Une jeune fille sur son lit, un téléphone à ses côtés, les yeux levés vers le plafond, l'air blasé

La tendance du flaking : pourquoi tout le monde se met à annuler à la dernière minute ?

© RDNE Stock project

Décommander des plans est devenu courant. Ce phénomène, justifié par le besoin de prendre soin de soi, soulève des questions sur l’avenir des relations sociales et la confiance interpersonnelle.

« Je suis tellement fatiguée des plans annulés », se plaint un jeune homme sur Reddit. Au sein de la GenZ, un phénomène semble se généraliser : le « flaking ». Ce terme, emprunté à l’anglais « to flake », désigne l’acte d’annuler un engagement social au dernier moment. En ligne, des gens racontent comment des proches ont annulé des déjeuners, mais aussi des événements plus importants, comme des anniversaires ou des mariages. Longtemps considéré comme un manque de respect, ce comportement semble aujourd’hui largement normalisé et certains le voient même comme une nécessité, dictée par des vies surchargées. D’autres déplorent que cette attitude fragilise les relations. Comment en est-on arrivé là ?

@emmamarcelineroy

It’s okay, and sometimes necessary to cancel plans - it happens to all of us - be kind to yourself #restmatters #mentalhealth #wellness #cancellingplans

♬ original sound - Emma Roy

Flaking..., fatigue mentale, hyperconnexion et self care 

Cette tendance s’ancre dans des enjeux sociétaux profonds, notamment l’épuisement généralisé. D’après l’ONU, 11 % de la population mondiale souffre de troubles mentaux comme l’anxiété ou la dépression. Alors que la santé mentale se dégrade chaque année, beaucoup peinent à concilier travail, vie sociale et besoins personnels. Dans ce contexte, sortir devient une épreuve, et annuler une échappatoire instinctive. Les nouvelles technologies amplifient ce phénomène en rendant l’annulation facile et instantanée.

Le flaking semble aussi s’inscrire dans la tendance du self care. Pour de nombreux jeunes, prendre soin de sa santé mentale, comprise par l'OMS comme un état de bien-être physique, mental et social, est devenu essentiel. Reporter une sortie pour éviter un stress supplémentaire et préserver son équilibre est désormais perçu comme légitime. « On ne va plus se forcer à sortir pour faire plaisir aux autres », déclare une jeune femme sur Reddit. Une autre lui répond : « Oui, c'est positif que notre société commence à accorder plus d'importance à notre bien-être émotionnel, mais je pense que certains d'entre nous ont peut-être poussé un peu trop loin. »

Le symptôme d'une société en quête de bien-être individuel

Bien que l'annulation semble insignifiante, ses conséquences sur les relations humaines à long terme sont indéniables. Sur les plateformes en ligne, la frustration grandit ainsi que le sentiment de négligence. Le véritable préjudice reste cependant la perte de confiance. « Il devient de plus en plus difficile de compter sur les autres, et cette instabilité affecte tant les amitiés que les relations professionnelles », explique un utilisateur Reddit. 

Ce phénomène nourrit aussi un sentiment de solitude sociale déjà très présent au sein de la GenZ (33 % d’entre eux se sentent isolés). À force de voir ses projets s’effondrer, on finit par ne plus faire l’effort de planifier, entraînant un cercle vicieux de désengagement social. Le flaking illustre un changement dans les comportements et les normes sociales : notre culture s'oriente de plus en plus vers une valorisation des besoins individuels. Cette tendance pose alors une question : les liens sociaux durables sont-ils en voie de disparition ? L'avenir dira si le flaking deviendra la norme acceptée ou si un retour à des relations plus authentiques et engagées s’imposera comme un luxe. 

