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Horizon 2040 : quel tourisme dans le monde de demain ?

© Véronique Olivier-Martin

En 2040, nous déplacerons-nous chaque week-end en avion 100% électrique dans un grand village mondialisé ou évoluerons-nous sur une planète archipélique, où l’urgence climatique a contraint drastiquement nos déplacements ?

Dans la nouvelle étude « #Horizons2040 : construire ensemble les tourismes de demain » (2023), Atout France s’est lancé dans un travail de prospective colossal : imaginer concrètement à quoi ressemblera le tourisme dans le futur. Un travail de prospective en profondeur, appuyé par des experts en prospective du cabinet Onepoint, qui a conduit l’agence de développement touristique de la France à identifier et analyser 32 facteurs de changement identifiés répartis entre 5 thèmes (climat et ressources, géopolitique, économie et société, technologie, humain), à conduire de multiples entretiens et construire une bibliographie de dizaines de documents. 

De ce travail d’analyse, Atout France a extrait quatre scénarios prospectifs fondés sur une grille d’analyse partagée entre ces évolutions possibles. À l’heure où le secteur touristique connaît de profondes mutations et interrogations sur ses modèles, découvrons quatre scénarios pour le tourisme de demain qui inspireront aussi bien les décideurs publics que privés. 

Scénario #1 : quand la Terre devient un grand village mondial 

Imaginez un monde où les canicules, feux de forêts et pénuries auraient disparu des radars. Un monde où la prise de conscience environnementale a permis que les acteurs, privés ou publics, travaillent ensemble pour miser sur des solutions durables au changement climatique. Une « convergence des transitions » aurait permis à un tourisme durable de fonctionner dans un grand village mondialisé. Le rêve ? 

Pour en faire un monde il faudrait plusieurs éléments déclencheurs : la création d’alliances entre acteurs privés et publics pour accélérer la transition verte, mais aussi réussir à créer des innovations de rupture en matière de mobilité et d’énergie. Par exemple, le captage et le stockage du CO2 ou le développement d'hydrogène vert. Dans le secteur touristique, cela passerait aussi par des actions de restriction pour préserver l’environnement, comme des quotas sur le nombre de voyageurs sur des sites fragilisés. 

Dans l’industrie du tourisme, cela permettrait une grande démocratisation du voyage, avec une baisse des prix généralisés, et un éclatement des frontières. L’impact des flux touristiques envisagés avec ce scénario : une croissance toujours soutenue des flux, avec 120 millions de touristes internationaux et 375 millions de voyages domestiques en France. 

(c) Véronique Olivier-Martin/Atout France

Scénario #2 : le tourisme réservé à une élite globalisée 

Imaginez un monde où l’urbanisation a été portée à son comble, créant des mégalopoles hyperconnectées et surpeuplées. Des acteurs et plateformes privées déploient l’essentiel des technologies, alors que les pouvoirs publics ont pris une place de second plan. Les écarts se sont ainsi creusés entre riches et pauvres, entre villes intelligentes et campagnes hostiles, suite à l’affaiblissement des pouvoirs publics, minés par la gestion des catastrophes climatiques. Alors, seule une élite globalisée pourrait se permettre d’échapper à la jungle urbaine pour voyager à la recherche d’exotisme.

Pour en faire un monde, il faudrait que les acteurs privés deviennent de plus en plus hégémoniques et que la convergence des technologies permette une révolution dans la mobilité (comme un avion supersonique) et dans notre gestion de l’urbanisme. 

Dans l’industrie du tourisme, ces fractures sociales concourraient à la création d’un tourisme de l’exotisme et de l’hyper-personnalisation. L’industrie touristique propose un confort maximal et des voyages originaux, comme dans l’espace, à un minimum de personnes. C’est aussi la loi du plus fort : les petits acteurs touristiques se font plus rares, au profit de grands groupes. L’impact des flux touristiques envisagés avec ce scénario : 70 millions de touristes internationaux, parmi les ultra-riches de la planète, et 280 millions de voyages domestiques en France. 

