
Aucun des « California sobers » ne boit d’alcool, mais tous consomment une substance qu’ils jugent moins nocive.
« J'ai décidé d'arrêter toute drogue, y compris l'alcool, à l'exception de l'herbe et des psychédéliques, pendant un an. J'appelle ça “Cali sober”. » Voilà comment la journaliste de Vice Michelle Lhooq décrivait son nouveau mode de vie en 2019. Après avoir été accro à l’alcool et aux drogues dures, elle estime que déménager en Californie a « sauvé sa peau ».
À l’origine, le terme « California sober » servait surtout à désigner un mode de vie visant à « tout arrêter sauf l'herbe ». Il a été popularisé aux États-Unis, notamment par certaines célébrités, comme les chanteurs Post Malone et Demi Lovato. Tous deux lui ont même respectivement dédié une chanson et l’ex-star de Disney a aussi largement défendu ce mode de vie dans un documentaire YouTube.
L’objectif principal des Cali sobers ? S’éloigner de l’alcool, et de ses ravages, en le remplaçant par du cannabis jugé moins nocif. Et pour cause : l’alcool peut « causer des dommages, même en petites quantités », détaille, dans un article, le média britannique The Guardian en 2022. Sa consommation excessive serait même « responsable d’environ 140 000 décès par an entre 2015 et 2019, et contribue à des maladies chroniques comme les maladies du foie, les maladies cardiaques ou les cancers ». Des risques que Lauren Brenc, Cali sober âgée de 30 ans et vivant à Topanga Canyon (Californie), a bien compris. « Cela nuisait à mon corps, à mon apparence, à mon bien-être émotionnel. Tout en souffrait », confie-t-elle au Wall Street Journal.
Le cannabis, la substance miracle ?
Pourtant, si l’alcool a été largement étudié dans les milieux scientifiques depuis des décennies, ce n’est pas le cas d’autres substances qui font, quant à elles, l’objet de peu de recherches. Certains experts, comme Jeff Chen, médecin, scientifique et ancien directeur du Centre pour le cannabis et les cannabinoïdes de l'UCLA (Los Angeles), affirment que l'usage récréatif du cannabis peut être moins nocif physiquement et moins addictif que l'alcool.
Mais d’autres sont plus mesurés. Dans The Guardian, les spécialistes interrogés déconseillent de consommer de l’herbe pour se sevrer ou pour remplacer l’alcool lorsque l’on souffre d’un trouble lié à la toxicomanie. Et pour cause : le cannabis a, lui aussi, des effets négatifs non négligeables.
Une surconsommation peut ainsi entraîner de l’anxiété extrême, des vomissements et une hypotension artérielle, voire des lésions pulmonaires, des problèmes cardiaques, des cancers ou des troubles cognitifs (concernant la mémoire et les capacités psychomotrices). D’importants dégâts sur le développement du cerveau peuvent également toucher les fumeurs de moins de 25 ans.
« Sobre, sobre, c'est la seule façon d'être »
Ces dernières années, certains adeptes redéfinissent donc ce mode de vie en remplaçant, cette fois, le cannabis par des psychédéliques. D’abord par des champignons et du LSD, puis plus récemment par de la kétamine… Ces psychédéliques font aussi l’objet de recherches scientifiques – toujours moins nombreuses que celles concernant l’alcool –, et leurs effets à long terme sont donc peu connus.
Si les psychédéliques, comme les champignons et le LSD, sont considérés comme non addictifs, la kétamine, dont la consommation est dangereusement en hausse, comme au Royaume-Uni où elle a triplé depuis 2016, est quant à elle décriée. Devenue l’une des substances non autorisées pour soigner des problèmes de santé mentale – elle est par exemple utilisée par Elon Musk contre sa dépression –, la kétamine présenterait pourtant des risques importants pour la santé. Les experts recommandent ainsi d'être prudent quant à ses effets à long terme sur la santé mentale, en particulier chez les adolescents et les personnes ayant des antécédents de troubles psychotiques.
Alors, plutôt Cali sober, sobre curieux ou sobre tout court ? Demi Lovato a fait son choix fin 2021. La chanteuse a déclaré publiquement sur Instagram ne plus être Cali sober, après avoir affirmé ne plus supporter ce mode de vie. Elle a même clamé haut et fort « sobre, sobre, c'est la seule façon d'être » .
La ketamine est autorisée partout mais son usage est réglementé suivant les pays. Elle est utilisée dans de nombreux pays (comme l’Espagne en clinique privée) pour soigner la dépression. En France, du à son usage réglementé, elle n’est utilisée qu’à l’hôpital, pour soigner des dépressions sévères et résistantes.