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commentaires

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  1. Avatar Cécile D dit :

    Annuler au dernier moment, sauf cas de force majeure bien entendu, porte un nom : le manque de respect de la parole donnée, de l'engagement pris, vis à vis de la personne qui a invité ou organisé un événement. C'est grave cette dérive, car elle est significative de l'individualisme qui prime sur le collectif. L'idéal est de trouver le juste milieu entre ses besoins d'indépendance et de solitude et l'effort nécessaire pour le vivre ensemble, l'effort qu'il faut pour parfois sortir de sa routine (et de chez soi) pour aller vers l'autre, l'écouter, partager des moments.
    Mes enfants sont de la génération Z et j'assiste à ce repli sur soi des jeunes, qui préfèrent les discussions virtuelles aux vraies rencontres autour d'un verre ou d'un moment partagé "en vrai". J'espère qu'ils vont revenir à plus d'authenticité et de besoin de partage.

  2. Avatar Quentin dit :

    Le respect de soi même passe aussi par le respect de l'autre et je ne pense pas qu'il est très respectueux de normaliser le flaking malheureusement.Prendre soin de soi c;est aussi anticiper et tenir ses engagements.Sinon qui sommes nous? des gens en qui on ne peut pas avoir confiance ? et si on ne tient pas ses engagements peux ton réellement avoir confiance en nous même?

  3. Avatar Anonyme dit :

    C'est très bien que ce phénomène donne lieu à des études sociologiques. Cette tendance du flaking observée depuis plusieurs années me gêne beaucoup. Elle existe non seulement parmi la Gen Z mais aussi parmi les personnes plus âgées (cinquantenaires et seniors) qui ne savent plus faire des choix, surbooking et désengagement de dernière minute. On planifie tout et on choisit à la dernière minute ce qui plait le plus ou rapporte le plus. Manque d'organisation, fatigue, gestion des priorités ou incapacité à dire non.... bref tout est prétexte. La politesse se perd avec ce phénomène. Et je ne parle pas des rendez-vous non-honorés chez les médecins, véritable fléau !

  4. Avatar Anonyme dit :

    Ces gens qui se plaignent de la solitude et qui ne font pas l'effort de préserver leurs liens sociaux et amicaux en honorant leurs engagements...

  5. Avatar Anonyme dit :

    C'est simple : il suffit de ne pas surcharger son emploi du tout et de ne pas "s'engager" tous azimuts. A force de trop vouloir en faire et de ne pas y arriver, c'est le lien social qui s'abime. or ce lien social quand il est solide et confiant, il contribue aussi à notre solidité et bien-être individuels.

  6. Avatar Elisabeth dit :

    Vous êtes auto-entrepreneur, vous donnez des cours (de langue, de maths, de musique...), et le client que vous deviez recevoir ce matin vous avertit une heure avant que finalement non, il ne viendra pas, il a autre chose à faire de plus important, ou il est fatigué, ou il n'a simplement pas envie de venir. Et vous, vous aviez pris vos dispositions pour lui consacrer le temps nécessaire, renonçant à toute autre activité. Vous êtes pris au dépourvu, c'est parfois trop juste pour se retourner et prévoir autre chose.
    Cette attitude dénote un manque total de respect pour autrui. Certaines personnes sont juste incapables de se mettre à la place de l'autre.

  7. Avatar Anonyme dit :

    A 73 ans, je déplore cette façon de se désister au dernier moment ! personnellement, je suis engagée dans plusieurs associations et il ne me viendrait pas à l'idée de les abandonner alors que je me sens responsable de la survie des ces groupes.
    Il m'est régulièrement demandé de faire des efforts supplémentaires comme apprendre un nouveau jeu de carte, mais là je refuse car je fais déjà beaucoup de choses mais ma génération ne s'en rend pas compte, car elle vivait plus doucement.

    J'ai travaillé jusqu'à 65 ans, mon dernier métier était assistante maternelle, j'ai continué jusqu'au bout pour m'occuper des petits enfants jusqu'à leur entrée à l'école, alors que j'aurais pu prendre ma retraite plus tôt, pour moi c'est une question de respect, quand on s'engage on tient ses engagements, je ne peux pas faire autrement, peut-être grâce à mon éducation ?

    La solution à mon avis est de ne pas s'engager dans trop de rendez-vous, fêtes et autres, de manière à pouvoir tout gérer.

