
Apprendre en dehors des sentiers battus : c'est le pari du flexischooling. Un mode d'éducation hybride qui séduit de plus en plus de parents.
Et si l’école n’était plus le centre névralgique de l’apprentissage, mais une composante parmi d’autres ? Le flexischooling, véritable laboratoire éducatif, propose une alternative : quelques jours à l’école, le reste à la maison, sous la supervision des parents. Cette approche est devenue une échappatoire pour de nombreuses familles à la recherche de solutions adaptées aux besoins de leurs enfants. À la croisée de l'école et de l'instruction à domicile, le flexischooling interroge sur l'avenir de l'éducation et sur la capacité des institutions à répondre aux besoins d'une nouvelle génération d'élèves.
L’école à deux vitesses : fractures et privilèges
En Angleterre, où le flexischooling est autorisé dans de nombreuses écoles, Sir Martyn Olive, inspecteur en chef de l'éducation, s'inquiète du fait que l'enseignement à temps plein est de plus en plus considéré comme facultatif. Aux États-Unis, les formules hybrides explosent, surfant sur l’engouement pour l’instruction à domicile, qui concerne désormais près de 5 millions d’enfants. En France, si le phénomène reste marginal, les demandes d’instruction en famille ont doublé entre 2020 et 2022, traduisant un même désir de flexibilité.
Mais derrière ces chiffres se cache une réalité plus troublante : le flexischooling est loin d’être une solution accessible à tous. En effet, le modèle séduit essentiellement des familles favorisées, souvent issues des classes moyennes et supérieures, où l'on trouve des parents diplômés, armés d’un solide bagage culturel et éducatif mais aussi d'un capital temps et financier suffisant pour ajuster leur quotidien à celui de leurs enfants. Et c’est là que le bât blesse. Car si le flexischooling promet un apprentissage sur mesure, il risque aussi de creuser les inégalités voir même faire émerger une école à deux vitesses. Pour les autorités, le flexischooling représente un défi de taille. Comment garantir que ces enfants bénéficient réellement d’une éducation adaptée ? Les chercheurs, eux, pointent le risque de désocialisation. Car si ce modèle offre plus d’autonomie aux enfants, il les prive aussi d’un cadre collectif, essentiel à leur développement.
Vers une éducation à la carte ?
Si le flexischooling reflète un besoin croissant de personnalisation, il pose aussi une question fondamentale : l’école doit-elle s’adapter à l’individu ou l’inverse ? Un vaste débat, loin d’être tranché, qui met toutefois en lumière une aspiration collective à repenser l’éducation. Selon Stephanie Sewell, « l'école telle que nous la connaissons n'a aucun sens dans l'esprit de plus en plus de jeunes. Ou d’ailleurs, dans l’esprit des enseignants qui quittent en masse la profession. » Mais si l'enseignement flexible apparaît pour certaines familles comme une alternative à un système qui peine à s’adapter aux besoins de la « génération Alpha », peut-il devenir une solution durable ? Selon le rapport de la Commission internationale sur les futurs de l'éducation de l'UNESCO, son succès dépendra d’une réforme plus large des politiques éducatives. En effet, aux États-Unis et au Royaume-Uni, des expérimentations tendent à montrer la viabilité du modèle, à condition de mettre en place des partenariats solides entre parents et enseignants et de développer des ressources accessibles à tous. Selon Bridget Phillipson, secrétaire à l'éducation du Parti travailliste britannique : « Nous devons revoir le système. Les parents ont perdu confiance, les résultats pour les enfants ne sont pas bons et, malheureusement, nos dépenses ne cessent d'augmenter.» Mais attention, les chercheurs mettent en garde : pour éviter que ce modèle ne devienne l’apanage de quelques-uns, il faudra s’assurer qu’il reste une option, et non une obligation.
J'apprécie vraiment vos articles et vos analyses. Merci pour ces apports réguliers. Donc là y a du avoir un manqué, un raté, quelque chose qui a été rangé dans le mauvais casier car cet article pourrait tenir de la comédie des moeurs dans une famille de bobos particulièrement savoureuse. Si vous vous nommez ADN tendances et mutations questionnez-vous sur les principales questions dans le domaine de l'éducation, la montée des laissez-pour compte, la décadence des jeunes français dans les domaines scientifiques et des mathématiques, les pesanteurs culturelles qui pèsent encore sur les orientations des jeunes. Quel intérêt de se focaliser sur quelques familles blindées qui se questionnent tristement sur l'avenir de leurs enfants persuadées qu'elles sont d'être de formidables formateurs. Ce n'est pas parce qu'une tendance semble se faire jour qu'elle n'est pas ridicule, dangereuse et apte à renforcer encore plus les ségrégations sociales.
... nous n'avons jamais dit le contraire...
article de bobos sur les bobos : l'entre-soi par excellence.
Je suis toujours effarée par l'ampleur de nos contradictions. Merci à vous de m'apprendre chaque jour un peu plus de ce qui fait l'humain, c'est pour ça que j'adore lire vos articles, même si certains m'attristent (commentaires compris).