
En valorisant des produits introuvables en France et soigneusement mis en scène, les vendeurs proposent des articles interdits ou dangereux pour la santé des jeunes.
Qu’ils s’appellent Candymix, CandyDouceur, CandyMalo, AvecPlaisir, ou Paradis des Bonbons, le spectacle reste toujours le même. Sur TikTok, entourés de piles de boîtes de bonbons et de friandises, les vendeurs, souvent munis de gants, se mettent en scène face caméra. Une balance devant eux leur permet de peser et de préparer en direct les commandes passées par leurs spectateurs, avec une esthétique étrangement proche de celle des dealers de drogues sur les réseaux.
Passion ASMR bonbec
L’immersion générée par ces livestreams, qui surgissent dans le fil des utilisateurs, attire immédiatement l’attention, comme dans les fameuses vidéos YouTube pour enfants qui montrent des jouets très colorés en gros plan. Le spectacle est agrémenté de bruits ASMR, comme le froissement des emballages ou le craquement des bonbons.
En parallèle, les vendeurs interagissent directement avec les dizaines, voire les centaines de spectateurs via le tchat. Ils répondent aux questions, présentent les nouveautés, créant ainsi une expérience personnalisée en nommant les clients et en commentant leurs choix. Ils finissent toujours par offrir des cadeaux ou des codes promotionnels en insistant sur l’urgence : « Commandez vite avant qu’il n’y en ait plus ! ».
Des friandises plus chères
Initialement nés en Angleterre, ces livestreams de vente de bonbons sont devenus un véritable business en France. Misant sur « le droit de se faire plaisir » et la convoitise de friandises introuvables dans l'Hexagone, ils transforment les bonbons en objets de désir, grâce à leur rareté supposée et à des descriptions alléchantes qui insistent sur leur goût et leur texture.
La spectacularisation des produits permet aux vendeurs d’augmenter le prix des produits, même s’ils sont trouvables en France. Par exemple, les bonbons Hitchies, proposés à 12,50 €/kg en magasin, peuvent être vendus 22,90 €/kg sur des sites comme Candymalo.com. Bien que cette pratique soit légale, elle pose question sur la régulation de l’e-commerce et le respect de la législation française.
Attention aux caries (et au cancer)
Plusieurs sites affiliés aux vendeurs TikTok omettent d’afficher les mentions légales, les ingrédients ou les avertissements sanitaires obligatoires ( « Pour votre santé, limitez les aliments gras, salés, sucrés » ). Les normes d’hygiène sont régulièrement ignorées. Dans la vente en vrac, certains vendeurs n’utilisent pas toujours de gants pour manipuler les bonbons ou réutilisent les mêmes ustensiles pour différents produits.
Plus grave encore, certains produits vantés pour leur rareté sont introuvables en Europe, car ils ne respectent pas les normes locales. « La réglementation européenne sur les additifs alimentaires est la plus stricte au monde », souligne Zoé Kerlo, toxicologue chez Yuka. « Elle implique des évaluations et réévaluations régulières par les autorités compétentes (EFSA), avec des limites d’utilisation spécifiques aux catégories de produits et aux risques d'exposition. En revanche, aux États-Unis, « les additifs classés sans danger (GRAS) ne sont pas réévalués, et les restrictions restent limitées », malgré des risques identifiés pour la santé. C'est ainsi que le soda Prime Original, contenant un acidifiant interdit (E345), est disponible sur le site AvecPlaisir (29 000 abonnés) tandis que le site de CandyMix, suivi par plus d’un million d’utilisateurs, propose le Fanta Fraise, un soda controversé pour son surdosage en colorant E129, accusé d’aggraver l’hyperactivité chez les enfants.
Ces derniers sont d’ailleurs une cible privilégiée de ces tiktokeurs. Début 2024, Johanna Poitevin, gérante de CandyMix, déclarait, en souriant, recevoir des mails de parents désabusés, dont les enfants avaient volé la carte bancaire pour commander des friandises découvertes via TikTok. Une situation préoccupante, d’autant que la plateforme ne peut directement réguler ces abus, les achats s’effectuant sur des sites annexes. Contactée par la rédaction, l’influenceuse n’a pas répondu à nos questions sur les mesures éventuelles pour limiter ces dérives.
Bravo pour cet article de Artoise Bastelica très intéressant ! Encore une preuve que le harponnage avec des produits dangereux pour la santé concerne tous les publics ! L’argent n’a pas d’odeur et les vendeuses.rs aucun scrupules !
Bof ! attaquer plutôt aux gros industriel qui nous tue à petit feu et au gigantesque arnaque de l'inflation dans les supermarchés...
Article intéressant et préventif sur le harponnage des jeunes enfants et sur la commande de produits interdits en France.
Attaquez vous aux grosse multinationales au lieux des micro entreprise.