    La même chose se produit dans le domaine médical, plein de personnes prennent des rendez-vous qu'elles n'honorent pas, privant d'autres patients de soins indispensables...

  8. Avatar Anonyme dit :

    juste un faux plan, ça existe belle lurette faut arrêter de tout angliciser et faire passer cela pour neuf

  9. Avatar Anonyme dit :

    Visiblement, il y a vraiment un problème, où les efforts mineurs deviennent des tâches incommensurables. Comme si à 50ans, s'activer est plus facile que pour des personnes de 30. Dans ce cas oui, une spirale infernale et un manque de respect avec son être. Car un engagement non respecté fragilise son immunité et l'estime de soi. ET donc oui, la dépression n'est pas loin. L'avenir est à la déconnexion!!!

  10. Avatar Anonyme dit :

    Faut dire qu'avec la pub "c'est bon de décommander"...Ubereat, les esclaves modernes...

  11. Avatar Pascale dit :

    Article intéressant et assez juste d'une manière globale. Je connais ce découragement dans le fait d'organiser des évènements que beaucoup annulent à la dernière minute. Je connais heureusement aussi beaucoup de gens qui privilégient la vie sociale, entre voisins ou même la vie communautaire, en passant par la co-location, le co-voiturage. Ceci est plus sensible à la campagne, dans certains hameaux ou villages où les gens s'entr'aident.

  12. Avatar Anonyme dit :

    « Je suis tellement fatiguée des plans annulés », se plaint un jeune homme sur Reddit ? Dans ce cas il s'agirait plutôt d'une jeune femme...
    D'autre part, si on est trop fatigué pour sortir on ne s'engage pas. Annuler au dernier moment pour des motifs fallacieux témoigne d'un total manque de respect, le triste reflet de notre époque.

  13. Avatar Moi, en chemin dit :

    Ne prendre que les engagements que l'on peut tenir, signifie apprendre à connaître ses limites. Ne pas s'en rajouter. Si nécessité d'annuler, le faire dans le respect de l'organisation de l'autre personne, soit quelques heures avant, voire la veille. Prendre soin de soi est juste, pour prendre soin de l'autre tout autant. La raison la plus noble étant le bien vivre avec soi et les autres. Merci.

  14. Avatar Guitou21 dit :

    Le flaking est la rançon de l'hyper connexion et de l'hyper sollicitation électronique : à force d'avoir trop "d'amis" sur les réseaux sociaux, on finit par ne plus en avoir en chair et en os. Il suffirait de lever un peu plus le nez des téléphones mobiles et resserrer leur utilisation à l'essentiel. En outre, ça diminuerait d’autant l'impact écologique. Refusons cette dictature !

  15. Avatar Anonyme dit :

    C'est bien beau de prendre soin de soi-même, mais il faut aussi garder à l'esprit que quand on fait des plans avec d'autres personnes, ils ont fait l'effort de se rendre disponible, ont peut-être dit non à d'autres plans, etc... pour au final se faire décommander à la dernière minute, ça fait mal et c'est frustrant.
    Prendre soi de soi-même, oui, prévenir les autres avant le dernier moment, oui aussi.

  16. Avatar Simon dit :

    La recherche de son bien-être... au détriment de l'autre ! ça porte un nom: l'égoïsme... Les résultantes conjointes de l'individualisme, l’apparat social et l'irresponsabilité. On veut plaire en disant oui, on arrive pas à se projeter dans l'avenir pour savoir si on sera en mesure de tenir son engagement, et une fois que l'on est éloigné du jugement direct de l'autre, notamment au travers de la dématérialisation des échanges, le masque tombe et on préfère trahir la confiance de son ami ou autre plutôt que de se tenir à ce qu'on a dit.

    Je ne vois en ce comportement qu'une fragilité, la légèreté si caractéristique de ceux que le confort a fini par dominer, et qui ne sont plus capable de la moindre résilience. En un sens, pas une sensibilité nouvelle comme on veut nous le vendre, mais bel et bien une faiblesse !

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