hack pollock moma

Des artistes ont hacké le MoMa

Pour lutter contre l’élitisme culturel, le collectif d’artistes-activistes « MoMar » a transformé la salle Jackson Pollock du musée en un happening en réalité augmentée, le tout sans permission (ni représailles) de la part de l’institution.

Le 2 mars dernier au Musée d’Art Moderne de New York, 8 artistes numériques présentaient, sous le manteau, leur toute première exposition « Hello, we’re from the Internet », une guérilla artistique d’un nouveau genre au sein de laquelle sept peintures de Jackson Pollock se sont faites pirater par des œuvres en réalité augmentée. A l’origine de la performance, le collectif à but non lucratif MoMar, une galerie immatérielle et non privatisée dont l’objectif est de démocratiser les espaces d’exposition physique et plus généralement l’art.

pollock réalité augmentée moma

En téléchargeant l’application MoMar, tout visiteur en possession d’un smartphone pouvait assister en direct au hack de la salle. Deux heures avant sa fermeture, le collectif a investi le 5ème étage du musée en incitant le public à participer à l’expérience. Et ceux qui s’attendaient à se frotter à de l’expressionnisme abstrait ont été bien surpris...
Interactive, la performance enjoignait les visiteurs à prendre possession des œuvres en jouant directement dessus ou en y superposant des GIFS, comme celui qui fusionnant les visages de Jackson Pollock et d’Ed Harris, l’acteur ayant interprété le rôle de l’artiste dans le film éponyme. Dans la tête de son créateur, Damjanski, la volonté de vulgariser et de faciliter la reconnaissance de figures artistiques. En regardant la film « Pollock », il explique s’être rendu compte de l’influence du cinéma sur la mémoire collective et historique des spectateurs.

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« J'ai commencé à questionner la valeur de la représentation et ai exprimé cette pensée via le personnage hybride de Jackson Pollock et d’Ed Harris. Il vient interroger les limites entre le fait et la fiction, entre ce qui est perçu comme "réel "et" faux ". », explique-t-il à Motherboard. Une façon, aussi, de faire un pied de nez aux explications parfois pompeuses et incompréhensibles des musées au sujet de leurs œuvres.

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Sur son site, le « MoMar » explique et justifie sa démarche. « Comme avec n'importe quel établissement - que ce soit les médias, l'Église ou le gouvernement - les galeries avec le plus de moyens sont canonisées, à tel point que le public est réduit à un statut d'observateur passif. », peut-on y lire. « S’il faut comprendre que l'art retranscrit la pleine mesure de notre culture, il faut aussi reconnaître qu'il est détenu, valorisé et défini par l'élite. Il faut enfin admettre que le terme "ouvert au public" n'est pas une invitation, mais plutôt une assertion de valeurs, des valeurs qui ne sont pas les nôtres. » Bim.

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Selon le groupe, l'acte d'ouvrir des espaces au public est intrinsèquement contradictoire puisque c’est cette même élite qui y sélectionne les œuvres. Et pour faire dans le jusqu’au-boutisme, l’application du MoMar est disponible en open source et s’accompagne d’un PDF d’instructions permettant à quiconque de modifier les œuvres du collectif, même sans aucune expérience en code !

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D’un point de vue légal vis-à-vis du MoMa, le collectif ne se sent pas en danger et déclare ne pas avoir peur des représailles. À juste titre si l'on considère qu’aucune toile n’a été endommagée ? Pour l’heure, l'institution ne semble pas s’être exprimée publiquement sur le sujet.

Margaux Dussert

Diplômée en marketing et publicité à l’ISCOM après une Hypokhâgne, Margaux Dussert a rejoint L’ADN en 2017. Elle est en charge des sujets liés à la culture et la créativité.
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