
Manteaux, fourreaux, sacs et même bikinis, la fourrure est de retour. À une différence près : elle est fake et sans plastique.
Sur les podiums des défilés, dans le métro et sur nos fils Insta… À moins d’avoir passé l’hiver 2024 en hibernation, impossible de manquer le grand retour de la fourrure. Du cosy coat de Selena Gomez, au glamour so French de J.Lo et à l’improbable bikini en fausse fourrure de Kim Kardashian, dès les premiers froids de la saison, toutes les it girls de la GenX, Y ou Z ont sorti leurs pelages.
Green "Mob Wife"
Retour en force de l'esthétique mob wife des années 90 ? Pas sûr. Car, tout comme le bikini de Kim K., le diable est dans les détails. Ainsi, toutes ces pièces affichées avec flamboyance sont fake. Mieux encore : ces « faux furs » (excuse my French) ne se contentent plus d’être animal friendly, elles sont aussi plastic free. Dans les années 70-80, polyester et acrylique semblaient être des alternatives idéales : duveteuses, glamours, et respectueuses du bien-être animal. Après des décennies de matières synthétiques polluantes et des océans saturés de résidus pétrochimiques, l'heure est venue pour les marques et les créateurs de pousser le curseur plus loin. D’un côté, les dérivés animaux comme les "laines fourrures", mix de mérinos, d’alpaga, de soie ou de cachemire – à l’image du Cashfur signé Loro Piana, ou des créations de Gabriela Hearst. De l’autre, des alternatives 100 % végétales à base de fibres naturelles.
Pionnière du genre, Stella McCartney a présenté lors de la COP28 une collection de manteaux réalisés intégralement en Savian, matière écoconçue à partir de déchets agricoles et de fibres comme l’ortie, le chanvre et le lin. De quoi faire boule de neige dans l’industrie ? La cofondatrice et directrice commerciale de BioFluff, start-up qui a mis au point le Savian, Roni GamZon, le croit.
« Depuis la COP28, nous avons constaté beaucoup d'intérêt de la part de créateurs et de marques de tous horizons, du luxe à la fast fashion, des indépendants aux conglomérats », explique-t-elle au Financial Times.
Régulation dans la ligne de mire
Si les bonnes volontés sont bien sûr au rendez-vous, elles ont sans doute été largement motivées par l’Ecodesign for Sustainable Products Regulation (ESPR), qui s'appliquera à partir de juillet 2025 pour imposer aux marques des exigences strictes en matière de réduction de l’empreinte plastique de leurs créations, sous peine de restrictions sur le marché européen. Recadrage plus que nécessaire. Selon le rapport Fashion on Climate du cabinet de conseil McKinsey & Company, l'industrie textile émet chaque année autant de gaz à effet de serre que les économies combinées de la France, de l'Allemagne et du Royaume-Uni. L’enjeu dépasse largement le cadre des fourrures et la problématique, légitime, de la cruauté animale.
Tendance anachronique ?
Reste que, pour celles qui n'auraient pas le prix d'un loyer (voire plus) à se mettre sur le dos, difficile de se transformer en Cruella écolo. Un simple sondage informel d'étiquettes suffit à s'en convaincre : les matières plastiques et autres viscoses, épinglées pour leur empreinte sociale et écologique déplorable, trustent encore le catwalk des trottoirs.
Face à ce constat, chiner ou exhumer des fourrures existantes (vraies ou fausses) peut sembler une solution plus responsable. Pas envie d’attendre que ces fourrures éthiques deviennent plus abordables, ni de ressortir l’écharpe en renard vintage ? Pas de panique : si la « faux fur » a bel et bien ouvert la voie à une manière plus vertueuse de créer le textile, dans un monde à bientôt + 3 degrés, ses pièces risquent de devenir un tantinet anachroniques.
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