
Boostées par TikTok et Instagram, les adolescentes multiplient les achats de produits de beauté, en font un sujet de discussion entre copines et consacrent leur argent de poche à Sephora. De quoi faire de la skincare un véritable hobby générationnel.
« Le matin, je me nettoie le visage avec un produit contre l’acné, puis j’applique un toner en le tapotant sur la peau, ensuite un sérum à l’acide hyaluronique qui a des propriétés régénératrices, et je termine avec une crème très hydratante – mais qui ne donne pas de boutons. » Cela n’est pas une pub. C’est la routine skincare de Louise, lycéenne parisienne de 15 ans. Après l’application de ces onguents, elle se maquille – un peu. Elle n’est pas la seule de son âge à accorder à sa peau une telle attention – et un si gros budget. Sur les réseaux sociaux ou entre copines, beauty is the new hobby. « On parle beaucoup de beauté avec mes copines, certaines sont très, très coquettes : on se conseille des produits, on se les prête quand on va dormir chez l’une ou chez l’autre, on se prépare ensemble pour les soirées… ».
Niacinamide et acide hyaluronique : réguler le sébum et repulper le glow
« Nos routines beauté, c’est un sujet de discussion courant », abonde Violette, âgée de 14 ans. La collégienne a elle aussi une routine composée de plusieurs étapes qu’elle pratique systématiquement « tous les soirs ». « J’utilise d’abord un démaquillant. J’en ai plusieurs : une eau micellaire et un baume Clinique, puis la mousse nettoyante de Caudalie. J’applique après un toner Glow Recipe qui resserre les pores, et je termine par un sérum Byoma à la niacinamide et à l’acide hyaluronique. » Coût d’achat approximatif des flacons : 120 euros. Le matin, sa routine est plus simple : « Une crème hydratante Byoma et le concentré bronzant Typology », produit teinté pour faire l’effet d’un hâle naturel. Pour un total d’environ 30 euros. Anahi, 15 ans, en classe de 3e, prétend, elle, ne pas faire « énormément » de skincare. Par exemple, elle n’applique pas de crème après s’être démaquillée le soir pour « laisser [sa] peau respirer ». Son décompte cumule quand même quelques flacons : « J’ai des produits Drunk Elephant que j’utilise assez souvent : la crème réparatrice et le sérum hydratant. Je mets aussi un sérum Aroma-Zone, un toner Glow Recipe que j’ai quasiment fini, et un nettoyant visage SVR, le soir. »
Naturellement pas cher et pop
Les boutiques Sephora sont devenues le lieu de passage incontournable des mercredis et des weekends : « Avec mes copines, quand on sort, on va chez Sephora, on regarde les produits qui viennent de sortir et on en parle entre nous », explique Anahi. Là, les jeunes filles trouvent les marques qui enflamment les réseaux sociaux. Leur prix : pas plus de 20 à 30 euros. Comme Byoma, lancée en 2020 en Angleterre, qui occupe une place de choix sur les étagères d’Anouk, 13 ans et demi, en 4e : « J’utilise un nettoyant, un toner et une crème hydratante. Je fais surtout ma skincare le soir, mais pas tous les soirs. Les produits Byoma marchent bien, ils sont accessibles et faciles à trouver. » Mais les marques coréennes sont un must. Glow Recipe a « des produits qui sentent hyperbon le fruit : la pastèque, le melon…, souligne Anahi. Les packagings sont colorés, très clean, ça donne envie de les acheter ! Et ils sont assez abordables, pas comme Drunk Elephant par exemple, on est plus sur 15-20 euros le toner ».
Les adolescentes adorent aussi les marques françaises qui proposent des formulations minimalistes et des ingrédients naturels. « Les produits Typology sont simples et abordables », nous dit Violette. Idem pour Aroma-Zone, devenue une référence de produits bons pour la peau et la santé, car, comme le dit Louise avec enthousiasme, « c’est une super marque, les produits sont naturels et peu chers ». Anniversaires, Noël, argent de poche…, autant d’occasions pour obtenir le graal : une carte cadeau Sephora. « J’ai une carte fidélité avec pas mal de points, qui offrent souvent des bons de réduction », explique Anahi. Les prix raisonnables de certaines marques orientent le choix des filles, même si Louise soupçonne que « beaucoup de produits ne sont pas indispensables et sont mis en avant par le marketing ».
