
Si vous pensez que les envies de voyages naissent sur TikTok… Préparez-vous à réviser vos certitudes. Eux organisent leurs séjours via leur LLM. Et ils adorent ça.
Avant, on ouvrait un guide papier. Puis on a tapé « 10 choses à faire à Lisbonne » sur Google. Enfin, on a scrollé sur Insta ou TikTok pour regarder des couchers de soleil à Santorin. Maintenant ? On discute avec un LLM. Selon une étude menée en 2024 par OnePoll pour eDreams, 87 % des 18–24 ans en France utilisent déjà l’IA (ou se disent prêts à le faire) pour améliorer leurs voyages. Et cela change quoi ? Beaucoup de choses…
« Je n’arrivais pas à trouver de carte papier »
Andrée n’a pas vraiment le profil-type de « l’IA-traveler ». Et pourtant. À 67 ans, cette jeune retraitée ultrafan de K-dramas s’est envolée en avril dernier pour la Corée du Sud après avoir suivi des cours de coréen pour une meilleure immersion. Mais rapidement, dans la préparation de son voyage, un détail bloque : « Je n’arrivais pas à trouver de carte papier de la Corée. Et moi, j’ai besoin de carte pour réfléchir. » Andrée a déjà testé ChatGPT une ou deux fois pour des recherches, rédiger un petit texte. Rien « d’aussi complet que l’organisation d’un séjour ». Elle tente de lui demander un itinéraire cohérent, en soumettant ses envies : palais, bibliothèques, marchés… « Il y avait des lieux aux noms très similaires. Seule j'aurais pu faire des erreurs. » Zéro faute pour l’IA. « Il a bien géré et m’a proposé un programme de séjour sans accroc que j’ai quasiment suivi à la lettre. Ça a été vraiment très utile. »
« Toujours, toujours vérifier »
L’optimisation. L’efficacité. C’est souvent le premier argument de celles et ceux qui ont adopté les voyages assistés par IA. C’est aussi ce qui a motivé Laura, influenceuse britannique lifestyle (35k abonnés), qui partage régulièrement ses astuces « voyage et IA » sur son blog et ses réseaux. Elle revient tout juste d’un séjour en Asie du Sud, entièrement organisé par ChatGPT. « Il m'a aidé à trouver les dates des vols les moins chers, a associé un itinéraire que je n'avais pas envisagé, m'a proposé un choix d'hôtels de charme et m'a fourni un itinéraire complet de trois semaines. Cela m'a fait gagner des HEURES de temps », s’enthousiasme la jeune femme qui avertit toutefois : « Il faut toujours, toujours vérifier. » Elle en a fait dernièrement l’expérience, pour des amis : « J’ai voulu tester ChatGPT sur la région où je vis, les Cotswolds, pour une excursion à la journée depuis Londres. Le plan proposé était complètement impraticable : randos compliquées entre les villages, un ordre incohérent. Moi, j’ai vu les erreurs, mais quelqu’un qui ne connaît pas la région aurait pu se retrouver dans une galère ».
« C'est diaboliquement efficace »
C’est justement pour éviter ces galères que Sébastien n’était pas convaincu de supprimer le facteur humain. Ce directeur en charge de la création dans une agence de marketing souhaite organiser un voyage spécial à l’occasion de ses 50 ans. Il cible les Galápagos après avoir repéré une promotion d’Air France, et commence par contacter une agence locale. Pour le confort, l’expertise, il est prêt à payer un supplément. Mais rapidement, cela coince. « Avec le décalage horaire, il y avait moins d’instantanéité. Au bout de deux semaines, on n’avait rien bouclé. Entre-temps, on me disait : tel hôtel n’est plus dispo, celui-ci non plus... Il y avait un décalage par rapport à mon quotidien et à ma manière de travailler, avec des projets, des deadlines… Je n’ai presque plus l’habitude d’attendre 48h pour une réponse sur quelque chose qui pourrait arriver beaucoup plus tôt » admet ce dernier. Gêné, mais déçu de la prestation, Sébastien finit par monter son itinéraire seul, à l’aide de ChatGPT. « Je me suis rendu compte que ça allait super vite. » Avec l’IA, il gagne en rapidité, mais aussi en sérénité. « On projette moins d’irritants relationnels sur la machine. Avec un humain, on surinterprète : la personne traîne les pieds, ça la gêne... ». Ce créatif qui collabore régulièrement avec des acteurs majeurs du tourisme analyse : « Je me dis que c'est diaboliquement efficace. J'ai bien conscience que c'est pénalisant pour les voyagistes et les agences. S’ils ne l'utilisent pas eux-mêmes, voire ne proposent pas une valeur ajoutée, c'est assez dramatique. Moi, l’expérience m’incite vraiment à continuer ce que je viens de faire. »
« Ça me permet de mieux définir les contours de l’inconnu »
Clara, elle, n’a jamais eu le réflexe « agence de voyage ». Jeune docteure en intelligence artificielle et ingénieure en machine learning, elle serait plus de la génération qui va chercher l’inspiration sur TikTok. Mais rien de tel. « Je me rends compte que j’ai un rapport hypertextuel au voyage », décrit la jeune femme qui vient de rentrer d’un circuit en Thaïlande avec sa mère et sa sœur, intégralement bouclé grâce à ChatGPT. « Ça me permet de tester des trucs. Au moment où je commence à écrire – je suis une femme, je suis seule, j'aimerais faire telle ou telle chose, etc. – je suis déjà en train de partir. Le plaisir du voyage commence au moment où tu écris ton prompt ! », s’amuse cette dernière. Elle décrit : « Bizarrement, ça rend plus actif. C’est plus : qu'est-ce que je veux vraiment ? Pour moi, c’est diamétralement opposé à la consommation de posts TikTok, ou de clichés Insta de van life ! »
Clara souffre d’un trouble du spectre autistique (TSA), une condition qu’elle évoque très librement. « Il y a plein de choses que les gens font en pilote automatique sans s’en rendre compte, et qui demandent de l’énergie consciente aux personnes qui ont un TSA. L'organisation en fait partie. Ça crée une sorte d'anxiété très forte et qui défonce tes niveaux d'énergie », décrit-elle.
Plus qu’un moodboard ou un super concierge, Clara voit dans l’IA une béquille précieuse, qui autorise le voyage : « La difficulté pour moi, c'est vraiment le premier pas. Ce truc de "mais par où je le prends ? " ». Pour la jeune femme, « le fait de demander à ChatGPT m'enlève énormément d'anxiété. Pouvoir préparer tout en amont, avec un niveau de certitude assez haut, cela change tout. » D’ailleurs, Clara planifie déjà ses prochaines vacances, de la même manière : « J’ai juste dit : j'aime bien les centres urbains, les cités médiévales, la nature et la mode. J'ai tel budget, où est-ce que je peux aller ? » ChatGPT lui a sorti une short list : Italie, Croatie ou Portugal. Elle imagine la même expérience, sans IA : « J'aurais pris la France, j'aurais fait un cercle en disant : je veux aller à tant d'heures d’avion... J'aurais regardé tous les pays qui me chauffaient. Ça m'aurait pris 4 jours, je me serais stressée de ouf parce que j'aurais eu peur d'oublier des trucs ! », décrit-elle en riant, avant de conclure, plus sérieusement : « L’IA m’aide à combattre mon anxiété en définissant un peu mieux les contours de l’inconnu ».
Vraiment cet article est intéressant. Il remet en question pas mal d habitudes et envoie un message très positif sur l utilisation de l' IA en tous cas pour ce type de démarches lié à l organisation d un voyage..