L'astrologie, c'est pour les millennials (dixit les Z)

Malgré la multiplication des horoscopes et des hashtags relatifs aux configurations célestes, les Z seraient moins enclins à croire en l'astrologie que leurs prédécesseurs. Mais c'est peut-être juste Mercure qui rétrograde.

Après les jeans et l’émoji qui pleure de rire, au tour de l'astrologie de diviser les générations Z et Y. De TikTok à Instagram, les hashtags « astrologie », « zodiaque » et « tarots » cumulent des millions de vues. Pourtant, un récent sondage* indique que si les millennials sont de loin la génération la plus intéressée par la lecture des astres, la génération Z se montrerait quant à elle plus sceptique.

« Je juge les gens qui prennent l'astrologie trop au sérieux »

Alors que 83 % des millennials interrogés déclarent croire « quelque peu » ou « totalement » à l’astrologie, seuls 62 % de la génération Z sont du même avis. D'après le sondage, les Z sont également moins intéressés par l’astrologie que la génération X, mais plus que les baby-boomers. Dans l'ensemble, l'attrait pour l'astrologie demeure : 95 % des sondés connaissaient au moins leur signe astrologique, et 65 % estiment que ce signe les représente fidèlement. Ces chiffres sont un peu plus élevés pour la génération Y (96 % connaissent leur signe du Zodiaque et 75 % pensent que cela leur correspond), et un peu plus bas pour la génération Z (92 % connaissent leur signe et 61 % considèrent que cela coïncide avec leur personnalité). C'est dans le domaine amoureux que l'écart entre les deux générations se creuse : 81 % des millennials ont déclaré avoir consulté les étoiles pour obtenir des conseils sur leurs relations, contre 59 % de la génération Z. Dans l'ensemble, les Z seraient plus incrédules que leurs aînés. En plus de témoigner d'un moindre intérêt pour l'astrologie, le sondage Harris rapporte que 54 % des membres de la génération Z sont d'accord avec la déclaration : « Je juge les gens qui prennent l'astrologie trop au sérieux », contre 46 % de millennials.

Dans mon ère astro, jusqu'à saturation

Depuis quelques années, impossible de faire un pas en ligne sans tomber sur une diseuse de bonne aventure ou une marque de bougies végétaliennes mettant à l'honneur Sagittaire, Verseau et Capricorne. En 2017 est lancée l'application très populaire Co-Star, et en 2020, les recherches Google incluant les termes « astrologie » et « thèmes de naissance » atteignent des sommets. Depuis, les médias s'emballent. En 2017, Buzzfeed annonce le début d'un « nouvel âge de l'astrologie », suivi de The Atlantic en 2018. La même année, le New York Times affirme que l' « astrologie a envahi tout Internet », et en 2021, Business Insider démontre que « les entrepreneurs de l'astrologie » ont transformé l'horrible année 2020 en « industrie à 2,2 milliards de dollars ». En mai 2022, McDonald offrait un McChicken ou un McDouble gratuit à l'achat de frites moyennes pour les deux premiers jours de Mercury Retrograde, ainsi que des lectures de tarot en direct réalisées par la star de TikTok Madam Adam. Rendue ultra-accessible par le biais des réseaux, l'astrologie aurait peut-être atteint un point de saturation. Après ça, l’intérêt de la presse pour la discipline céleste vieille de cinq millénaires semble s’essouffler. « Ce n’est pas que les gens ont cessé de s’intéresser à l’astrologie après 2021, mais elle n’est plus largement présentée, du moins dans les médias américains, comme quelque chose de nouveau et d’excitant », observe Cosmo.

Comprendre le monde, pas seulement soi

D'après les sociologues, l'engouement pour l'astrologie augmenterait ou diminuerait lors des périodes d'incertitudes : crises économiques, guerres, catastrophes naturelles et pandémies. Selon l'astrologue psychologue américaine Jennifer Breed, la guerre du Vietnam avait par exemple conduit à un regain important de popularité de la pseudoscience tout au long des années 70. D'autres observent que l'astrologie constitue une voie alternative vers la spiritualité et l'identité, en particulier pour les personnes marginalisées. Cela pourrait en partie expliquer le fort intérêt pour l'astrologie au sein de la communauté LGBTQIA+. Le sondage révèle en effet que 61 % des Américains LGBTQIA+ étaient d'accord avec l'affirmation « l'astrologie me donne plus de confiance en moi », contre 47 % pour les autres. Monisha Holmes, astrologue, affirme que la génération Y et la génération Z abordent l'astrologie d'une manière différente : « Lorsque je travaille avec des millennials, je constate qu’ils essaient vraiment de comprendre leur vie. (...) Alors que lorsque je travaille avec la génération Z, ils essaient de comprendre le monde extérieur. »

*Sondage publié en février 2024 par Harris Poll et mené sur 2069 adultes américains.