Un temps à soi
« C’est super agréable d’avoir une routine skincare, certains produits sont beaux, c’est très satisfaisant à sortir de la pipette, du pot de crème, à aller acheter, à déballer… », continue Louise. Pour séduire cette jeune clientèle biberonnée aux vidéos Instagram et TikTok, ces nouvelles marques « ont des codes couleurs pop que les filles adorent », analyse Florence, la mère d’Anouk. Adepte d’un look naturel « comme beaucoup de mamans parisiennes », cette quinqua confie en riant : « Ma fille a bien plus de produits que moi, des vernis à ongles, des sérums…, toutes ces choses dont elle n’a pas besoin, car elle a une très jolie peau ! »
Une routine beauté, « c’est surtout un moment relaxant », explique Anouk, qui s’intéresse aux cosmétiques depuis la 5e et en utilise régulièrement depuis son entrée en 4e : « Je me pose tranquillement, cela me fait du bien. Et le maquillage m’aide à me sentir plus jolie, parfois. » « Ce n’est pas que je ne m’aime pas au naturel, mais j’aime bien me maquiller », renchérit Anahi. Marie, qui voit sa fille Louise passer de nombreuses heures à prendre soin d’elle et à se lever très en avance le matin pour faire ses routines skincare et maquillage, reconnaît que « c’est aussi un moment à elle, presque méditatif, où elle prend du temps pour s’occuper d’elle », avant d’être prise dans les nombreuses activités de sa journée d’adolescente : transports en commun, cours, devoirs... « C’est amusant d’avoir une routine beauté, et tant que cela n’abîme pas la peau… Et cela permet aussi de se voir embellir », appuie Louise.
Filles du Covid et des confinements
Le rapport à la beauté des ados est très différent de celui de leurs mères ou même de leurs sœurs aînées : « Selon moi, c’est parti de la période Covid-19, où les enfants et les ados s’ennuyaient tellement. Les réseaux sociaux ont explosé et les jeunes passaient beaucoup de temps dessus », pense Florence, qui trouve les pratiques beauté des adolescentes d’aujourd’hui « too much ». Marie a la même perception de la passion de sa fille Louise pour les cosmétiques : « Par rapport aux autres générations, les choses sont différentes : à l’âge de Louise, on ne se préoccupait pas des produits de beauté. Je me nettoyais le visage quotidiennement, il existait quelques produits ciblés pour l’acné ; mais aujourd’hui, on a une telle profusion de marques, de produits… »
Les mamans aussi sont influencées par Instagram
Pour s’y retrouver face à cette profusion, les jeunes filles explorent les réseaux sociaux, TikTok et Instagram rassemblant un nombre incalculable de vidéos d’influenceurs testant telle crème, telle gamme de produits… « Il y a tellement d’influenceurs qui font des vidéos, c’est super intéressant », confirme Louise. Si Anahi n’a pas le droit à TikTok, elle regarde sur Instagram les hauls beauté, ces vidéos où un influenceur présente ses derniers achats : « Du coup, je suis au courant de tout ce qui se passe. » Certains, comme Skincare by Sami (1M d’abonnés sur TikTok et près de 400 000 sur Instagram), délicieux jeune moustachu, distillent des conseils censément scientifiques selon les types de peau et les effets recherchés. D’autres, comme Sananas (1,3 million d’abonnés sur TikTok et 2,7 millions sur Instagram), adorable brunette, présentent les dernières sorties maquillage et abondent en conseils make up et tuto contouring. « Je suis un peu influencée par les réseaux sociaux », confie Violette en riant. Tandis que Louise assure que sa mère l’est désormais aussi. C’est en regardant Insta qu’elle a voulu tester les fameux masques au collagène.
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