Une jeune fille blonde en pleurs

Êtes-vous pauvres ou souffrez-vous de dysmorphie financière ?

© Euphoria

Crispation, anxiété et fantasmes, la gestion de nos petites finances au cœur de perceptions erronées.

Défi no buy, loud budgeting et doomspending : les anglo-saxons font pleuvoir les néologismes comme les hommes dans le clip des Weather Girls. Sans doute car notre rapport à l'argent, de plus en plus ambivalent, a continuellement besoin d'être clarifié, analysé et explicité. Et ce même si certaines ambitions semblent uniformément partagées. Selon un récent sondage, près d'un jeune sur deux serait obsédé à l'idée d'être riches. Une inclination qui conduirait quelque 40% d'entre eux à expérimenter de la « money dysmorphia », ou dysmorphie financière.

C'est quoi la dysmorphie financière ?

Le phénomène se produit lorsque les individus n’arrivent pas à évaluer avec précision leur situation pécuniaire, ce qui se traduit notamment par le sentiment d'être « en retard » financièrement. D'après Credit Karma, 29 % des Américains seraient concernés, un taux qui monterait à 43% au sein de la génération Z, et chuterait à 14% chez les plus de 59 ans. Un tiers des personnes visées par la dysmorphie financière déclarent bénéficier de plus de 10 000 dollars d’économies, et 23 % de plus de 30 000 dollars : des sommes bien supérieures au montant médian de l’épargne nationale, qui oscille autour de 5 300 dollars. « La dysmorphie financière pourrait être alimentée par l’obsession des gens d’être riches à une époque où l’être semble de plus en plus hors de portée », avance Credit Karma.

En effet, un Américain sur deux gagnant plus de 100 000 dollars annuels aurait aussi le sentiment de vivre « d'une paie à l'autre. » En aout dernier, 25 % des 1 000 personnes interrogées par Bloomberg et gagnant au moins 175 000 dollars par an, se décrivaient comme « très pauvres » , ou « pauvres », précisant qu'ils « s'en sortent », mais que « les choses sont difficiles ». C'est encore plus vrai pour les millennials : une enquête du mois dernier montre qu'ils pensent avoir besoin d'un salaire annuel de 525 000 dollars pour être heureux, soit quatre fois plus que les autres générations.

Argent et biais de perception

Cette altération de la perception ne se cantonne pas aux revenus. Comme le rappelait récemment la newsletter TTSO, les Français évaluent l'inflation à 18%, soit un taux 4 fois supérieur à celui quantifié par l'Insee. Un phénomène que l'on retrouve aussi de l'autre côté de l'Atlantique. Le New York Times observe que les électeurs américains, qui identifient la hausse des prix comme leur principale source d'inquiétude, ne reconnaissant pas la baisse du taux d'inflation. Même constat en Italie, où l'indice des prix est pourtant stable, au-dessous des 2%. « Au moins deux biais de perception expliquent ce phénomène. D’abord, l’aversion à la perte : nous sommes plus sensibles aux prix qui augmentent qu’à ceux qui baissent (comme les forfaits mobiles ou les produits technologiques). Et surtout, le biais de disponibilité : notre perception sur-pondère les achats fréquents, principalement l’alimentaire et l’essence, qui (même si c’est plus pour les ménages modestes) ne représentent, ensemble, que 20% du budget moyen », explique TTSO.

Laure Coromines

Laure Coromines

Je parle des choses que les gens font sur Internet et dans la vraie vie. Fan de mumblecore movies, de jolies montagnes et de lolcats.

Discutez en temps réel, anonymement et en privé, avec une autre personne inspirée par cet article.

Viens on en parle !
commentaires

Participer à la conversation

  1. Avatar Anonyme dit :

    C'est loin d'être vrai que "Un Américain sur deux gagnant plus de 100 000 dollars annuels"... il faut être précise quand même...

Laisser un commentaire