Un hacker devant son écran avec une carte du monde derrière lui

343 milliards d’euros d’ici 2027 : les fraudes e-commerce explosent

© FB via Ideogram

De la fraude à la TVA au remboursement bidon, les fraudeurs de l’e-commerce redoublent d’ingéniosité pour plumer commerçants et consommateurs.

En novembre 2024, un vaste réseau de fraude à la TVA impliquant la mafia italienne a été démantelé en Europe, causant des pertes estimées à 1,3 milliard d’euros et entraînant des dizaines d’arrestations, rapporte le journal Le Monde. Appelée « fraude à la TVA carrousel », cette méthode consiste à créer une chaîne de fausses entreprises complices qui s’échangent des marchandises électroniques et de haute valeur. Le processus commence par un achat intracommunautaire, exonéré de TVA, au sein de l’UE. Les biens sont ensuite revendus avec la TVA incluse dans le prix, mais cette taxe n’est jamais reversée à l’État. Ces produits peuvent ainsi circuler entre plusieurs pays, parfois une dizaine de fois, via des plateformes en ligne comme Amazon. À chaque étape, la TVA est collectée, mais les entreprises impliquées disparaissent avant de la déclarer, empêchant son recouvrement par les autorités fiscales.

Ce coup de filet a révélé la sophistication croissante des escroqueries en ligne. Depuis 2022, les tentatives de fraude dans l'e-commerce mondial ont augmenté de 16 %. Chaque clic, chaque retour, chaque remboursement est une nouvelle opportunité pour les escrocs d’agir. Et ça ne va pas s’arrêter : les pertes liées à la fraude en ligne devraient atteindre 343 milliards d’euros d’ici 2027, selon l'institut Juniper research. Si, autrefois, les fraudeurs avaient des profils reconnaissables, ce n’est plus le cas. Aujourd’hui, tout le monde peut se retrouver dans la boucle, poussé par l’attrait d’un gain rapide ou par des stratégies savamment orchestrées.

Fraude amateur versus fraude professionnelle

Les petits fraudeurs, eux, opèrent en solo et de manière artisanale : une retouche rapide d’un bordereau, un appel convaincant au service client. Ils visent surtout de petites entreprises, moins équipées pour contrer ces stratagèmes. Mais leur portée reste limitée : au moindre contrôle, leurs manipulations s’effondrent. De l’autre côté, les réseaux organisés jouent dans une autre ligue. « Ces réseaux exploitent les insiders, c’est-à-dire des employés infiltrés au sein des entreprises, capables de manipuler des données critiques comme les suivis de livraison ou les anomalies logistiques. Ils peuvent récupérer des milliers d’euros en remboursement », détaille un spécialiste de la fraude qui a voulu rester anonyme.

Un exemple marquant ? En 2022, deux anciens employés d'Amazon, Kayricka Wortham et Demetrius Hines, ont plaidé coupable d’avoir détourné près de 10 millions de dollars de l’entreprise. Occupant des postes de direction et de prévention des pertes, ils ont soumis de fausses factures pour des fournisseurs fictifs.

L'IA à la rescousse

Le service client standardisé d’Amazon, centré sur la satisfaction client, devient un outil à double tranchant. Si ce modèle rassure les consommateurs, il expose les petits vendeurs à des abus. Pour eux, chaque remboursement frauduleux représente une perte critique, bien plus significative que pour un géant comme Amazon.

Face à la montée en puissance des fraudes organisées, la réponse se joue dans une « course à l’armement » technologique. Des plateformes comme Forter ou Riskified s’appuient sur des algorithmes capables d’identifier en temps réel des comportements inhabituels : adresses IP suspectes, anomalies dans les commandes ou incohérences dans les retours. Les entreprises collaborent également à travers des initiatives comme le Fraud Prevention Network, qui centralise des informations sur les fraudeurs, un peu comme un fichier partagé visant à empêcher les récidives. Une lutte qui a tout du jeu du chat et de la souris, mais ici, le chat peut compter sur le soutien de l’intelligence artificielle.

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