
Actuellement en prison, la plus connectée des influenceuses continue de susciter l'amour et le manque de ses followers.
« Tu me manques », « j’ai besoin de toi », « je t’aime ma sœur », depuis quelques jours, une multitude de déclarations d’amour adressées à l’influenceuse Poupette Kenza apparaissent sur les réseaux sociaux. La raison ? L’incarcération jugée injuste de Poupette, la reine de Snapchat, pour tentative d’extorsion en bande organisée et association de malfaiteurs. Elle est accusée d'avoir tenté de soutirer 350 000 euros à une ancienne collaboratrice, par l'intermédiaire d'un homme de main qui a usé de moyens de surveillance illégaux et de menaces à l'aide d'explosifs. Elle risque jusqu'à 20 ans de prison et une amende de 150 000 euros. Du conte de fées au cauchemar, comment cette figure populaire s’est-elle transformée en martyre d’Internet ?
La dramatique saga Poupette
Appréciée ou détestée, l’influenceuse rouennaise Kenza Benchrif, pop star de Snapchat, est une figure emblématique d’Internet. Réputée pour les révélations sans filtre de sa vie la plus intime qu'elle livre à son 1,3 million d’abonnés, cette jeune femme au foyer alimente débats et polémiques depuis 2019. À la demande de sa communauté majoritairement féminine et jeune, Poupette partage son quotidien ordinaire, allant de l’éducation de ses enfants à sa condition d’épouse à Dubaï. Le moindre détail est diffusé dans des centaines de vidéos qu’elle poste chaque jour sur Snapchat. Néanmoins, son succès ne repose pas uniquement sur l’image idéalisée de sa famille, mais sur l'exposition continue de ses querelles et scandales personnels.
Vis ma vie de mème
Les évènements comme la tromperie présumée de son mari, l'hospitalisation de son enfant, les complications de sa grossesse et ses anciens discours antisémites sont diffusés par Poupette dans des vidéos où ses réactions de détresse deviennent un spectacle. Ses pleurs et ses cris sont souvent détournés en mèmes humoristiques et moqueurs par les internautes. Dans la droite ligne du « hate watching », cette popularité plus ou moins négative lui rapporte beaucoup. Depuis l’été dernier, elle n'a fait qu’augmenter, avec une croissance d'abonnés estimée en 2024 à 15,8 %, contre 0,05 % pour les comptes d’influenceuses similaires, d'après le site de veille de l'influence HypeAuditor. Absurdement dramatique, la vie de Poupette fascine l'audience tout en lui apportant une forme de réconfort.
Poupette, la nouvelle drogue des internautes
Depuis sa mise en examen et sa mise en détention provisoire le 11 juillet dernier pour tentative d’extorsion en bande organisée et association de malfaiteurs, les canaux de Poupette ne sont plus mis à jour. En parallèle du silence imposé par l’influenceuse enceinte et ses proches sur cette lourde affaire, l’opinion publique continue à être mitigée. Les pros et anti Poupette débutent une guerre des vérités à base de fake news et rumeurs, tandis que les followers les plus fidèles laissent entrevoir des premiers signes inquiétants de dépendance. Telle une héroïne, Poupette est soutenue comme la victime d’un système oppressif et déshumanisé, malgré les lourdes charges qui pèsent sur elle.
Via les hashtags #FreePoupette et #LibererPoupette, qui pullulent sous ses publications Instagram et TikTok, les fidèles manifestent leur empathie, leur nostalgie voire leur carence vis-à-vis de cette proche absente. Ce mouvement d’amour peut paraître positif et inattendu, mais il est davantage l’expression de conséquences vis-à-vis d’une relation fictive et déséquilibrée entre abonné et influenceur. Cette réaction, nourrie par une habitude au voyeurisme et un lien émotionnel extrême, est décrite par De Bérail, docteur en psychologie spécialiste de la relation parasociale, comme le « celebrity worshipping » ou « l’adoration des célébrités ». Cette « amitié parasociale » est imposée inconsciemment aux abonnés par une overdose de vidéos, une aliénation par l’émotion et une culpabilisation en cas de coupure définitive avec Poupette. Les internautes sont alors emprisonnés dans leur propre prison mentale en attendant un nouvel épisode de la saga.
Donc on résume : regarder une énergumène incapable d’aligner 2 phrases sans faire référence à la religion à un supposé vengeur suprême serait une sorte de drogue tellement addictive que ses moutonnes-suiveuses seraient en manque ?? Mais ce n’est lus possible de continuer à nourrir cela. On ne peut définitivement pas sauver tout le monde, là c’est grave, très très grave même. #NeSauvezPasPoupette
Tout est dit!🙌
Perpette Kenza. Au moins, elle a un mari solidaire, lui aussi est en cabane.