Mariages en déclin : quand vivre solo devient plus désirable qu'en duo

Mariages en chute libre, célibat en hausse, cohabitation en vogue : les relations de couple sont en pleine mutation.

Le modèle du couple classique vacille, mais pas nécessairement par manque d’amour. Entre instabilité économique, nouvelles valeurs et influence des réseaux sociaux, les codes du couple se redéfinissent. Moins de bagues, plus de cohabitation, une indépendance revendiquée : et si le vrai romantisme, c’était justement de ne plus avoir besoin de se marier ?

Les hommes sont-ils trop pauvres pour attirer les femmes ?

En 1980, on célébrait 10,6 mariages pour 1 000 Américains. En 2022, ce chiffre est tombé à 6,2. Pour expliquer ce déclin, certains chercheurs, à l'image de Lymon Stone de l'Institut Families Studies ou Daniel T. Lichter, PhD, de l'Université Cornell avancent une hypothèse : les hommes seraient moins séduisants économiquement parlant. « La plupart des Américaines espèrent se marier, mais les pénuries actuelles d'hommes épousables - des hommes ayant un emploi stable et un bon revenu - rendent cela de plus en plus difficile, en particulier dans l'économie actuelle des emplois de service peu rémunérés et instables. Le mariage est toujours fondé sur l'amour, mais c'est aussi fondamentalement une transaction économique. Beaucoup de jeunes hommes d'aujourd'hui n'ont pas grand-chose à apporter au contrat de mariage, d'autant plus que le niveau d'instruction des jeunes femmes dépasse en moyenne celui de leurs prétendants masculins. » Indépendantes financièrement, les femmes préfèreraient rester seules.

L'union libre n'est plus tabou

Parmi les autres facteurs explicatifs : l'évolution du regard sur les couples non mariés. Ainsi, le mariage, autrefois perçu comme une obligation sociale et symbole de stabilité du couple, serait désormais une option parmi d'autres. C'est ce que pense 69 % des Américains qui estiment qu’un couple peut vivre ensemble sans se marier. Entre 2002 et 2017, la proportion d’Américains âgés de 18 à 44 ans ayant déjà vécu en couple sans être mariés est passée de 52 % à 59 %. Alors que les anciennes générations suivaient des parcours plus normés, les nouvelles générations privilégieraient l'union libre ou la cohabitation pour tester leur relation avant un éventuel engagement officiel... ou pas. Toutefois, si le mariage s'impose de moins en moins comme une étape obligatoire, il reste influencé par des facteurs culturels et religieux. Ainsi, 74 % des catholiques considèrent l'union libre comme une option acceptable, tandis que seuls 35 % des protestants évangéliques blancs partagent cet avis.

Baisse des mariages : une tendance mondiale

Le mariage ne séduit plus les Américains mais qu'en est-il ailleurs ? En Europe, le taux de mariage a diminué de près de 50 %, passant de 8 pour 1 000 personnes en 1964 à 4,2 en 2022. Mais, selon le Financial Times, le déclin du couple ne serait pas qu'un phénomène « occidental ». À titre d'exemple, en Iran, le nombre de mariages annuels a chuté de 40 % en dix ans, passant de près de 800 000 à 480 000. Comment expliquer ce phénomène dans des pays où les autorités religieuses régissent les sociétés ? Selon le média, plus les femmes sont exposées aux médias occidentaux, plus leurs attentes en matière de vie personnelle évoluent. Grâce à TikTok ou Instagram, les jeunes femmes aspireraient davantage à l’indépendance via une carrière, plutôt qu’à la dépendance ou à la perte de liberté qu’un mariage pourrait impliquer.

Vivre solo : le choix de la liberté

Si le mariage séduit moins, le célibat en revanche s'affirme comme une tendance sociétale, soutenue par des évolutions culturelles, économiques et technologiques. Aux États-Unis, près de la moitié des adultes sont célibataires, et parmi eux, 50 % ne cherchent pas activement de partenaire. En France, une enquête de 2022 révélait que 28 % des Français apprécient leur statut de célibataire. Dans le monde arabe, l'Algérie affiche quant à elle un taux de célibat de 50 %, tandis que le Liban atteint 85 %. Des chiffres qui illustrent une mutation des normes sociales : le célibat n’est plus un accident de parcours, mais un choix de vie, synonyme d'épanouissement personnel et de liberté.

Moins de mariages… mais aussi moins de divorces

Si les mariages se font plus rares, ceux qui se marient aujourd’hui divorcent moins. Rien de surprenant à cela puisque non seulement le mariage résulte de plus en plus d'une décision murement réfléchie, mais aussi parce que se passer la bague au doigt est davantage le fruit d’un choix individuel qu'une obligation sociale.