergéticien assez unique dans le paysage énergétique français. L'année dernière, nous avons mené une étude approfondie auprès des français qui avaient subi ces réductions. Ce que l'on constate, c'est que cette réduction de puissance est un vrai déclencheur de solutions. Deux tiers des ménages limités nous contactent dès qu'ils ont connaissance de la limitation de puissance à venir ou juste après la limitation. Ce contact nous permet de trouver avec eux des solutions adaptées. Cela peut aller du rééchelonnement des paiements à une orientation vers les services sociaux, ou tout simplement de l’aide pour faire valoir leur droit au chèque énergie. Notre objectif est toujours de trouver une solution et de rétablir au plus vite. La durée médiane de la réduction de puissance est de 11 jours et dans un tiers des cas, le rétablissement a lieu en moins de 3 jours. Le résultat, c'est qu'à l'issue de la limitation de puissance, la dette du ménage s'est globalement améliorée pour 7 clients sur 10. Cela veut dire qu'au moins une partie du problème a été réglé. Malheureusement, parfois certains logements restent durablement limités. Si dans beaucoup de cas, il s’agit de logements vides dont les occupants n'ont jamais résilié, il y a des situations où des familles vivent avec leur puissance limitée à 1 kVa, avec les désagréments et les privations que cela entraîne, et ce n’est pas acceptable pour EDF. C’est là où la coopération avec les services sociaux, notamment les CCAS, est plus que jamais primordiale.

EDF mène depuis plus de 30 ans une politique volontariste auprès des ménages les plus démunis. Pourquoi cet engagement est-il si important pour vous ?

C. V. : Nous sommes un fournisseur historique et c'est dans notre ADN de nous tenir aux côtés de tous les clients, en particulier les plus fragiles. Pour nous, l'électricité n'est pas un bien comme les autres. C'est la raison pour laquelle, depuis 30 ans, nous avons mis sur pied une filière Solidarité au sein d'EDF. Une équipe dédiée de 220 experts Solidarité répartis sur tout le territoire français travaille sur la question des clients précaires et démunis. Parmi eux, 160 conseillers traitent les dossiers des clients précaires en lien avec les partenaires sociaux pour essayer d'obtenir des aides pour le paiement des factures, le rééchelonnement des dettes ou encore la protection des dossiers afin de geler les relances lorsque les gens sont en train de demander des aides. Enfin, les correspondants Solidarité, qui sont à peu près 35 sur tout le territoire, sont en relation avec nos partenaires de l'action sociale via des conventions pour pouvoir se mailler avec tous les acteurs de la solidarité en France, comme les structures de Médiation Sociale, les PIMMS et les grands acteurs qui luttent contre la pauvreté comme le Secours Populaire, Emmaüs, le Secours Catholique ou la Fondation Abbé Pierre. Ils ont notamment une importante activité de formation à la prévention contre la précarité énergétique. Bien sûr, nos 5000 conseillers clients en France sont aussi tous sensibilisés à cet enjeu. Ce sont eux les premiers contacts du client. Ils agissent en amont et peuvent déjà inciter à recourir au chèque énergie ou accorder certains échelonnements de paiement. Le message principal étant de nous contacter en cas de difficulté.

Un accompagnement spécifique est donc systématiquement proposé à vos clients en difficultés ?

C. V. : Oui et nous n'avons pas cessé d'enrichir ce dispositif d'accompagnement. Par exemple, nous avons créé la box « Mon Appart' Eco Malin » sous forme de jeu pour que les travailleurs sociaux puissent accompagner les bénéficiaires dont ils s'occupent dans la réalisation d'économies d'énergie. Nous avons aussi des outils numériques comme InfoWatt, un dispositif d'afficheur déporté, qui permet aux clients bénéficiaires du chèque énergie de pouvoir suivre leur consommation en temps réel. Par ailleurs, nous nous impliquons beaucoup dans les dispositifs gouvernementaux, comme c'est le cas en ce moment avec l'expérimentation «Aide-Budget» qui vise à prévenir le surendettement et la précarité financière des ménages.

Globalement, nous mettons des moyens humains, des moyens en termes de logistique mais aussi beaucoup de moyens financiers dans la lutte contre la précarité énergétique. En 2024, nous avons contribué à hauteur de 22 millions d'euros au Fonds de Solidarité Logement, ce qui fait de nous le deuxième contributeur après les collectivités locales.

En quoi l'adoption de gestes écoresponsables est-elle importante dans la lutte contre la précarité énergétique ?

C. V. : Les Français ont durablement ancré des habitudes de sobriété énergétique dans leur quotidien depuis l’hiver 2022-2023. Néanmoins, EDF poursuit le développement d’outils pour toujours mieux piloter son énergie. Elle met à disposition de tous ses clients gratuitement l’application EDF & Moi sur laquelle chacun peut suivre sa consommation. Celle-ci connaît un vrai succès avec plus de 200 millions de connexions par an. Par exemple, on sait qu’une personne qui consulte régulièrement son suivi de consommation, au moins 2 ou 3 fois par mois, fait en moyenne 10% d'économie. Sur cette application, vous pouvez également piloter votre chauffage et faire de substantielles économies. L'énergie la moins chère, c'est celle que l'on ne consomme pas.

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