
Aux États-Unis, les employés ont pris l'habitude de filmer discrètement leur licenciement avant de partager l'évènement sur les réseaux. Cela ne fait pas rire leur N+1.
Tout commence en janvier dernier, lorsque l'américaine Brittany Pietsch, cadre chez Cloudflare, se fait salement licencier lors d'un bref appel vidéo. Voyant venir le coup (depuis quelques jours, ses collègues reçoivent en rafale des invitations pour des réunions de 15 minutes), elle filme toute la scène avant de partager sur TikTok un clip de 9 minutes accompagné de la légende : « Quand tu sais que tu es le point de te faire virer et que tu te filmes. » La vidéo montre la réaction de la Brittany lorsque deux représentants de l'entreprise qu'elle n'a jamais rencontrés lui expliquent par écran interposé qu'elle n'a pas répondu aux « attentes en matière de performance » et sera donc licenciée. Au cours de la courte conversation, elle défend son travail et interroge les représentants de l'entreprise sur les raisons spécifiques de son renvoi, raisons que les deux représentants n'ont pas l'air capables de lui fournir.
« À partir de là, les gens disparaissent de Teams les uns après les autres… »
Alors que les licenciements continuent de frapper massivement la tech, des dizaines de vidéos similaires fleurissent depuis le début de l'année sur les réseaux. Partagée sur X (ex-Twitter) après s'être fait licencier de chez Discord, Chloé Shih a sobrement intitulé la sienne « la fin d'une ère ». De son côté, une internaute a chroniqué les heures précédant son licenciement, façon compte à rebours. Pour l’occasion, elle a choisi de boire son café dans une tasse où est écrit : « Le monde s'écroule et je meurs à l'intérieur. » Deux heures avant la réunion de 30 minutes mystérieusement calée avec son N+2, elle rapporte, face à son ordinateur, le menton dans la main : « À partir de là, les gens disparaissent de Teams les uns après les autres... » Et puis un peu plus tard : « Je deviens folle à force d'attendre. »
Seuls, mais ensembles
Virés à domicile lors d'appels vidéos furieusement impersonnels, les jeunes travailleurs se retrouvent plus isolés que jamais. Pour certains, vivre en ligne avec d'autres ce moment permettrait de mieux faire front : seuls, mais ensembles. En effet, Brittany Pietsch a publié sa vidéo pour « partager ce qui s'est passé avec sa famille et ses amis », et ce « sans regrets », a-t-elle déclaré au Wall Street Journal. Sous le #layoffs (licenciements) et #techlayoffs, les Z relatent leur anxiété à l'idée de se faire virer, raconte leur quotidien dans des services désertés, ou chroniquent leur vie après Google et consorts. Dépité, un ingénieur informaticien rapporte notamment ne pas avoir été retenu pour un job de livreur façon Deliveroo après avoir travaillé dans le machine learning.
Les N+1 aimeraient pouvoir virer en paix
Côté managers, on voudrait bien pouvoir écrémer en toute tranquillité. « Les employeurs veulent licencier les travailleurs sans se faire humilier sur TikTok », titrait récemment Bloomberg. Une crainte qui concerne surtout les entreprises dépourvues de services RH permettant de faire le vide sans que cela « leur explose au visage », résume le média américain. La startup Onwards HR, spécialisée dans la logistique des licenciements, affirme que sa clientèle a augmenté de 300 % l'année dernière. « Ils se demandent : pouvez-vous nous dire comment faire pour que cela ne nous arrive pas ? », a déclaré Sarah Rodehorst, CEO de la startup. « Avec les réseaux sociaux, tout le monde regarde. »
Après le torrent de critiques déclenchées par la vidéo de Brittany à l'encontre de Cloudflare, le PDG de la société a déclaré sur X que l'entreprise avait commis une erreur en n'étant pas « plus gentille et plus humaine ». Aux excuses, certaines compagnies préfèrent les clauses contractuelles. Bien que le National Labor Relations Board des États-Unis ait statué en 2023 que les clauses de non-dénigrement contenues dans les accords de départ étaient illégales, il existerait selon la BBC quelques exceptions à cette décision, notamment le partage de secrets d'entreprise ou la réalisation de fausses déclarations malveillantes. De quoi apaiser les tensions au bureau.
c totalement crazy
Les employés ont enfin trouvé un moyen de dénoncer les goujateries de certains, il était temps 🙂
joli monde
trop lâche pour vous dire ce que l'on vous reproche
trop facile de définir des objectifs inatteignables
Tant mieux. A souhaiter que cela se pratique en France. Il y aura moins de licenciements abusifs !!
Enfin, les bonnes personnes ne se font pas virer !!
La personne s'attendait à se faire contacter car elle sentait qu'elle allait se faire virer, finalement elle-même connait la qualité de son travail !!
pauvre choupinou, change de pays