Scénario #3 : à la rencontre des territoires communautaires 

Imaginez un monde où la mondialisation est un lointain souvenir. Désormais, les voyageurs préfèrent la douceur des régions voisines et des communautés rurales. Un mouvement de régionalisation qui favorise les écosystèmes locaux, où la production alimentaire s’effectue en circuit court et où tout ce que nous achetons arrive d’un rayon de moins de 100 kilomètres. Gouvernance, gestion, production : bienvenue dans un monde des petits territoires communautaires ! Un rêve militant ? Certes, mais surtout le résultat d’une tectonique des plaques géopolitique : dans un monde en guerre plus ou moins larvée, l’ouverture aux autres aires civilisationnelles est très rare et fortement encadrée.

Pour en faire un monde, il faudrait d’abord que notre monde actuel change radicalement. Les tensions géopolitiques, notamment nourries par les problématiques d’accès aux ressources rares, ont conduit à une chute drastique des échanges internationaux. Cela encourage le développement de micro-usines et chaînes de productions locales, mais aussi la création de solutions quasi-individuelles de production et stockage d’énergie. Une approche low-tech est désormais privilégiée dans l’innovation technologique. 

Dans l’industrie du tourisme, ce scénario fait la part belle aux séjours à proximité de son lieu de vie ou dans la même zone d’influence. Les voyages long-courrier relèvent du passé, mais le système ferroviaire, notamment européen, tourne à plein régime. Le tourisme équitable, les micro-aventures ou le cyclotourisme font désormais partie du quotidien de tous les Français. Face à des ressources et un environnement préservés, où les labels environnementaux sont la norme, l’activité touristique, orientée autour des offres collectives dans des stations réinventée, retrouve une seconde jeunesse. Toutefois, cela permet aux acteurs locaux de perdurer, en proposant une offre de proximité devenue la norme.  L’impact des flux touristiques envisagés avec ce scénario : 80 millions de touristes internationaux et 325 millions de voyages domestiques en France. 

(c) Véronique Olivier-Martin/Atout France

Scénario #4 : une archipélisation du monde et un tourisme contraint

Imaginez un monde où l’urgence climatique n’a, finalement, jamais été prise à bras le corps. En 2040, l’humanité se retrouve dos au mur et les loisirs ou le tourisme font partie des secteurs sacrifiés, car trop gourmands en ressources et non essentiels. Nous voilà toutes et tous embarqués dans une marche forcée vers la décroissance, subie, où les régulations contraignent nos déplacements et échanges. Le monde est désormais fractionné en petites îles presque imperméables les unes aux autres. 

Pour en faire un monde, il faudrait que toutes les actions contre la hausse des émissions de gaz à effet de serre et la hausse des températures aient été inefficaces. Face à une baisse de la qualité de vie et de la croissance économique et sociale, le commerce international chute et nous entrons dans une spirale de restrictions destinées à endiguer le problème environnemental. Dans un monde de pénuries, les loisirs sont les premiers sacrifiés, et les derniers servis pour l’allocation des ressources rares : énergie, eau, matériaux de construction.

Dans l’industrie du tourisme, cela signifie un effondrement des flux internationaux, nationaux et régionaux. Les besoins essentiels priment et l’on assiste à un repli de l’industrie, qui perdure au travers de petits acteurs, sur des activités micro-locales et les savoir-faire. La rentabilité est devenue un défi majeur de l’industrie du tourisme. L’impact des flux touristiques envisagés avec ce scénario : 30 millions de touristes internationaux et 180 millions de voyages domestiques en France. 

Envie d’en savoir plus sur ces scénarios ou la méthodologie de l’analyse de l’étude « #Horizon 2040 : construire ensemble les tourismes de demain » ? La synthèse est disponible gratuitement et en accès libre sur le site d’Atout France. 

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