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DINKs, HIFIs, ALICEs, les nouveaux mots de l'hyperconsommation

Ils dépensent un peu, beaucoup, à la folie, ou pas du tout. Voilà comment le dire à l’aide d’acronymes cryptiques.

Comment qualifier l’envie irrépressible de dépenser sans compter ou de mener de drastiques économies ? Présentation d’un lexique pas encore entré dans le dictionnaire.

Les nouvelles tribus

Les HIFIs : Pour High Income, Financially Insecure. Le néologisme désigne les individus jouissant d'un salaire élevé (a priori, pas de problèmes pour eux) mais souffrant d'une angoisse et d'une inquiétude diffuses, qui les conduit à dépenser sans compter, dans une sorte de frénésie. 

Les DINKs : Pour Dual Income No Kids. Ces couples hédonistes gagnent très bien leur vie, d’autant plus qu’ils ne gaspillent pas un centime à élever des enfants. Ils peuvent donc dépenser pour assouvir leurs passions en tous genres : vacances à Marrakech, élevage de petits chiens de luxe, café de spécialité et décoration de cuisine. 

Les HENRYs : Pour High Earners Not Rich Yet. Ils gagnent un salaire plus que confortable, mais ne sont pas encore considérés comme riches, faute d’investissement immobilier ou de portefeuille d’actions astucieux. 

Les ALICEs : Pour Asset-Limited, Income-Constrained, and Employed. En un mot, ces individus ont un emploi, mais peu de ressources. Ils galèrent à joindre les deux bouts, mais ne sont pas non plus considérés comme suffisamment pauvres pour bénéficier d’aides sociales.

Les nouveaux usages

Dysmorphie financière : Le phénomène se produit lorsqu’on peine à évaluer avec précision sa situation pécuniaire. Cela se traduit entre autres par le sentiment d'être « en retard » financièrement. D'après la société américaine Credit Karma, 29 % des Américains seraient concernés, un taux qui s’élèverait à 43 % chez les Z, et chuterait à 14 % chez les plus de 59 ans. Un tiers des personnes souffrant de dysmorphie financière déclarent bénéficier de plus de 10 000 dollars d’économies, et 23 %, de plus de 30 000 dollars : des sommes supérieures au montant médian de l’épargne nationale du pays, qui tourne autour de 5 300 dollars. « La dysmorphie financière pourrait être alimentée par l’obsession des gens d’être riches à une époque où l’être semble de plus en plus hors de portée », note Credit Karma.

Loud budgeting : C’est une pratique qui séduit ceux qui refusent de se faire avoir au moment de partager l’addition et de minauder pour faire comprendre leurs envies et besoins d’économies. Dans un contexte morose de stagnation des salaires et d'inflation galopante, le loud budgeting implique de resserrer les cordons de la bourse de manière ostentatoire. En un mot, c’est l’inverse du quiet luxury

Quiet luxury : Le terme désigne l’une des esthétiques les plus en vogue sur les réseaux, une esthétique faite de colliers de perles, de pulls en cachemire évidemment dépourvus de logo visible, de tweed, de velours côtelé et pied-de-poule, pour des silhouettes discrètement classiques et ostensiblement monochromes. Il s’agit de se distinguer des nouveaux riches, aux goûts vulgaires, en affichant une richesse indolente, mais sûre d’elle. On parle aussi volontiers d’old money (littéralement « vieil argent »), pour désigner l’argent dont on hérite de génération en génération, notamment dans le cadre de dynasties financières, industrielles ou immobilières. Pensez Paris Hilton, mais sans les paillettes. 

No buy (défi) : C’est le challenge relevé par de nombreux internautes début janvier 2024, histoire de commencer l’année sur de bonnes bases (financières). Il s’agit tout simplement de ne plus acheter (hormis le minimum vital pour subvenir à ses besoins.) Dans sa version moins radicale, le « no buy » se transforme en « low buy », une itération qui autorise une consommation récréative raisonnée, et se pratique sur une durée plus courte. Le #nospendmonth propose, par exemple, un sevrage sur trente jours. Pour réussir, chacun fixe son propre protocole et ses règles. Pour à peu près tout le monde, il s’agit de renoncer aux fringues, aux objets de déco et au maquillage. Pour d’autres, il faut aussi tirer une croix sur Netflix et Spotify. Et pour certains, il n’est même pas possible de dépenser les bons d’achat reçus pour son anniversaire. 

FIRE : C’est le mantra adopté par ceux qui aspirent à une retraite anticipée. L’expression est l’acronyme de Financial Independence, Retire Early (indépendance financière, retraite anticipée). Né aux États-Unis dans les années 1990, le mouvement défend l’adoption d’un mode de vie frugal à l’excès pour se libérer du travail.

Yolo spending : Baptisées ainsi en référence au cri de guerre des millennials, « yolo », pour you only live once (« on ne vit qu’une fois »), les « dépenses yolo » sont parfois aussi appelées « fuck it expenses », à savoir les dépenses déclenchées après que l'on arrive à une conclusion sans appel : « Et puis merde ! » Il s’agit donc de claquer sa thune en « expériences » les plus insolites et exotiques possibles : plonger dans la mer Rouge, dîner aux chandelles dans les catacombes, passer une nuit sur l’Everest.

Doom spending : C’est la version sombre des dépenses yolo. On crame toutes ses économies, pour profiter de la vie certes, mais avec la certitude que le monde touche à sa fin. 

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