Une jeune asiatique à l'air doux et romantique

Les "soft girls" ne veulent pas être comme des garçons et se rêvent au foyer

© @senhoritacarol sur TikTok

Très en vogue chez les jeunes filles, la “soft girl” cherche l’harmonie et rêve d’être femme au foyer.

Comment devenir une “soft girl” ? Sur TikTok, les internautes ne sont pas avares en tutoriels pour apprendre aux néophytes à « se départir de leur énergie masculine », afin de mieux entrer dans leur « ère de princesse féminine “soft girl” » (dans cet ordre). Les consignes sont simples : à l’instar de la clean girl, qui s’habille dans des tons clairs et arbore le look faussement décontracté d’un mannequin entre deux défilés, la soft girl opte plutôt pour des jupes courtes et des crop tops, le tout dans des tons pastel et des imprimés fleuris.

La tendance ne s’arrête pas aux portes du vestiaire. Dans leurs vidéos, les soft girls affichent tout un tas d’accessoires (tasses, assiettes, draps, maquillage, miroirs) roses poudrés, blancs ou beiges. Bref, tout ce qui permet d’avoir l’air mignon, et surtout sage. Cette esthétique hautement compatible avec TikTok provoque des centaines de milliers de vues. Elle n’est pas nouvelle : les premières filles douces font leur arrivée sur la plateforme dès 2020. 

Lâcher-prise et rejet de la négativité

Mais depuis quelques mois, ce qui était une simple tendance mode se mue en philosophie de vie. « Pendant longtemps, j’ai eu le sentiment que je devais me battre pour avoir les meilleures notes, le meilleur job, pour être écoutée, pour être comprise », écrit par exemple une internaute. « Je pense que "devenir douce" n’est pas une mauvaise chose. C’est une manière de libérer les tensions pour que ta vie se contente de flotter. Les choses qui doivent arriver vont t’arriver, donc laisse-les faire. » Sur fond de fleurs, de vêtements et de tasse à café rose et blanc, une autre soft girl décrit son mode de vie : « Elle veut tout : l’amour, la paix, et le bonheur. Elle ne va pas s’imposer quelque chose ou quelqu’un qui apporte de la négativité dans sa vie. »

Les soft girls s’inscrivent en faux contre une autre figure bien connue des années 2010 : la girl boss qui veut exceller sur tous les plans – au travail comme dans la vie perso. Crise économique oblige, en 2025, il semble acquis pour une nouvelle génération de femmes qu’il n’est pas possible de réussir au four et au moulin. Et que la seule alternative désirable à un monde du travail hostile serait… le foyer.

Glamouriser la vie de femme au foyer

Sur les réseaux sociaux, le phénomène se diffuse jusqu’en Suède, pays champion de l’égalité femmes-hommes, où les jeunes filles sont de plus en plus nombreuses à vouloir arrêter de travailler pour vivre plus doucement. C’est le cas de Vilma Larsson, tiktokeuse âgée de 25 ans, qui a quitté son emploi pour vivre sur le salaire de son petit ami. La jeune femme, grande blonde aux yeux bleus, raconte son quotidien en vidéo et répète à l’envi qu’elle « n’a jamais été aussi heureuse » depuis qu’elle a quitté son job. Dans son pays, 14 % des filles entre 7 et 14 ans disent s’identifier à la figure de la soft girl. L’engouement est tel que le parti politique féministe du pays a fini par se positionner contre ce mouvement, rapporte la BBC.

Les soft girls créent le débat : rester à la maison — et glamouriser ce choix sur les réseaux sociaux au passage —, est-ce antiféministe ? Pas forcément, estime la sociologue Farah Dubois-Shaik dans The Conversation : entre précarisation du monde du travail et plafond de verre, « de nombreuses femmes ne parviennent pas à gravir les échelons hiérarchiques et restent figées dans des statuts précaires ». Il n’est donc pas illogique de leur part de se replier sur le foyer. Entre le quiet quitting (ce mouvement qui consiste à ne plus faire de zèle au boulot) et les tradwives (ces femmes qui revendiquent un mode de vie à la maison), l’entreprise aurait-elle réussi à dégoûter les jeunes femmes ?

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